Chapitre 28

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Mardi 17 mars

Cela faisait cinq jours que le procès opposant Hugo Daniels et Lyanna Evans avait commencé. En ce mardi 17 mars, Hugo devait enfin avoir le verdict final.

Dans le tribunal, tout le monde retenait son souffle. Caroline, aux côtés d'Hugo, lui tenait la main, si fort que le sang du jeune homme peinait à circuler. Mais Hugo était bien trop préoccupé par la suite pour s'en rendre compte.

Le juge entra, l'assistance se leva. Puis, il demanda à tous, sauf à l'accusé, de s'asseoir avant de demander le verdict au président du jury.

— À la question « Monsieur Daniels est-il capable de harcèlement et de viol, le jury a voté à l'unanimité oui. »

Hugo n'eut aucune réaction, trop abasourdit par la nouvelle. Tout son être semblait s'être arrêté. Ses oreilles bourdonnèrent, sa vue se brouilla tandis que déjà on venait le menotter pour l'envoyer en cellule.

— Hugo ! entendit-il au loin. Il cru reconnaître la voix de Caroline qui se trouvait pourtant juste en face de lui. Ses mains étaient posées sur le visage du jeune homme qui revint peu à peu à lui. Ne lâche rien, ok ? On va faire appel et tout va s'arranger.

Mais il avait bien du mal à y croire. Comment cela pourrait s'arranger ? Elle avait gagné, sa vie était détruite.

Tandis qu'on l'emmenait hors du tribunal, les mains attachées dans son dos, il croisa le regard sournois de Lyanna. Il sentit tout en lui, s'effondrer. Elle venait de lui asséner le coup final, la sentence serait irrévocable. Il tenta de s'approcher d'elle mais il sentit qu'on le retenait.

— Lyanna ! cria-t-il pour passer au dessus du brouhaha qui montait. Lyanna ! Tu peux encore faire marche arrière ! supplia-t-il, comme soudain conscient de la réalité dans laquelle il venait de plonger.

Il venait d'en prendre pour vingt ans. Vingt longues années car il avait été reconnu coupable de viol sur une personne sur qui il avait autorité, étant son professeur. Vingt ans... Ce nombre tourbillonnait dans sa tête sans qu'il ne réalise pleinement. Vingt ans, enfermé, pour un crime qu'il n'avait pas commis.

Il commença à se débattre pour que les officiers le lâchent.

— Je suis innocent ! s'écria-t-il en plein tribunal, la peur au ventre de se faire incarcérer pour une erreur de jugement. LÂCHEZ-MOI ! Je n'ai rien fait !

Les deux agents qui le retenaient peinaient à ne pas lâcher prise. Caroline accouru vers lui et entoura son visage de ses mains, plongeant ses yeux confiants dans ceux, paniqués, d'Hugo.

— Tout va bien aller, je te le promets, murmura-t-elle avant de l'embrasser sur la joue.

Le jeune homme cessa de se débattre et se laissa finalement entrainer hors du bâtiment, sous les yeux de ses collègues et de quelques parents d'élèves. Il fut conduit dans la prison départementale où on lui confisqua tous ses biens en échange de la tenue réglementaire que tous les prisonniers portaient.

Il partageait sa cellule avec un cinquantenaire, ici depuis dix ans, pour les mêmes raisons que lui. Seulement, son partenaire de cellule était réellement coupable. Hugo le comprit rapidement lorsque l'homme lui parla des ses actes. Le professeur de mathématiques dû se retenir de ne pas vomir à plusieurs reprises.

Les journées passaient et se ressemblaient cruellement. Hugo avait fait appel dès son arrivée en prison, il y a de cela deux semaines et depuis rien n'avait bougé. Il sentait son moral baissé de jour en jour, tout comme ses espérances de quitter cette prison un jour et retrouver un semblant de vie normale.

Soupçons [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant