Chapitre 19

40 8 3
                                    

31 décembre – 23h57

Lyanna ne vit revenir ni Ben, ni Hugo. Elle retourna au niveau des toilettes, où elle avait laissé Hugo, s’inquiétant de ce qu’elle y trouverait. Est-ce que Benjamin aura entendu sa discussion avec Hugo ? Que dirait-il si c’était le cas ?

L’adolescente arriva à toute allure et trouva Hugo, le teint livide. Il ne l’avait pas vu arriver. Elle se mit face à lui et attrapa ses mains. Il ne les serra pas.

— Hugo, que se passe-t-il ? paniqua Lyanna.

Elle sentait son cœur s’affoler, ses membres tremblés malgré la chaleur qui s’emparait d’elle.

— Benjamin nous a entendu, répondit Hugo platement, le regard toujours perdu dans le vide.
— Et ? s’enquit Lyanna, perdant patience.

Puis, où était-il ce salaud qui foutait sans cesse sa vie en l’air ?
Hugo lâcha les mains de Lyanna et baissa la tête. Le lycéen avait été clair : s’il ne mettait pas un terme à cette relation immédiatement, il en parlerait au proviseur. C’était inenvisageable.

Au loin, la musique s’interrompit pour faire place à un décompte. La nouvelle année arrivait. Hugo pensait qu’il passerait ce moment avec Lyanna, il l’aurait embrassé langoureusement. Le risque d’être surpris ajoutait encore plus de piment à leur relation déjà très passionnelle.

« 5 ! » s’écria la foule dans le bar. Hugo plongea ses yeux emplit de tristesse dans ceux de l’adolescente, impatiente.

« 4 ! » poursuivaient les clients tandis qu’Hugo murmura qu’il devait mettre un terme à leur relation.

« 3 ! » Lyanna abasourdit, attrapa le visage de son professeur pour le forcer à la regarder.

« 2 ! »

— Hugo, parle-moi, explique-moi !

« 1 ! »

— C’était une erreur, Lyanna.

« BONNE ANNEE ! »

Les bras de Lyanna lui tombèrent de long de son corps tandis que le cœur d’Hugo se brisait en petits morceaux.
Cela avait été la chose la plus dure qu’il ait eu à faire. Il était intimement convaincu que son cœur et son corps appartenaient à Lyanna et que cela aurait pu les mener loin. Mais il ne pouvait pas risquer de perdre sa carrière. Elle devait croire qu’il ne l’aimait pas réellement, qu’il avait menti.

Sans un mot de plus, l’adolescente s’en alla retrouver ses amis, bien décidée à commencer cette nouvelle année comme il se doit. Pour cela, qu’une chose à faire : prendre un premier verre !

Hugo avait envie de la retenir, l’attraper et la prendre dans ses bras. Mais il ne fit rien de tout ça et la laissa s’éloigner, emportant avec elle une partie de son cœur. Il se fit une raison : leur histoire n’était vieille que d’une semaine, même s’il avait eu la sensation de la connaître depuis des années, que leur union avait été une évidence. Il l’avait tué dans l’œuf, mais il s’en remettrait, et elle aussi. Il valait mieux préserver sa carrière.

Lyanna reprit son service une demi-heure après ça, avec beaucoup de difficultés. En trente minutes, elle avait enchainé les verres alcoolisés et ne marchait plus bien droit.
Vers trois heures, elle monta sur le bar, sous les acclamations de la gente masculine.

— Lyanna ! Descend ! cria Alex, gêné et désapprobateur.

Mais l’adolescente au cœur brisé et au sang imbibé ne l’écoutait pas. Elle se déhanchait de façon très provocante au rythme de Boombayah des Blackpink. Il ne manquait plus qu’une barre de pole dance…

Elle planta son regard sombre dans les yeux triste d’Hugo, l’air de dire qu’elle n’avait pas besoin de lui, qu’elle n’était pas affectée par leur séparation, même si son comportement indiquait tout le contraire. Elle fit monter un garçon au hasard et, tout en laissant ses yeux rivés sur Hugo, l’embrassa sauvagement. Hugo déglutit difficilement, et, ne pouvant en supporter d’avantages, il se leva d’un bond et quitta le bar. Il savait qu’elle n’était pas dans son état normal, mais la vue de celle qu’il aime dans les bras d’un autre lui fut trop insupportable. Lyanna repoussa le garçon pour poursuivre celui qui venait de lui briser le cœur.

— Où tu vas ? questionna-t-elle en arrivant à sa hauteur, titubant.
— Je n’ai plus rien à faire là, Lyanna, expliqua-t-il calmement.
— Tu n’es qu’un salaud de profiteur, tu sais ça !?

Hugo se retourna. Il espérait qu’elle lirait en lui, dans son regard qui le trahissait et qu’elle comprendrait. Mais il fit face à une furie au bord des larmes, mais resta calme, même quand Lyanna laissa ses poings déferler sur son torse.

— Je te déteste ! criait-elle en continuant de le frapper du peu de force qu’il lui restait.

Hugo attrapa les poings de la jeune fille et plongea ses yeux désolés dans le regard froid de Lyanna.
Le contact de leurs deux peaux apaisa immédiatement Lyanna. Le jeune homme la prit dans ses bras et la serra tout contre lui. La tête de l’adolescente reposa sur sa poitrine. Elle sentait les battements de son cœur prêt à surgir. Il caressa ses cheveux et déposa un tendre baiser sur le haut de son crâne.

— Je suis désolé, murmura-t-il simplement.

Il la sentait se calmer dans le creux de ses bras. Son corps se détendit, sa respiration ralentit. Il ne voulait plus la lâcher. Il se sentait comme si une partie de lui venait d’être complétée. Il regrettait déjà son choix. Il la désirait plus que tout. Il desserra son étreinte pour la regarder une dernière fois. Il dégagea tendrement une mèche de ses cheveux qui lui tombait devant les yeux. Leurs regards pleins de désirs se rencontrèrent à nouveau. Hugo se pencha et déposa un tendre baiser, timide et furtif, sur les lèvres de Lyanna. Elle eu un léger mouvement de recul avant de se jeter à son cou et de l’embrasser passionnément.

— Ne me laisse pas, s’il-te-plait, supplia-t-elle d'un murmure.

Pour seule réponse, Hugo resserra ses bras autour d’elle. Il s’occuperait des conséquences plus tard.

Soupçons [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant