Il était tôt.
Chuuya n'avait pas fermé l'œil de la nuit, obligé de partir à droite à gauche pour poursuivre des fauteurs de trouble. Il les avait eus sans soucis, dans un entrepôt. Si son pouvoir avait fait la plupart du travail, le rouquin avait fait attention à éliminer leur chef en bonne et due forme - avec trois balles dans la poitrine et sa mâchoire brisée.
Toutefois, alors qu'il pensait en avoir fini avec ces quelques cibles, une inconnue s'était pointée. Il ne savait ni son nom, ni son âge, ni son métier, mais avec ses cheveux blonds sales, elle devait être une sans-abri.Mais une sans abri qui avait le culot de venir sur le territoire de la Mafia sans arme. Et de provoquer un capitaine, qui plus est.
Heureusement pour elle, elle était partie avant que leur discussion ne dérape au carnage.
Mais Chuuya aurait bien voulu l'étriper.
Il n'arrivait pas à se la sortir de la tête.Et ça, Mori semblait l'avoir remarqué.
- Tu as l'air frustré, Chuuya. La mission s'est bien déroulée ?
L'interpellé mit un temps avant de répondre.
Il ne pensait pas que cette conversation avec une inconnue le mettrait autant en rogne.
Mais il devait l'avouer, il sentait ses traits tirés, et un simple coup d'œil vers la baie vitrée de la pièce lui montrait que son irritation était loin d'être partie. Et impossible de dissimuler ses sentiments.- N-non. Enfin si ! Tout s'est très bien passé, j'ai suivi vos ordres à la lettre, répondit-il.
La preuve en était le rapport qu'il venait tout juste de poser sur le bureau de son interlocuteur.
Ce dernier n'y avait pas touché pour le moment, mais il s'intéressait davantage à l'étrange comportement de son capitaine. Pas qu'il s'inquiétait, ce n'était pas le genre de Mori. Il se doutait juste qu'il s'était passé quelque chose que le rouquin ne semblait pas vouloir dire.- Et qu'est-ce qui explique une telle expression alors ?
Chuuya poussa un soupir, détournant le regard. Il préférait choisir ses mots avec précaution. Surtout qu'il avait quand même laissé un témoin en vie. Ce qu'il n'était pas censé faire. Et il appréhendait la réaction de son boss.
- J'ai eu une légère altercation avec une sans-abri, dans l'entrepôt. Rien de plus.
- Dans l'entrepôt ? Elle t'a vu éliminer tes cibles ? Et tu l'as laissé partir ?
Les mains jointes, Mori transperça son subordonné de son regard grenat. Ce dernier articula un "oui" hésitant, préférant dire la vérité plutôt que de mentir au Parrain.
Toutefois, si le brun prit une grande inspiration en fermant les yeux, prêt à punir le roux pour ne pas avoir respecté ses ordres à la lettre, il déclara :- Une sans-abri, tu dis ? Sur notre territoire ?
- ... Oui.
- Quelle audace... marmonna le Parrain. Par hasard... aurait-elle des cheveux blonds et des yeux verts ?
- ... Je n'ai pas vu ses yeux, il faisait trop noir. Mais elle était blonde, oui. Coiffés en tresses, je crois.
Mori changea subitement d'expression, satisfait de cette réponse. Il esquissa un étrange sourire, presque joyeux, avant de déclarer le plus naturellement possible :
- Oh, mais tu as croisé Midorime, alors.
Un temps de silence où Chuuya cligna des yeux rapidement, plongé dans l'incompréhension.
- ... Vous la connaissez ?
- Plus ou moins. C'est une très bonne informatrice. Elle m'est très utile, même si elle ne fait pas partie de la Mafia. Elle se promène parfois sur le port, mais elle sait qu'elle ne risque rien.
- Une informatrice ? Elle ?
- Saches que tu n'aurais pas su où aller chercher les hommes d'hier sans ses services.
Le rouquin grommela dans sa barbe. Il avait l'impression de devoir lui en être reconnaissant, mais sa première "discussion" avec elle lui avait donné une mauvaise impression. Il n'avait aucune envie de respecter une fille qui l'avait traité de nain sans le connaître.
Et encore moins de lui devoir quelque chose.Aussi, dans un silence, il tourna les talons, redressant son chapeau sur sa tête.
L'histoire de cette jeune femme ne le concernait pas plus que ça. S'il avait entendu parler d'elle aujourd'hui, il comptait bien éviter du mieux que possible de la recroiser. Ou même de penser à elle. Ils n'avaient strictement rien à faire ensemble, et ce n'était pas le moment de se préoccuper d'une informatrice dont il venait à peine d'apprendre l'existence.Mais le Parrain de la Mafia Portuaire arrêta Chuuya dans son élan.
- Maintenant que j'y pense... J'ai une nouvelle mission pour toi, Chuuya.
Le roux se retourna, d'abord surpris, mais évita de pousser un soupir exaspéré devant son boss.
Il l'écouta attentivement, prêt à repartir sur une quelconque affaire de dernière minute. Mais ce n'était pas tout à fait le genre de mission qu'il attendait.- Des rumeurs circulent, sur Midorime. Certains disent qu'elle serait une détentrice de pouvoir formidable.
- Et... c'est quoi, son pouvoir ?
- Justement. Elle m'a confirmé ces rumeurs en personne. Pour le reste, j'ignore tout de son habilité. Mais puisque tu l'as rencontrée...
Mori se leva de son siège, et s'avança vers la grande baie vitrée. Il posa ses yeux sur les immeubles, en contrebas, éclairés par la lumière de l'aube.
- ... C'est toi qui iras aux rendez-vous hebdomadaires pour récupérer les informations. Tu te rapprocheras d'elle, suffisamment pour qu'elle t'accorde sa confiance... et qu'elle te dise en quoi consiste son habilité.
Le capitaine n'en revenait pas.
C'était bien la première fois qu'on lui donnait ce genre de mission. Il se doutait que son boss se moquait de lui, car il avait très bien compris qu'il ne portait pas cette Midorime dans son cœur. Mais un ordre restait un ordre.
Toutefois, Mori n'avait pas fini.- Une fois que tu sauras en quoi consiste son pouvoir, tu lui demanderas de rejoindre la Mafia. Je préfère la voir sous mes ordres plutôt que de communiquer des informations à nos ennemis.
D'abord hésitant, le jeune mafieux finit par poser sa question :
- Et si elle refuse ?
Mori resta un moment plongé dans le silence. Il finit par répondre, un étrange sourire aux lèvres :
- Tu la tueras. Je sais que le département est un de ses clients, et bien qu'elle nous aide, elle risque de devenir dangereuse sur le long terme. Elle en sait trop sur la Mafia.
- Mais... vous n'aviez pas dit qu'elle vous était utile ?
- Oui, elle m'est utile...
Le brun orienta ses iris grenat vers son subordonné. Son sourire en devint presque malsain lorsqu'il rehaussa le coin de ses lèvres.
- ... Mais pas indispensable.
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Tout d'abord, je dis un grand bravo à tous les terminales pour leur épreuve de philo ! Je sais pas si vous l'avez réussie, mais j'ai confiance en vous x)
(Perso c'est le français demain et je sens ça va tomber sur littérature d'idée-)Ya pas de suite en fait, je sais pas pourquoi j'ai dit tout d'abord.
Eh bien, du coup, à la semaine prochaine ! (Depuis vos commentaires j'ai très envie de passer à deux chapitres par semaine, sachant que si je garde le rythme actuel, la publication se terminera que en novembre-)
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Pour tes beaux yeux, je ne chanterai pas - BSD
Fanfiction❝ Rejoins la Mafia. Je ne te le demanderai pas une troisième fois, la coupa-t-il, incapable de l'entendre négocier. - Et tu me menaces pour que j'accepte- - J'ai pour ordre de te tuer si tu refuses. ❞ - Chuuya Nakahara et Midorime Noriaki Mid...