Chapitre 19 - Damnation

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Il suffisait de peu pour engendrer une catastrophe.
Tous le savaient.

Le Parrain de la Mafia Portuaire avait failli être empoisonné.
Par chance, l'intervention de Midorime l'avait sauvé in extremis d'une mort certaine et prématurée. La personne qui avait innocemment amené sa collation à Mori avait été exécuté sans attendre, par la fine lame d'un scalpel.
Son sang imprégnait toujours le somptueux tapis de velours du bureau du Parrain.
Mais la suite avait été pire.

Les informations obtenues par la blonde posaient un sérieux problème.
Premièrement, un certain nombre de mafieux s'avéraient être des traitres à la botte de Shitokutsuu.
Et deuxièmement, une offensive avait été prévue depuis belle lurette contre le Mafia.

Ce fut dans le chaos et une atroce migraine que la jeune femme dut s'expliquer auprès de ses deux supérieurs et de son partenaire, alors qu'une goutte de sueur froide coulait le long de sa nuque.
Si Mori avait un tant soit peu fléchi face à tous ces nouveaux problèmes, il n'avait pas affiché la moindre trace d'inquiétude sur son visage. Il se devait de rester impassible pour préserver son image.
Il s'était contenté de réfléchir à toute vitesse et de donner ses ordres à chacune de ses troupes.

Lui, Kôyô, et Midorime resterait ensemble pour éliminer les traitres, faire le "ménage" dans le quartier général, tandis que les Lézards Noirs, séparés en trois groupes, se posteraient sur le port pour défendre le territoire. D'après l'informatrice, seul le bloc médical devait être l'objet d'une attaque. Mais il était préférable de se préparer au pire.
Ce fut Chuuya qui dut défendre avec ses hommes la cible de Shitokutsuu. Suivi de près par Akutagawa et Higuchi, il s'était retrouvé avec Rintaro sur les bras. Leur groupe devait être assez puissant pour en finir pour de bon.
N'est-ce pas ?

- Donc ceux qu'il faut attaquer, c'est les gars avec un œil gelé, c'est ça ? Résuma le rouquin alors qu'il courrait à en perdre haleine dans les sous-sols de la ville.

C'était le moyen le plus rapide de se rendre dans le bloc médical. Il était plus éloigné du QG, et assez loin du centre-ville. Le capitaine, suivit par un groupe d'hommes en costume, approchait de sa destination. Il allait déboucher sur une entrée secrète lorsque Rintaro lui répondit.

- D'après Midorime, oui. Ils sont faciles à reconnaître.

Le roux leva les yeux au ciel et poussa un grognement non dissimulé suite à ces mots. Le pauvre bourreau ne savait pas ce qu'il avait dit de mal, mais il espéra que l'exécutif était juste sur les nerfs à cause de l'offensive de dernière minute.

Le groupe arriva enfin à bon port, et Chuuya entra dans les locaux non sans défoncer la porte d'un coup de pied. Il n'y avait soi-disant pas de temps à perdre.
Toujours avec une organisation hors-pair, les moins hauts placés suivirent les ordres de leur chef et se dispersèrent dans tout le bâtiment. Le bloc était relativement grand, et il fallait du monde pour en couvrir toute la surface.
Le partenaire de Midorime resta aux côtés du rouquin pour l'aider en cas de besoin. Et surtout parce que la jeune femme lui avait transmis quelques informations importantes qui pouvaient être utiles.

Ils débouchèrent à l'angle d'un couloir lorsqu'ils virent plusieurs individus vêtus de longues capes brunes. Des membres de l'organisation ennemie, facilement reconnaissables à leurs tenues d'une autre époque et à leurs yeux cristallisés.
Ce ne fut qu'une question de seconde avant que Chuuya, se propulsant à l'aide de son pouvoir, en mette à terre quatre.

Toutefois, il s'arrêta subitement dans son élan en jetant un coup d'œil à sa prochaine victime.
Si ce n'était son iris droit bleu glace, rien ne laissait supposer une trahison. Il portait un costard, une arme toute droit sortie de la réserve de la Mafia, et des lunettes aussi noires que ses cheveux remontées sur son front.
L'exécutif ne connaissait pas le nom de tous ses subordonnés - il y en avait dix fois trop - mais il savait reconnaître ses hommes.
Figé par un surplus d'émotions contradictoires, il se laissa emporter par la rage et le déni.
Non, il ne voulait pas croire que l'un des siens l'avait trahi.
"Encore une fois".

Pour tes beaux yeux, je ne chanterai pas - BSDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant