Chapitre 25

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Mercredi 10 février – 14 heures

Monsieur Driand avait été convoqué au commissariat pour être interrogé suite à l'arrestation d'un des professeurs de son établissement. Jamais dans sa carrière il n'avait été confronté à une telle histoire ! Il n'en avait pas dormi de la nuit et, le matin, il avait simplement fait acte de présence au lycée mais avait demandé à ce qu'on ne le dérange sous aucun prétexte. Il avait ruminé toute la matinée. Que savait-il réellement de Hugo Daniels ? Il semblait beaucoup s'investir dans ses classes et ... Il avait demandé à donner des cours particuliers à Lyanna...

En repensant à cela, le proviseur se prit la tête dans les mains, soudain en proie à une grande désolation. Avait-il joué un rôle dans cette affaire sordide en autorisant l'un de ses enseignants à donner des cours particuliers à l'une de ses élèves ? Et puis, il connaissait mademoiselle Evans depuis trois ans, il savait que tout homme digne de ce nom ne restait pas indifférent aux charmes de la lycéenne. Mais de là à passer à l'acte...

Dans son bureau, il avait ressorti le dossier de son élève. Il y avait des zones d'ombre dans sa scolarité, comme cette longue absence au début de sa troisième. Elle n'était retournée au collège qu'en décembre. Pourquoi ? Ce n'était pas indiqué. Et ce changement radical dans son comportement à la suite de la naissance des jumeaux... Cela avait forcément un lien, il en était intimement persuadé. Devrait-il parlé de tout ça au commissariat ? Il se sentait totalement perdu et démuni face à cette situation inédite.

À 13h45, il se trouvait déjà devant le poste de police. Il s'annonça à l'accueil et on le fit patienter dans une salle d'attente. Sa jambe droite ne cessait de bouger sous l'emprise du stress et il s'apprêtait à attaquer ses ongles quand on vint le chercher pour l'emmener dans une salle d'interrogatoire.

— Monsieur Driand, bonjour, lança une policière d'un sourire en lui tendant une main qu'il serra timidement. Installez-vous, je vous prie. Détendez-vous, cela ne va pas durer longtemps.

Emmanuel prit place face à l'officier, toujours aussi nerveux. Il tentait de garder une posture correcte, digne d'un homme de son rang, et se tenait parfaitement droit.

— Que pouvez-vous me dire sur monsieur Daniels ?

Le rythme cardiaque du proviseur s'accéléra légèrement. Il souffla, les yeux fermés pour se maitriser. Il n'avait rien à craindre, ce n'était pas lui que l'on jugeait, se répétait-il sans cesse.

— Eh bien, commença-t-il, la voix peu assurée, il est arrivé dans mon établissement à la rentrée, donc je ne le connais beaucoup. Cependant, dans son dossier, tous les collègues des établissements dans lequel il a remplacé ne lui font que des éloges.

Au fur et à mesure qu'il parlait, il se détendait, même si la prise de note de l'agent devant lui ne le mettait pas parfaitement à l'aise.

— Et depuis septembre, reprit la femme, a-t-il eu un comportement... suspect ?

Emmanuel se sentit à nouveau mal. Était-ce le moment pour lui d'évoquer le souhait du professeur de donner des cours particuliers ? Cela n'incriminerait-il pas Hugo immédiatement ? Il n'était pas sous serment, il pouvait mentir, ou du moins, ne pas tout dévoiler. Mais sa défunte mère lui avait assez répété que tout se savait un jour pour prendre ce risque. Il serait vu comme complice du crime si cela s'apprenait plus tard.

— Lors du conseil du premier trimestre, Hugo, enfin, monsieur Daniels, a émis le souhait de donner des cours particuliers à mademoiselle Evans. Et je lui ai donné l'autorisation... finit-il, baissant la tête sentant tout le poids de la culpabilité s'abattre sur ses épaules.

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