Pour tes beaux yeux, je ne chanterai pas - BSD

Chapitre 21 - Corruption

- Nous avons de la visite, on dirait.

Les couloirs de la Mafia étaient grands et sombres. Sans y avoir passé du temps, c'était dur de s'y retrouver. Midorime ne connaissait pas le chemin jusqu'au quartier médical, et elle aurait facilement pu se perdre. Par chance, la route était bien marquée par les traces d'un combat violent et sanglant. Des pointes de glace perforaient le mur, aussi tranchantes que des aiguilles, et recouvertes d'un liquide écarlate. Le pouvoir d'Andersen ne semblait que plus effrayant de cette manière.
Mais celui de Chuuya allait-il se montrer assez puissant ?

Les poumons en feu, la jeune femme avait atteint sa destination après ce qui lui semblait être une éternité. Elle s'était figée à l'entrée d'une vaste pièce, qui débouchait sur plusieurs autres couloirs. La morgue ne devait pas être très loin.
Ironiquement, ce fut sa propre souffrance qui la protégea d'une mort certaine : elle dut dégager sa gorge d'un afflux de sang au risque de s'étouffer. S'arrêtant brusquement pour tousser, elle esquiva de peu une salve de cristaux tranchants. C'est à ce moment que leur ennemi la remarqua, faisant part de sa présence à l'exécutif.

- A deux contre un, ce n'est pas très équitable, marmonna le grisonnant.

Sur ces mots, Chuuya se retourna et planta son regard océan dans les yeux de la blonde.
Il parut surpris, et soudain inquiet en la voyant cracher du sang sans retenue.
Mais lui ne semblait pas vraiment mieux.
Plus mince que celui de Midorime, un filet écarlate coulait entre ses lèvres. Ses cheveux en pagaille étaient parsemés de tâches rougeâtres, contrastant avec sa couleur rousse orangée. Et pour couronner le tout, il titubait légèrement, plaquant sa main droite sur son flanc gauche. Ses vêtements étaient déchirés à cet endroit, et une plaie béante baignait sa peau de sang. Il avait dû frôler l'empalement avec les piques de glace du couloir précédent.
Evidemment, Andersen n'hésita pas à insister sur ce léger détail.

- Enfin, vu votre état, je pense que cela revient à combattre un seul individu...

- Qu'est-ce que tu fous ici Mino... Prononça le rouquin en lui lançant un regard noir.

- Je viens t'aider, ça ne se voit pas ? Et je crois que j'ai bien fait...

Le capitaine s'apprêta à lui faire remarquer qu'elle n'était pas en condition pour ça, mais il n'était pas vraiment mieux placé. Il se contenta d'un grognement sourd, évitant une nouvelle attaque brusquement.

Le Danois avait l'habilité de manipuler la glace à sa guise, de l'étendre sur le sol, les vitres, de refroidir l'air et de faire tomber la neige. En bref, un pouvoir qui ne ferait pas long feu face à la gravité de Chuuya. Mais le plus âgé, restant en retrait sans bouger un seul doigt, laissait son fantôme de givre combattre à sa place.
Et c'était un redoutable adversaire, se dissociant pour éviter les coups, lançant des lames cristallines et tranchantes, et gelant le sang de ses ennemis.
La matérialisation de Gerda était une vraie plaie, et sans mauvais jeu de mot.

Si le roux avait une habilité offensive, Midorime se sentait incapable de jouer un morceau après avoir chanté. Elle se trouvait bien inutile sur le coup.
Mais, se joignant au combat, elle choisit de viser directement la cible principale. Kôyô ne lui avait pas donné une arme blanche pour rien.
Mais Andersen n'était pas dupe.

- Pourquoi se défendre de façon si traditionnelle alors que l'on possède une faculté si fascinante ? Déclara-t-il sur un ton las, parant l'attaque de la jeune femme.

- Depuis quand vous savez que j'en ai une ? Répliqua cette dernière avec sarcasme.

- J'ai senti que mes Damnés perdaient peu à peu la vie d'une façon bien étrange. Je suis persuadé que c'est de votre main. Êtes-vous trop faible pour l'utiliser ? Dit-il alors qu'un souffle glacé frôlait les lèvres de l'informatrice.