Chapitre 16

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« — Monsieur Delattre, pourriez-vous nous décrire la nature de votre relation avec mademoiselle Evans ?

Benjamin était nerveux. Il sentait son cœur s'emballer et la sueur apparaître sur son front. Pourtant, d'ordinaire, il était à l'aise lorsqu'il s'agissait de prendre la parole en public, il avait d'ailleurs maitrisé ses oraux du Bac. Mais cette situation, loin d'être ordinaire, le mettait mal à l'aise. Ses yeux parcouraient la salle cherchant un quelconque réconfort, quand il croisa le regard insistant de Lyanna. Elle ne semblait éprouver aucune compassion pour la gêne du garçon, bien au contraire. Elle donnait l'air de lui ordonner silencieusement la marche à suivre, accentuant de plus en plus la confusion du jeune homme.

Je ... Je, bredouilla-t-il. Nous sortions ensemble.
Est-il vrai que vous avez vu monsieur Daniels lever la main sur mademoiselle Evans ?

Benjamin comprit. Son ex petite-amie avait réarrangé la vérité pour favoriser son histoire. Il fut outré. Qu'est-ce qui l'avait poussé à monter cette vendetta contre leur professeur de mathématiques ? Il regarda ce dernier, d'un air désolé. Il ne le portait pas dans son cœur, mais il connaissait Lyanna et savait qu'Hugo n'avait pas un fond méchant. Il semblait s'être fait piéger. Il ne savait pas pourquoi, ni comment, mais c'était clair à présent que la lycéenne avait menti sur beaucoup de choses.

Il tourna les yeux vers l'adolescente, à nouveau pris d'une bonne dose de confiance en lui puis déclara :

Non, monsieur. C'est moi qui ai levé la main sur elle. Monsieur Daniels m'a retenu.

Lyanna le fusilla du regard alors qu'Hugo le remercia silencieusement. Benjamin lui devait bien ça. »


Mardi 24 décembre

Hugo entendit des coups à sa porte qui le sortirent du lit à neuf heures. Il alla ouvrir, torse nu, vêtu simplement d'un boxer, les yeux à demi-clos.

— Je te réveille ? questionna Charlène en reluquant Hugo de la tête aux pieds, s'attardant sur ses pectoraux.

Ils avaient mis les choses au point après le fiasco du 21 décembre. Hugo avait fait le premier pas en lui envoyant un message dès le lendemain matin, ce qu'elle avait apprécié. Ils s'étaient vu et avaient longuement discuté. Hugo avait su lui expliquer qu'il avait eu un moment d'égarement et il promit que cela ne se reproduirait plus. Charlène voulait le croire, bien qu'elle ait eu du mal à saisir comment il en était arrivé là. Mais la peine dans les yeux d'Hugo avait eu raison de ses sentiments et la jeune femme avait finit par accepter de reprendre où les choses s'étaient arrêtées.

Ils passèrent la journée du 24 à tenter de retrouver une certaine complicité mais malgré tous les efforts du jeune homme, il ne parvenait pas à atteindre la sensation de bien-être qu'il avait ressentit aux côtés de Lyanna lors de leur discussion au bar.

Cela faisait trois jours que Lyanna n'avait pas eus de nouvelles d'Hugo. Elle lui avait laissé son numéro mais n'avait pas le sien pour le joindre. Etant donné son comportement à tendances obsessionnel, il valait mieux pour l'enseignant qu'elle ne puisse pas le contacter.

— Lyanna, aide nous pour le repas de ce soir au lieu de tourner en rond !

Ses parents s'affairaient en cuisine pour préparer le réveillon pendant qu'elle faisait les cents pas dans tout l'appartement. Ce soir, ils recevaient une bonne partie de la famille et Lyanna se demandait encore comment tout le monde allait rentrer dans leur minuscule salon.

— Aller tiens, prend ça, dit son père en lui tendant une planche à découper pleine de légumes surmontés d'une feuille de recette.

Lyanna prit le tout puis alla s'asseoir dans le salon pour ne pas encombrer d'avantages la cuisine dans laquelle ses parents ses gênaient déjà.

Soupçons [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant