Chapitre 22 - Déclaration

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Tout était en train de brûler.
Sa gorge, ses cordes vocales, au même titre que ses poumons. L'air qu'elle inspirait ne faisait qu'alourdir son corps, comme si elle inhalait en permanence un gaz putride et mortel. Cette torture lente et silencieuse ne facilitait pas sa respiration.
Elle aurait préféré arrêter purement et simplement de chercher de l'air, mais ses muscles réclamaient de plus en plus d'oxygène.

De même, ses organes semblaient lui hurler leur souffrance à chaque seconde, dans une mélodie désagréable et douloureuse. Ses tissus déchirés étaient incapables de contenir les flots de sang qui tentaient de s'échapper. Efforts inutiles, puisque son abdomen laissait échapper goutte par goutte tout ce qu'il pouvait, formant une marre rougeâtre sur le sol sale.
Cette vague écarlate provoquait une frustration étrange, comme si on lui ôtait tout ce qu'elle avait.
Ses cinq litres de sang.
Son dernier soupir.
Son seul moyen de raisonner.

Le tout dans une mélodie macabre et frustrante.

.

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Midorime avait ouvert les yeux deux fois.

La première fois, les ténèbres semblaient l'avoir enlacée depuis longtemps. A vrai dire, elle n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé. Elle n'avait pas cherché à savoir. Ni à comprendre.
Ses paupières étaient tellement lourdes. Et son cerveau ne faisait que lui hurler de cesser de respirer. La douleur n'était pas partie, pour son plus grand malheur.
D'ailleurs, si sa conscience avait décidé de se montrer, ses yeux peinaient à rester ouvert.
Elle voyait des couleurs étranges, des formes incertaines et floues, qui bougeaient sans cesse à lui donner une forte migraine.

Elle ne pouvait même pas parler, exprimer sa détresse. Sa voix était obstruée par les brûlures.
Les flammes dansaient toujours, dans sa gorge.

Elle ne voulait pas rester dans cet état.
Elle préférait mourir.

Si elle avait l'impression d'avoir été consciente des heures durant, cela ne faisait que quelques minutes, en réalité, qu'elle avait regagné la raison.
Mais aussi vite que les formes indistinctes se mouvèrent, un souffle étranger, presque apaisant, la tira vers les ténèbres. Un silence malaisant prenait place, alors que les yeux émeraudes de la jeune femme se fermèrent, emportés par le sommeil.

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La deuxième fois, tout paraissait déjà plus clair.

Enfin, il ne fallait pas exagérer, Midorime était incapable de voir quoi que ce soit nettement. Des points noirs dansaient devant ses yeux, et les formes colorées étaient toujours présentes, mais elle pensait apercevoir des silhouettes humaines. Du moins c'est ce que son cerveau lui disait.
Et puis, elle avait envie de croire.
De croire que quelqu'un l'aidait.

En dehors de sa vision, elle réussissait à sentir ses membres. Mais elle était incapable de les bouger. Une force tentatrice, douce et sucrée, l'empêchait de faire le moindre mouvement.
Ce fut d'ailleurs elle qui tirait encore la jeune femme vers le bas, vers un sommeil profond et sans fin.

Mais avant de se rendormir, Midorime usa de toutes ses forces pour entrouvrir les lèvres. Elle voulut prononcer quelque chose, mais son cruel manque d'énergie la ramena bien vite à ses rêves.
La douleur qu'elle croyait partie se réveilla brusquement, lui saisissant la gorge et l'étranglant.

Midorime suffoqua, se sentant sur le point d'exploser.
Les silhouettes formèrent un tourbillon de blanc, de gris et de rose au-dessus d'elle, dansant au rythme d'une alarme aiguë et régulière qui ne présageait rien de bon.
Quelque chose vint se poser sur son visage, comme un masque, qui lui fit inhaler cette odeur douceâtre.

Pour tes beaux yeux, je ne chanterai pas - BSDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant