Epilogue

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Un an plus tard...

« Mesdames et messieurs, notre avion va bientôt atterrir à Montréal. Nous espérons que votre vol a été agréable et nous vous remercions d'avoir choisi notre compagnie pour votre voyage. »

Hugo rangea ses écouteurs et regroupa tous ses effets personnels. Lorsque l'engin fût totalement arrêté, il empoigna sa valise cabine avant de sortir et de rejoindre le tapis où commençaient déjà à arriver les bagages en soute. Il attendit la sienne quelques longues minutes puis se dirigea vers le hall des arrivées où la luminosité l'éblouit. Il cligna des yeux à plusieurs reprises, mais la fatigue et les huit heures de vol dans un avion sombre eurent raison de ses pupilles.

Une foule de gens attendait, pancartes en mains pour certains, impatience dans les jambes pour d'autres. Il était seul, personne ne l'attendait, mais ça ne lui déplut pas. Au fond de lui régnait une certaine plénitude, un calme profond, qu'il n'avait pas connu depuis bien trop longtemps.

Il y a un an, le procès l'opposant à Lyanna Evans avait prit fin de façon soudaine. Le juge, après avoir entendu les enregistrements de Charlène, avait congédié le jury et envoyé la lycéenne dans un centre d'aide pour personnes atteintes de problèmes psychiatriques, pour six mois minimum. Le centre devait faire un rapport chaque mois sur son évolution. Hugo, lui, avait été innocenté. Malheureusement, un procès de la sorte pour un professeur mettait sa vie professionnelle à mal. Plus aucun établissement n'avait voulu prendre le risque de travailler avec lui. Pendant des mois, l'ancien professeur s'était laissé aller, ne sortant plus de chez lui, ne prenant même plus la peine d'aérer ou de ranger. A quoi bon avoir été innocenté et être passé par tout ça si c'était pour finir seul et au chômage ?

Pendant trois longs mois, Charlène était venue chaque jour, tentant de lui faire entendre raison : s'il voulait avancer, il devait changer de ville, aller là où personne ne connaissait son nom. L'idée avait mis quelques jours à mûrir dans son esprit et finalement, il s'était décidé. Rien ne le retenait ici, et il avait toujours voulu visiter le Canada, ce gigantesque pays à la réputation d'être l'endroit où il fait bon vivre, aux grands espaces et immenses parcs naturels.

Il avait épluché toutes les annonces de métiers. Il ne voulait pas renoncer à l'enseignement et cherchait particulièrement dans ce domaine. Plus rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Il trouva finalement une offre pour enseigner à l'université de Montréal. Il aurait besoin d'une mise à niveau pour avoir une équivalence, les diplômes canadiens et français étant très différents.

Après encore plusieurs mois de préparation, à mettre ses affaires en ordre, son appartement en vente, il était fin prêt à tout quitter pour commencer une nouvelle vie loin de là. Charlène l'avait accompagné à l'aéroport, émue de laisser partir cet homme qui lui avait fait découvrir à la fois l'amour et cette peine immense lorsqu'on le perd.

— Merci. D'avoir été là, d'avoir été toi, murmura Hugo à l'oreille de la jeune femme tandis qu'il la serrait contre lui.

La jeune femme laissa s'échapper une larme. Tous deux savaient qu'ils ne garderaient probablement pas contact, mais chacun emportait un merveilleux souvenir de l'autre avec lui.

Une fois passé la foule de personnes qui attendait les voyageurs, Hugo se rendit au guichet du prestataire à qui il avait loué une voiture pour quelques semaines. La moitié de ses économies y était passée, mais il n'avait pas eu le choix. On ne pouvait se déplacer autrement qu'en voiture dans ce pays à la taille démesurée.

En sortant de l'aéroport, dans sa voiture, il ne pu s'empêcher de s'arrêter sur le bas côté. Il était tellement émerveillé par ces hauts buildings qu'il ne voyait qu'à la télé, que le coup de fatigue qu'il avait ressentit à l'atterrissage se dissipa. Il savait qu'il ne ferait pas long feu ce soir, mais pour le moment, il avait envie, et besoin, de profiter de chaque secondes. Il reprit finalement la route et, après une vingtaine de minutes, se trouva au centre de Montréal où se trouvait l'appartement qu'il avait loué avec l'autre moitié de ses économies. Il se félicitait à chaque instant de ne pas être un homme dépensier.

— Bonjour, je suis monsieur Daniels, se présenta-t-il au concierge de l'immeuble.

L'homme semblait l'attendre car il ne sourcilla pas à l'énonciation du nom d'Hugo. Ce dernier fût conduit au huitième et dernier étage, où le propriétaire l'attendait devant la porte.

Hugo découvrit avec joie son nouvel appartement, comprenant un immense salon, donnant sur une grande cuisine ouverte, équipée, et donnant accès au toit terrasse d'où il avait une vue imprenable sur toute la ville. Sa chambre loin d'être petite, donnait sur une salle de bain où Hugo eut le plaisir de découvrir une douche à l'italienne. Tout au long de la visite, l'homme avait des étoiles plein les yeux. Il était comme un enfant découvrant sa montagne de cadeaux sous le sapin, au matin de Noël.

Le propriétaire lui remis les clefs et lui donna toutes les informations nécessaires concernant l'immeuble et les alentours puis le laissa seul. Un calme saisissant s'empara de la pièce à vivre. Hugo se laissa tomber dans le canapé, comme à bout de souffle après tant d'émotions. Il se sentait revivre et croyait dur comme fer qu'aujourd'hui marquait le premier jour du reste de sa vie.

Fin.

Soupçons [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant