Chapitre 5 - Soirée

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D'habitude, c'était plutôt le rôle de Chuuya de finir ivre après une soirée dans un bar. Mais pas cette fois, ironiquement.

En l'espace de quasiment trois mois de transactions, Midorime en avait autant appris sur le jeune mafieux qu'elle en savait sur le Département. Autrement dit, elle avait pris connaissance de sa fâcheuse tendance alcoolique. Et, évidemment, en se rendant au café-bar où il l'avait invité, la blonde avait su jouer avec ses nerfs et le faire promettre de ne pas toucher à une seule goutte d'alcool de la soirée. Le tout reposant sur un simple pari qui lui coûterait juste deux billets de 10 000 yens.
Alors si le rouquin avait su se retenir, la sans-abri n'avait pas - mais alors pas du tout - lésiné sur la boisson. Autant en profiter, après tout, ce n'était pas elle qui payait. Et puis, elle avait tellement peu l'occasion de goûter des crus de cette qualité... elle ne voulait rien laisser.

Mais, a contrario de Chuuya qui buvait souvent, son corps n'était tout simplement pas habitué à ingérer une telle quantité d'alcool. Si certains finissaient ivres au bout de deux verres, elle avait tenu jusqu'au cinquième.
Pour la suite, ça n'avait fait qu'empirer.

Voilà comment l'exécutif de la Mafia s'était retrouvé, en pleine nuit, à essayer tant bien que mal de soutenir Midorime.
Ils étaient sortis du bar depuis un moment, chacun étant censé rentrer chez lui.
Mais, évidemment, la jeune femme n'avait pas de domicile.

- Mino, sérieux, tu n'as pas un endroit où tu dors, d'habitude ?

C'était peine perdue. La blonde lui répondit par un large sourire narquois et pointa le ciel du doigt, tout en fixant le regard océan du mafieux.

- Tu sais que t'as des étoiles dans les yeux, Chiisai ?

- Euh, non. Merci pour l'info. Maintenant réponds-moi. ET MARCHE DROIT !

La différence de taille n'aidait pas Chuuya quand il était question de porter la jeune femme. Ce n'étaient que cinq centimètres, pourtant.

- Tu ne m'avais pas dit que tu dormais dans des hôtels, parfois ?

Aucune réponse, si ce n'était un gloussement moqueur.
Le rouquin poussa un soupir d'exaspération. Au vu du comportement de Midorime, il hésitait à la laisser en plan dans les quartiers pauvres et de lui dire de se débrouiller. Mais d'un côté, laisser une jeune femme ivre et seule dans ce genre d'endroits malfamés... c'était loin d'être une bonne idée. Il suffisait qu'un homme un peu trop désespéré passe dans le coin pour se ruer sur une victime sans défense, et la souiller de la pire des façons.
Surtout que, rien qu'en y pensant, Chuuya se sentirait trop coupable s'il arrivait quoi que ce soit à l'informatrice.

Il ne restait donc qu'une solution.
Et même si le capitaine aurait voulu trouver une autre alternative, il dut s'y résigner.
Une jeune femme bourrée sur les épaules, il prit le chemin de sa maison.

.

.

- Enfin arrivés ! S'exclama Chuuya, à bout de force.

Il en avait vu de toutes les couleurs dans sa vie, et ses missions à la Mafia lui demandaient bien plus d'efforts que ça. Mais pour le coup, transporter une jeune femme ivre sur quasiment un kilomètre avait été une rude épreuve.
Le pire dans toute cette histoire, c'est qu'en arrivant près des quartiers de la Mafia Portuaire, le rouquin avait croisé par malchance Higuchi, une de ses subordonnées, qui l'avait fixé avec des yeux ronds en voyant son accompagnatrice.
Disons que ramener chez soi une femme sans défense aux allures de sans abri, le tout avec l'air de vouloir éviter le plus de monde possible, était assez suspect.
Chuuya avait fui toute responsabilité en lançant un regard noir à la mafieuse, et se dirigeant à grandes enjambées vers son domicile.

Pour tes beaux yeux, je ne chanterai pas - BSDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant