Vendredi 10 avril – 19 heures.
— Il faut que ce soit toi ! Moi elle me connait, elle ne doit pas me voir. Et puis... Je ne suis pas un homme.
Cela faisait une heure que Caroline tentait de convaincre son ami Anthony de se rendre sur le lieu de travail de Lyanna pour l'attirer dans ses filets. Mais le jeune homme s'y refusait.
— C'est complètement illégal ce que tu me demandes ! se révoltait-il.
— Je ne te le demanderais pas si ce n'était pas important... se justifia Caroline, d'une petite voix, repensant à Hugo et ses hématomes plein le corps.Anthony releva le visage de son amie et plongea ses yeux dans ceux, embués, de la jeune femme.
— Tu dois sacrément tenir à cette personne pour prendre tant de risques.
Il lui fit un clin d'œil, signifiant qu'il acceptait de jouer le jeu. Caroline se jeta dans ses bras, reconnaissante, avant de l'aider à se préparer.
Anthony était à la fin de sa vingtaine et avait rencontré Caroline peu de temps après sa rupture avec Hugo. Il aurait aimé que leur relation aille plus loin, mais la jeune femme avait été bien trop abîmée par son ex et, à ce moment, ne cherchait qu'une oreille pour écouter et une épaule sur laquelle pleurer.
Le jeune homme avait des traits similaires à ceux d'Hugo et Caroline en était certaine, il ne laisserait pas Lyanna indifférente. Fin prêt dans sa chemine noire légèrement ouverte et son jean ajusté, le beau brun se rendit au bar où travaillait l'adolescente, qui le repéra immédiatement.
— Bonsoir, lança Lyanna, clairement en pleine drague.
Anthony avait eu droit à un briefing rapide de Caroline qui lui avait dépeint la personnalité changeante de l'adolescente et, au ton qu'elle employa pour le saluer mêlé à son allure féline en s'approchant de lui, il comprit de quoi parlait Caroline.
— Qu'est-ce que je vous sers ?
— Votre meilleur whisky, répondit Anthony qui entra pleinement dans le jeu de séduction de la jeune serveuse, plongeant son regard dans les yeux de Lyanna et lui décrochant son plus beau sourire charmeur.Lyanna sentit une bouffée de chaleur s'emparer de tout son corps alors qu'elle s'éloignait pour passer la commande. Elle ne pu s'empêcher de se retourner et, voyant que son client avait toujours les yeux rivés sur elle, elle comprit que ce soir allait prendre une tournure intéressante. Et dire qu'elle avait failli s'enfermer dans une relation unique, à son âge, alors que là elle s'amusait bien plus, comme toutes les filles de 17 ans.
À cette pensée, l'image d'Hugo surgit dans son esprit, ainsi que ses paroles... « Je sais tout » lui avait-il lancé. Mais elle refusait de croire qu'il avait eux accès aux moindres détails de sa vie. Comment serait-ce possible ? Ses parents n'étaient pas retournés témoigner et elle savait qu'ils n'avaient rien dit. En tout cas, c'est ce qu'ils lui avaient assuré...
Perdue dans ses rêveries, elle n'avait pas vu qu'Alex lui avait posé la commande devant elle. Il claqua des doigts à plusieurs reprises pour la faire revenir à elle.
— Lyanna ? Ouhou, t'es avec moi là ? appela-t-il.
L'adolescente ferma les yeux, chassant les sombres pensées qui s'insinuaient dans son esprit comme du poison et afficha un large sourire, s'excusant auprès du barman pour ce moment d'absence.
Sur le plateau se trouvait la commande du jeune homme qui lui avait fait du charme. Elle prit son stylo et inscrit son numéro de portable sur la feuille de papier, destinée à l'origine à s'essuyer les lèvres. Du coin de l'œil, Alex la vit faire et avant qu'elle n'ait eu le temps de quitter le bar avec le plateau, il l'attrapa par le poignet.
— C'est quoi ça ? questionna-t-il sèchement en montrant du regard le bout de papier. Ton petit coup de la dernière fois ne t'a pas suffit ?
Lyanna se dégagea de son emprise, le regard noir, agacée du rôle de père qu'Alex s'était donné, pensant devoir la protéger d'elle-même.
— Pardon, mais tu n'es personne pour m'empêcher de faire ça.
— Détrompes-toi Lyanna. Je suis ton supérieur et légalement tu es encore mineur et donc sous ma responsabilité quand tu te trouves ici.La jeune fille le snoba et se dirigea vers sa proie du soir, bien décidée à poursuivre dans sa lancée.
En voyant le numéro de téléphone griffonné sur le petit carré de serviette en papier, Anthony leva les yeux vers la serveuse qui lui fit un clin d'œil avant de reprendre son service. Lorsqu'elle eut le dos tourné, Anthony souffla longuement, comme s'il avait retenu sa respiration tout le temps où elle se trouvait à ses côtés. Il reprit ses esprits, le cœur tambourinant dans sa poitrine. Il ne revenait toujours pas de s'être laissé entrainer là-dedans. Caroline lui en devrait une, et une belle ! Un frisson de peur lui parcouru l'échine en repensant au regard déterminé de Lyanna, se demandant jusqu'où il devrait aller. Elle semblait prête à tout... Il secoua la tête, les paupières closes, tentant de se débarrasser du dégout qui montait en lui.Son téléphone vibra. C'était Caroline qui lui demandait comment se déroulait leur mission. Il lui annonça qu'il avait dégoté le numéro de la jeune fille, ce qui sembla réjouir son amie qui ne répondit qu'avec une succession de smiley au large sourire.
« T'es le meilleur ! » renvoya-t-elle, ponctué de nombreux petits cœurs. Anthony se surprit à sourire. Visiblement, il avait toujours un faible pour la jeune femme, pour son sourire, son côté parfois enfantin, mais toujours sérieuse, sa fidélité, sa générosité... Seulement, il avait bien comprit qu'un autre occupait toutes ses pensées et il s'était fait une raison. Si c'était d'un ami dont elle avait besoin, alors il serait cet ami.
La soirée se poursuivit tranquillement. Anthony avait bu plusieurs verres « offerts par la maison ». Mais au regard que lui avait lancé le barman, il avait comprit que la maison n'approuvait pas. Il se rendit alors au bar pour régler les dettes de la jeune fille. Le jeune homme du bar le gratifia d'un sourire et, alors qu'il se dirigeait vers la sortie, une main le rattrapa.
— Tu pars sans dire au revoir ?
Ils se tutoyaient donc... Quelques verres suffisaient apparemment à créer des liens pour l'adolescente. Il lui prit la main et l'entraina dehors, là où il savait que Caroline attendait, un appareil photo à la main.
— Je ne voulais pas te déranger en plein travail, dit-il doucement, passant un doigt sur le visage de la jeune fille.
Lyanna laissa sa tête penchée dans la paume d'Anthony. Sa main était si grande que presque tout son visage pu s'y reposer. Elle dégageait une chaleur réconfortante. Cette douceur la ramena quelques mois en arrière, lorsque c'était la chaleur d'Hugo qui s'emparait d'elle.
— Je te remercie pour les verres, chuchota-t-il en approchant son visage de celui de Lyanna.
Si Caroline ne lui avait pas dit, jamais il n'aurait pu imaginer que cette belle jeune femme était encore au lycée.
Il glissa sa main dans le cou de l'adolescente qui sentit le souffle chaud du garçon lui caresser le visage. Elle planta son regard plein d'espoir dans les yeux d'Anthony, si hissant sur la pointe des pieds pour venir déposer ses lèvres sur celles du garçon. Ce dernier ferma les yeux tandis que Lyanna émit une légère pression sur sa nuque pour coller davantage leurs deux bouches. Elle se fraya un passage avec sa langue et, pile à l'instant où elle rencontra celle d'Anthony, celui-ci la repoussa doucement.
— Je dois y aller, murmura-t-il.
Et sans demander son reste, il partit à toute allure, laissant Lyanna plongée dans l'incompréhension.
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Soupçons [TERMINEE]
قصص عامةHugo, 30 ans, professeur au lycée. Lyanna, 17 ans, fille populaire, prête à tout pour avoir ce qu'elle désire. "- Savez-vous pourquoi vous êtes ici aujourd'hui ? - On m'accuse de harcèlement. Et de viol." Que s'est-il passé pour en arriver au procès...