Chapitre 20

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Lundi 4 janvier – 7h45

— Salut …

Hugo se retourna, ravit d’entendre cette douce voix qu’il chérissait tant.
Lyanna referma la porte de la salle de classe de son pied et roula des hanches jusqu’à son professeur. Il prit son visage angélique entre ses mains et lui déposa un tendre baiser sur les lèvres. Tous deux fermèrent les yeux, profitant de cet instant hors du temps comme s’ils se retrouvaient après des jours de séparation.
Un sourire victorieux apparut sur le visage de la jeune fille, satisfaite de ce début de journée.

— Ça va être dur de faire semblant pendant ton cours tout à l’heure, avoua-t-elle, assise sur le bureau d’Hugo.

Ce dernier, debout face à elle, entre ses jambes, les mains posées sur le haut de ses cuisses eu un rire nerveux. Lyanna venait de soulever ce qui le tracassait depuis quelques jours déjà. Il avait refoulé ses inquiétudes, mais elles lui revinrent brutalement en plein visage en ce jour de rentrée. Comment feraient-ils pour ne pas se faire prendre ? Ce qui l’avait d’abord excité devenait maintenant une peur qui lui nouait l’estomac. D’autant qu’avec le tempérament explosif de Lyanna, tout pouvait arriver.

Il s‘éloigna d’elle pour faire les cents pas dans sa salle de classe. Lyanna le retrouva rapidement et l’entoura de ses bras, se blottissant contre son dos, calmant aussi tôt Hugo qui commençait à paniquer. Il prit les mains de la jeune fille et se retourna vers elle. Il ne se lassait pas d’admirer ce visage à la fois doux et espiègle, ces yeux emplis de malice et de tendresse. Il effleura de son indexe le contour de son visage. Cette fille le rendait fou ! Sa simple présence lui faisait perdre tous ses moyens. Elle faisait voler ses peurs en éclats pour ne laisser la place qu’à la sérénité.

Sauvagement, il l’embrassa, la repoussant vers son bureau sur lequel il la fit monter. Il la désirait, là, maintenant. Il la couvrit de baisers dans le cou tout en remontant ses mains le long de ses cuisses pour venir déboutonner son pantalon.
Lyanna ferma les yeux et, de ses mains agiles, vint déboutonner la chemise de cet homme qui avait fait naitre en elle des sentiments jusqu’alors inconnus. Elle se sentait protégée lorsqu’il la serrait dans ses bras musclés, tout son corps se tranquillisait à la simple perspective d’être avec lui et surtout, elle n’avait pas refait de crise depuis qu’il s’était révélé à elle.

Elle fit glisser ses mains sur son torse parfaitement dessiné, provoquant une vague de frissons chez son partenaire. Elle sourit. Elle aimait l’effet qu’elle avait sur lui.

— J’ai très envie de toi, ici et maintenant, susurra-t-il de sa voix rauque qui transpirait le désir.

Il lui mordilla le lobe de l’oreille, provoquant chez Lyanna une réaction incontrôlable au niveau de son entre-jambe.

— Hugo, tu es là ? interrogea une voix derrière la porte, accompagnée de deux petits coups.

Le jeune couple paniqua et se rhabilla en vitesse. Lyanna sauta du bureau et s’éloigna d’Hugo, l’air de rien. Ce dernier alla ouvrir et découvrit Charlène, le poing levé, prête à retoquer. La jeune femme, d’abord souriante, s’assombrit à la vue de son élève dans un coin de la pièce, semblant chercher quelque chose. Elle posa à nouveau les yeux sur son collègue et vit sa chemise reboutonnée de travers. Il ne lui fallut pas plus de temps pour comprendre ce qu’elle venait d’interrompre et elle laisse s’échapper un « oh… » d’écœurement.

Elle partit en courant vers sa propre salle de classe et Hugo la poursuivit, à la surprise de Lyanna qui n’apprécia pas le voir courir après une autre femme.

— Charlène, attend ! s’écria Hugo en courant.

Il lui attrapa enfin le poignet et la força à lui faire face. La jeune femme ne parvenait pas à le regarder, sentant le dégout monter en elle à chaque fois qu’elle voyait ses yeux.

— Depuis quand ? demanda-t-elle enfin, la voix enrouée et l’estomac retourné.
— Après notre rupture. Je ne t’aurais jamais fait ça, tu dois me croire.

Il cherchait son regard, mais la jeune femme était toujours fuyante. Elle posa une main sur son ventre, comme si ce geste retiendrait les nausées qui s’accentuaient.

— Tu me donnes envie de vomir, lâcha-t-elle soudain, violemment, les yeux enfin plantés dans ceux d’Hugo, rendant cette phrase d’autant plus dure.

Le jeune homme ne répondit rien et laissa son ancienne copine s’éloignée au pas de course.
De retour dans sa salle de classe, Lyanna l’attendait de pieds fermes, bras croisés sur la poitrine.

— Faut le dire si je te dérange surtout !

Hugo sentit de la colère dans son ton, teinté d’une pointe de jalousie. Il sourit, amusé de cette réaction et tenta une approche pour l’embrasser, que l’adolescente esquiva, fâchée.

— Elle t’a recalé, alors tu reviens vers moi, c’est ça ? s’énerva-t-elle, le regard furieux.

Hugo nageait dans l’incompréhension. Il ne l’avait jamais vu ainsi. Face à lui se trouvait une toute autre personne qu’il ne connaissait pas, et qu’il ne souhaitait pas connaitre. Même physiquement il peinait à retrouver les traits de la jeune fille.

Il fit un pas vers elle, précautionneusement. Elle gardait cet air fermé et furieux qui l’effrayait un peu.

— Lyanna… Je voulais simplement m’assurer que Charlène ne dirait rien à propos de nous.

Mais l’adolescente ne pouvait rien entendre. Son cerveau étai prit d’assaut par des images de son amoureux et sa prof d’anglais et elle ne parvenait pas à s’en dépêtrer.  Elle tentait de se raccrocher à la voix d’Hugo, mais la colère prenait de plus en plus de place dans son esprit et embrouillait ses idées. Elle ne voulait pas tout gâcher, mais elle sentait qu’elle était au bord de l’explosion. Elle prit son sac et sortit de la pièce avant de déraper.

Dans le couloir, elle tomba sur Benjamin, qu’elle n’avait pas revu depuis qu’il avait discuté avec Hugo.

— Toi ! s’exclama-t-elle, laissant sa colère se déverser sur lui. Pour qui te prends-tu pour t’immiscer dans ma relation ?
— Ta relation ? reprit Benjamin en ricanant. Tu crois vraiment que c’est sincère entre vous ? Mais ma pauvre Lyanna, il m’a lui-même dit pendant la soirée du 31 que tu n’étais qu’un passe-temps.
— Tu mens !

Mais l’adolescente se laissa malgré tout entrainée dans les dires de son ex. Elle venait de le voir courir après son ex, et il n’avait pas hésité à rompre avec elle dès que Ben le lui avait demandé. Il devait y avoir un fond de vérité dans ce qu’il disait…

Elle sentit la tête lui tourner et s’adossa au mur. Hugo, qui l’avait entendu crier, vint à sa rencontre. Un petit groupe d’élèves était arrivé entre temps, admirant le spectacle offert par Benjamin et Lyanna.

— Mademoiselle Evans, tout va bien ?

Il voulait lui prendre la main, la serrer contre son torse, lui dire qu’il état là pour elle, et rien que pour elle. Mais face à tous ces étudiants, il se retint, gardant une posture professionnelle.

— Laisse-moi ! cria Lyanna en repoussant la main qu’il lui tendait avant de s’enfuir.

Benjamin regarda Hugo, l’air victorieux.

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