« - Pourriez-vous nous raconter votre première rencontre avec mademoiselle Evans ?
- J'avais déjà beaucoup entendu parler d'elle par ses anciens professeurs qui la décrivaient comme une élève avec beaucoup de capacités mais qui passait son temps à faire son intéressante pour attirer l'attention. »A ce portrait, Hugo remarqua que la jeune femme ne pu retenir un sourire. C'était vrai, ce tableau qu'il venait de dépeindre, elle s'y reconnaissait parfaitement. Et elle ne pu contenir la risette qui apparu, fière de l'image qu'elle donnait.
Lundi 3 septembre – 9h45
La sonnerie annonçant la fin de la première heure retentit. Hugo, debout derrière son bureau, regroupait ses documents à l'instar de ses élèves de seconde qui rangeaient leurs affaires avant de quitter la salle.
Le jeune professeur venait de faire connaissance avec l'une de ses six classes, celle dont il était le professeur principal, un rôle qu'il n'avait jamais endossé jusqu'à présent, ayant été remplaçant pendant quatre ans. Mais lors de la réunion de prérentrée, personne ne s'était portée volontaire pour cette classe. Une classe de seconde demande beaucoup plus d'investissements car les élèves ne connaissent pas encore l'établissement ni la vie au lycée, qui ne diffère que légèrement de celle du collège, mais qui peut en effrayer certains.
Ce ne devait pas être si terrible, avait pensé Hugo. Alors il avait levé la main, non sans une petite hésitation.
- Tu as déjà exercé cette fonction ? lui avait demandé la professeure d'anglais, Charlène, tandis qu'Hugo rangeait ses affaires à la fin de la réunion.
- Jamais, avait-il répondu, la voix pleine d'inquiétude, qu'il tentait de cacher derrière un ton plus grave que d'ordinaire.Sa collègue lui sourit, encourageante.
- Tu verras, ça crée un lien particulier avec tes élèves. Tu vas être leur référent, c'est vers toi qu'ils se tourneront en cas de problème.
Elle lui fit un clin d'œil, auquel le jeune professeur répondit par un sourire gêné.
C'est ainsi qu'en ce lundi 3 septembre, il n'avait pas commencé sa journée par des mathématiques, mais par la distribution des emplois du temps temporaires, les règles de l'établissement, et un temps de questions/réponses pour ôter toutes les inquiétudes de ces nouveaux lycéens.
Sa prochaine classe était une classe de terminale ES. Il prépara sa pochette qui contenait toutes les leçons et les exercices pour l'heure puis il se plaça dans l'encadrement de la porte pour accueillir ses nouveaux élèves. De cette façon, il pouvait voir chacun des visages qui entraient dans sa salle et commencé à les mémoriser.
Il avait six classes de 25 élèves chacune, soit 150 visages et prénoms à retenir. Or, les élèves n'aimaient pas qu'on ne se souvienne pas correctement d'eux. Ils avaient tous ce côté narcissique/égocentrique qui les empêchait de comprendre que là où eux avaient seulement une dizaine de noms de professeur à retenir – ce qui était déjà bien compliqué pour certains – leurs profs, eux, avaient 150 personnalités à retenir !
Une fois tous les élèves rentrés, il ferma la porte et se dirigea vers le tableau où il inscrivit son nom. Les lycéens, comme à l'accoutumée, continuaient de bavarder sans même s'asseoir sur leur chaise. Le début d'année était difficile, les deux mois de vacances avaient du mal à se faire oublier !
- Il est nouveau ce prof non ? questionna Lyanna à son amie.
- Oui, il remplace monsieur Graham, il est parti à la retraite.
- Plutôt beau gosse... Ajouta la lycéenne, d'un ton qui en disait long sur ses pensées.Les deux amies se lancèrent un regard éloquent, suivit d'un clin d'œil, signe qu'elles s'étaient bien comprises.
- Asseyez-vous, s'il-vous-plait, demanda Hugo, sèchement, voulant imposer son autorité immédiatement.
En tant que nouveau professeur dans le lycée, il devait dès la rentrée imposer une image stricte à ses élèves. Les étudiants ne le connaissaient pas, il n'avait aucune réputation, ni bonne, ni mauvaise, tout était donc à jouer lors de la première semaine. Son image pour le reste de sa carrière en dépendait.
Comme c'était un homme, il partait avec un avantage par rapport à ses collègues du sexe opposé. Malheureusement, dans ce milieu, l'égalité homme/femme n'existerait probablement jamais aux vues des étudiants. Les hommes avaient cette autorité naturelle que les femmes peinaient à avoir.
- Il y aura au moins une chose intéressante en maths cette année, lança Lyanna à son amie.
Toutes deux gloussèrent, se voulant discrètes. Mais Hugo se retourna et les repéra immédiatement. Il reconnu la jeune fille dont ses collègues lui avaient parlé à la prérentrée, Lyanna Evans. Apparemment elle aimait attirer l'attention sur elle, que ce soit avec ses professeurs mais aussi avec ses camarades. On lui avait rapporté qu'elle n'était pas insolente, mais qu'il fallait absolument poser le cadre rapidement. Il prit un ton très ferme, le visage dur :
- Au fond ! Séparez-vous ! Ordonna-t-il.
Il avait horreur de jouer au méchant prof, c'était si loin de sa personnalité. Mais tous les collègues et les formateurs qu'il avait pu croisés au cours de sa formation et de ses remplacements lui avaient tous dit la même chose : « la salle de classe est une scène de théâtre, tu joues un rôle ! »
Lyanna, qui s'était penchée vers Ella, se redressa instantanément. Son sourire s'effaça. L'année ne faisait que commencer, elle ne devait pas se dévoiler entièrement aujourd'hui. Elle savait que ses anciens professeurs auraient surement parlé d'elle. Elle connaissait aussi l'image qu'elle s'était créée pendant ces deux années, et c'était probablement ce portrait que les collègues de Mr. Daniels lui avaient donné. Elle devait donc l'amadouer, le charmer, qu'il pense qu'elle avait changé, qu'elle était devenue une élève sérieuse et discipliné, pour pouvoir mieux se révéler par la suite.
- Pardon, répondit-elle, penaude.
Elle prit ses affaires et se trouva une nouvelle place, non sans faire la moue à l'idée d'être séparée d'Ella. Toutes deux se jetèrent un regard emplit de tristesse. Elles seraient bien obligées d'écouter à présent...
Une fois installée à sa nouvelle place, Lyanna déchira une feuille de cahier sur laquelle elle griffonna un petit mot avant d'en faire une boule qu'elle lança sur son amie. Ella se pencha pour ramasser le mot.
« Encore plus sexy quand il s'énerve ! =P »
Ella se tourna vers sa comparse et leva un pouce en signe d'accord. Puis, toutes deux se concentrèrent à nouveau sur le cours. Plus que quarante minutes à tenir...
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Soupçons [TERMINEE]
Ficțiune generalăHugo, 30 ans, professeur au lycée. Lyanna, 17 ans, fille populaire, prête à tout pour avoir ce qu'elle désire. "- Savez-vous pourquoi vous êtes ici aujourd'hui ? - On m'accuse de harcèlement. Et de viol." Que s'est-il passé pour en arriver au procès...