Chapitre 18

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Jeudi 31 décembre – 18 heures.

Lyanna avait passé toutes ses journées chez Hugo. Il y avait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi apaisée et sereine sans avoir recours à ses médicaments. Elle se sentait protégée et elle voyait la vie dont elle rêvait se profiler devant elle. Bien sûr, ils devraient acheter un appartement plus grand pour accueillir toutes ses affaires, mais ils en parleraient en temps voulu.

Cette semaine, elle avait appris que son cher professeur ne s’était pas toujours orienté vers l’enseignement. Il lui avait en effet confié s’être d’abord dirigé vers un métier plus solitaire. Le goût de l’enseignement lui était venu pendant sa première année de fac lorsqu’il avait commencé le tutorat. Il s’était rendu compte que ça lui plaisait de transmettre un savoir. C’était alors apparut comme une évidence.

Lyanna adorait passé des heures à l’écouter. Sa voix rauque et sensuelle l’apaisait. Elle était perdue dans ses rêveries quand on toqua à sa porte de chambre. Sa mère entra et referma derrière elle avant de s’asseoir sur le lit de sa fille.

— Où as-tu passé la semaine, Lyanna ?

L’adolescente se retourna, bras croisé sur la poitrine. Ses parents ne se préoccupaient que maintenant de ses occupations ? Elle n’en croyait pas ses yeux, mais au moins, elle avait pu profiter de cette absence d'autorité pour retrouver son nouvel amoureux.

— Chez Ella. Comme le bar était fermé, on en a profité pour réviser.

Elle tourna à nouveau le dos à sa mère pour fouiller dans sa penderie. Ce soir, le bar organisait une grosse soirée pour la nouvelle année et le dress code était très stricte : robe noire, talons hauts et décolleté le plus plongeant possible.

Elle n’avait jamais été particulièrement proche de sa mère et la distance s’était creusée à l’arrivée des jumeaux. Lyanna s’était sentie délaissée et avait fait de plus en plus de crises de colère, toujours plus violentes. Elle avait même loupé quelques mois au collège à cause de ça.

L’adolescente, à nouveau perdue dans ses pensées, secoua la tête pour revenir à la réalité. Sa mère était toujours là. Agacée, la jeune fille se retourna, l’impatience imprimée sur son visage, tapant du pied.

— Tu voulais autre chose ? demanda-t-elle sèchement. Parce que je dois me préparer là.

Aline se releva. Elle connaissait sa fille et savait qu’elle ne lui avait pas dit la vérité concernant ses escapades cette semaine. Mais elle ne voulait pas déclencher une troisième guerre mondiale, alors elle n’insista pas. Elle se leva et, avant de quitter la pièce, se tourna à nouveau vers sa fille :
— Je suis là si tu as besoin de parler.

Puis elle sortit.
C’est nouveau ça, pensa Lyanna. Elle culpabilisait surement de la vie qu’elle offrait à sa fille. Ses paroles s’évanouirent rapidement et la jeune fille reprit le cours de sa préparation.


A 21 heures, on ouvrit les portes du bar. L’endroit restait ouvert jusqu’à cinq heures et l’ouverture avait donc été décalée.

Dès qu’on entrait, la musique assourdissante mettait dans l’ambiance. Les tables avaient été poussées sur le côté pour laisser tout le centre disponible à la danse.

Les premiers clients arrivèrent. Un groupe de jeunes que Lyanna connaissait du lycée. La perspective de se faire repérer ici par des camarades l’aurait mis dans tous ses états il y a encore quelques temps, mais aujourd’hui, elle s’en fichait. Quoiqu’il arrive, elle aurait une meilleure vie qu’eux grâce à Hugo.

La musique techno Turn it Up d’Armin Van Buuren résonnait dans les enceintes et le groupe de lycéens se laissa prendre rapidement par le rythme et pris possession de la piste de danse avant même de passer commande.

Vers 23h30, l’équipe prévint qu’elle stoppait le service pour une heure, afin de profiter également de la soirée. Lyanna ne se fit pas prier et rejoignit son groupe d’amis sur la piste.

« Come on love isn’t for us – We created something phenomenal don’t you agree »

Lyanna et les autres chantaient à tue-tête lorsqu’Hugo entra dans le bar. Son regard croisa celui de l’adolescente qui continuait de chanter en le fixant, comme si elle lui parlait à travers la chanson. Hugo s’assit au bar sans la quitter des yeux tandis que Lyanna dansait de façon de plus en plus osé à son attention.
Ella repéra l’échange silencieux qui se jouait sous ses yeux. Sans quitter la piste, elle se pencha à l’oreille de sa meilleure amie :
— Lyanna, qu’est-ce que tu fais ?

L’adolescente osa détacher son regard de son professeur et tourna la tête vers Ella. Elle fit simplement un large sourire qui valait toutes les explications de monde. Après tant d’années à se côtoyer, les deux filles avaient appris à communiquer sans paroles.

Ella attrapa le poignet de son amie et l’attira au calme, près des toilettes. Elle devait en avoir le cœur net !

— Lyanna, dis moi que tu ne fréquentes pas monsieur Daniels !

Pour seule réponse, l’interrogée haussa les épaules, le visage rayonnant. Elle avait promis à Hugo qu’elle ne dirait rien, elle tiendrait sa promesse.


Hugo, qui avait vu les deux jeunes filles s’éloigner, ne put s’empêcher de les suivre pour s’assurer que sa jeune compagne ne dirait rien. Il se mit en retrait mais suffisamment proche pour entendre.

Rapidement, Ella comprit et s’en alla pour retrouver le groupe. Elle passa à côté d’Hugo qui fit mine qu’il se trouvait là par hasard. L’adolescente s’arrêta et lui lança un regard sévère, pleins de reproches. Le jeune homme déglutit et la laissa partir sans une explication. Puis, il retrouva Lyanna qui se jeta dans ses bras.

— Je suis tellement contente que tu sois venu !

Elle passa ses bras autour de son cou et l’enlaça passionnément. Il sourit.

— Moi aussi. Je ne me voyais pas te laisser seule aux douze coups de minuit, déclara-t-il dans un clin d’œil charmeur.

Lyanna le couvrit de baisers et ils restèrent quelques instants ainsi, dans les bras l’un de l’autre.

Hugo savait que c’était beaucoup trop tôt, mais il avait terriblement envie de lui dire qu’il l’aimait. Il ne comprenait pas comment c’était possible d’aimer si vite une personne, mais il n’avait jamais ressentit de sentiments aussi puissants, même pas avec Caroline. Il ne croyait pas au coup de foudre et pourtant, il pensait en avoir eu une avec Lyanna. L’amour, ça ne s’explique pas, ça se ressent. Et là, dans ses bras, son cœur ne mentait pas. Il s’emballait dès que ses yeux se posaient sur la jeune fille. Il voulait tout partager avec elle, il la désirait à chaque instant.

Il fut soulagé quand Lyanna lui déclara ces trois petits mots la première. Plongeant ses yeux dans ceux de son amant, elle prit un air très sérieux avant de lui dire d’une voix douce :
— Cette semaine avec toi a été la meilleure de ma vie.

Puis, se hissant sur la pointe des pieds, elle déposa un tendre baiser derrière l’oreille du jeune homme avant de chuchoter :
— Je t’aime, Hugo. Merci d’être là ce soir.

Il ne put contenir un sourire. Il la serra encore plus fort contre lui, comme pour éviter qu’elle ne s’échappe.
— Je t’aime aussi, Lyanna, murmura-t-il, comme un secret.

Peut-être en était-ce un après tout. A voir le regard que lui avait jeté Ella, leur relation ne serait bien perçut par personne. Pourtant, leurs sentiments étaient sincères. Il avait eu un doute au départ concernant Lyanna, se demandant si tout cela ne faisait pas parti d’un défi qu’elle se serait lancée avec ses amies. Mais cela s’était vite dissipé ces derniers jours avec tout ce qu’ils avaient partagé. Et puis, elle n’avait techniquement rien dit à sa meilleure amie. S’il avait s’agit d’un défi, elle se serait empressée de tout lui déballer dans les moindres détails. Il avait confiance.

Hugo était une personne très pudique, qui ne se confiait pas si facilement. Mais il n’avait pas hésité à dévoiler à Lyanna qu’il ne s’engageait jamais à la légère, laissant entendre à la jeune fille ses sentiments déjà bien profonds.

— Aller, oust ! dit-il d’un sourire en obligeant son amoureuse à se détacher de lui. Va retrouver tes amis.

Elle lui vola un dernier baiser et tandis qu’elle s’éloignait, il ne put s’empêcher de lui mettre une délicate fessée, en riant de sa bêtise.

— Où est Ben ? demanda Lyanna en arrivant près de son groupe d’amis.
— Il était aux toilettes.

La respiration de l’adolescente se coupa quelques secondes. Elle tourna la tête vers l’endroit d’où elle venait, paniquée.

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