« — A quel moment avez-vous senti que vous ne contrôliez plus les choses ?
Hugo fouilla dans sa mémoire. S'il avait été parfaitement honnête, il aurait répondu dès la rentrée. Il avait gagné du temps en remettant Lyanna à sa place à plusieurs reprises, mais dès le premier jour où il avait croisé son regard, il avait senti l'attraction qui se jouait entre eux. Il avait tenté de refouler tous ses sentiments, de plusieurs façons, à commencer par Charlène, mais il avait fini par craquer, durant les vacances de noël.
— Monsieur Daniels ? relança le juge en l'absence de réponse de l'interrogé.
Hugo releva la tête et, honteux, avoua :
— C'était pendant les vacances de décembre.
Son regard parcourra l'assemblée et s'arrêta sur Charlène. En entendant sa réponse, le cœur de la jeune femme s'était fractionné, encore, et encore. Elle se sentait trahie, salie. Comment avait-elle pu ne rien voir ?
Elle se leva et sorti du tribunal à la hâte. Elle ne pouvait en entendre plus. Son estomac se nouait tellement qu'il s'apprêtait à renvoyer le peu d'aliment qu'elle avait réussi à ingurgiter au déjeuner.
La voyant s'enfuir, Hugo baissa la tête, dissimulant son air triste et coupable. »
Vendredi 20 décembre – 15h.
Le bruit des élèves parcourant les couloirs annonça à tous que la pause de l'après-midi était arrivée. Lyanna retrouva ses amis. Elle s'apprêtait à confier à Ella que leur professeur de mathématiques avait accepté de lui donner du soutient. Elle n'avait pas encore osé lui en parler depuis qu'elle le savait, de peur de la réaction de son amie avec qui elle venait tout juste de se rabibocher.
En arrivant à sa hauteur, Benjamin se pencha pour l'embrasser mais Lyanna l'esquiva. Elle n'avait pas encore digéré sa façon de lui parler quelques jours plus tôt alors qu'elle venait de lui annoncer que ses parents étaient sur la paille et qu'elle avait besoin de soutient. Au lieu de ça, il avait préféré la menacer et elle allait lui faire comprendre qu'elle n'était pas le genre de petite amie docile à qui on pouvait tout demander.
Le garçon n'apprécia que moyennement de se faire snober par sa copine et lui demande à lui parler à part. Sans un mot, Lyanna se laissa entrainer à l'écart.
— Tu me fais quoi là ? questionna Benjamin, froidement, le regard noir, menaçant.
— Je n'ai pas le droit de ne pas avoir envie de t'embrasser ?Benjamin lui attrapa fermement le poignet, obligeant la jeune fille à le supplier de desserrer son emprise.
— On va retourner près de nos amis et tu vas te conduire en petite amie digne de ce nom ! menaça-t-il, resserrant un peu plus ses doigts autour du poignet de Lyanna. Cette dernière ravala sa douleur et soutint le regard de Ben.
— Tu crois qu'on est encore dans les années 20 quand l'homme avec une emprise totale sur sa femme ?Elle sourit, fière de sa répartie, montrant à son copain qu'elle était plus indépendante qu'il ne le pensait. Mais elle venait de toucher à son égo. La main qui tenait son bras jusqu'à maintenant la lâcha et s'éleva dans les airs. Le sourire de Lyanna s'évanouit et elle suivit le geste du garçon d'un regard implorant. Enfin, elle ferma les yeux, priant intérieurement que quelqu'un vienne le retenir.
Son vœu fut exaucé puisqu'elle entendit la voix de son professeur de maths gronder derrière Benjamin. Elle rouvrit les yeux et vit Hugo retenir Benjamin par son bras qui était toujours levé.
Mon sauveur... pensa Lyanna dont le visage se mit à rayonner d'un coup.
Les deux garçons partirent vers le bureau du proviseur tandis que Lyanna retrouva ses amis.
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Soupçons [TERMINEE]
General FictionHugo, 30 ans, professeur au lycée. Lyanna, 17 ans, fille populaire, prête à tout pour avoir ce qu'elle désire. "- Savez-vous pourquoi vous êtes ici aujourd'hui ? - On m'accuse de harcèlement. Et de viol." Que s'est-il passé pour en arriver au procès...