Vendredi 29 janvier – 19h30
Lyanna arriva au restaurant auquel l’avait convié Hugo pour leur premier mois de couple. Il était déjà installé mais fit preuve de beaucoup de courtoisie en se levant lorsqu’elle arriva.
Après leur dispute de la rentrée, les deux amants s’étaient vite réconciliés, ne pouvant se passer l’un de l’autre. C’était Hugo qui avait fait le premier pas. Lyanna était trop fière, elle ne voulait pas montrer qu’il lui manquait terriblement après trois jours de silence. Alors, il lui avait envoyé un message, puis l’avait retenu à la fin d’un cours, pour discuter. Il lui avait avoué n’avoir jamais rien ressenti pour sa collègue et qu’il n’avait jamais vécu une passion comparable à celle qu’ils partageaient tous les deux. La lycéenne s’était alors radoucit avec lui, passant toute sa colère sur Charlène.
— Lyanna, il faut que je te parle.
Il avait un ton très sérieux qui inquiéta la jeune fille. Voyant le doute apparaître dans ses yeux, il lui prit la main pour la rassurer.
— Ce n’est rien de grave, ne t’inquiète pas. Seulement, j’ai entendu dire que tu étais de plus en plus insolente en cours d’anglais.
Lyanna baissa les yeux. Depuis ce jour où elle avait vu son homme courir après sa prof d’anglais, elle avait développé une intense jalousie à son égard et lui faisait savoir dès qu’elle en avait l’occasion. Charlène savait ce qu’il se passait entre son ex et son élève et elle avait beaucoup de mal à le concevoir et à parler à nouveau à Hugo. Malheureusement, Lyanna ne la lâchait pas. Elle la fusillait du regard dès qu’elles se croisaient dans les couloirs du lycée, elle lui répondait devant tous les élèves, et parfois même devant un autre adulte. Elle n’avait plus aucune limite. Charlène avait même trouvé des insultes à son encontre, couchées sur un bout de papier, en boule sous la table de la jeune fille. À bout, elle s’était mise en arrêt depuis une semaine. Elle n’en avait parlé à personne, ne souhaitant pas mettre Hugo en porte-à-faux. Elle avait demandé à son médecin un arrêt maladie, simulant une grosse grippe, puis avait mis Hugo dans la confidence lorsqu’après trois jours d’absence, le jeune homme s’était inquiété.
— Pardon ? s’exclama Lyanna avant de baisser d’un ton à la vue de tous les clients du restaurant retournés vers leur table. Tu lui as envoyé un message ?
Instantanément, ses traits se durcirent, ses yeux s’assombrirent. Elle retira sa main de celle d’Hugo qui se pencha vers elle et chuchota :
— Nous avons déjà eu cette discussion, Lyanna. Tu ne peux pas m’empêcher de parler à une collègue et tu dois me faire confiance. Il n’y a que toi dans mon cœur, je te le promets.
Il trouvait toujours les mots justes pour la rassurer et la calmer. Elle ne comprenait pas comment ni pourquoi, malgré son caractère et son tempérament de feu, il s’accrochait à elle ainsi.
Elle fit un timide sourire puis se pencha à son tour pour venir rencontrer ses lèvres.
— Tu me rends fou, souffla-t-il à son oreille, éveillant une vague de désir chez la jeune fille.
Ils passèrent le diner à s’échanger des regards lubriques, leurs pieds remontant et descendant le long du mollet de l’autre.
Avant de la déposer chez elle, Hugo l’emmena à son domicile pour continuer la soirée comme ils l’attendaient tous deux depuis le début du repas.
Le lundi suivant, Charlène se montra à nouveau au lycée, la mine défaite, les joues creuses et des cernes si marquées que même son maquillage peinait à les camoufler.
Lyanna lui demanda à lui parler. Sa prof laissa entrer les autres élèves de la classe puis resta dans le couloir pour écouter la jeune fille. Elle était froide, renfermée. Ses bras croisés sur sa poitrine n’invitaient pas à la discussion. Lyanna se tortillait les mains, mal à l’aise. Elle n’avait pas pour habitude de s’excuser. Mais elle le devait à Hugo, alors, elle se lança.
— Écoutez… je voulais vous présenter mes excuses pour le comportement que j’ai eu ce dernier mois.
Charlène n’arrivait pas à accorder un quelconque crédit à cette adolescente qu’elle ne connaissait que trop bien. La jeune fille était trop changeante pour que Charlène puisse lui faire confiance. Elle savait aussi que cette démarche ne venait pas d’elle, Hugo avait dû passer par là. A cette idée, elle sentit son cœur prendre un coup invisible et se rendit compte qu’elle l’aimait encore, bien plus qu’elle ne le voulait, accentuant la dure vérité qui lui faisait face : il avait choisi Lyanna.
Charlène ne répondit rien, montrant ainsi à l’adolescente qu’elle ne l’excusait pas pour tout ce qu’elle lui avait fait subir, puis, elle s’écarta du chemin pour la laisser rejoindre sa classe. Lyanna alla s’installer aux côtés d’Ella.
— On sort ce soir avec la bande, tu viens ? proposa Ella d’un ton enjouée, hâte de passer du temps avec sa meilleure amie.
— Non, je vois Hugo.
— Lyanna ! ça fait un mois qu’on ne s’est pas vu en dehors du lycée ! Tu passes tout ton temps avec lui…
Ella n’avait pas tord. À la moindre occasion, son amie retrouvait leur professeur de mathématiques chez lui pour savourer ces quelques moments d’intimité loin du monde. Bientôt, elle serait majeure et ils ne seraient plus obligés de vivre leur amour cachés. Mais pour l’heure, personne ne devait savoir.
Lyanna avait finit par se couper de ses amis, même les plus proches comme Ella ou Carrie. Lorsqu’elle n’était pas au lycée, elle était à son poste de serveuse ou dans les bras d’Hugo. Chaque instant séparé de lui était trop dur à vivre. Même les moments où ils n’étaient pas physiquement ensemble, son esprit voguait vers son amoureux et Lyanna n’était jamais pleine présente, quoiqu’elle fasse.
— Venez au bar demain, je pourrais être avec vous pendant ma pause.
— Ouais, génial ! répondit froidement Ella, coupant court à la conversation.
Le cours d’anglais s’effectua sans encombre, Lyanna avait réussi à se faire oublier. Son problème arriva lors du cours de monsieur Daniels, à l’heure d’après.
L’une de ses camarades demanda de l’aide à leur professeur. Il se mit dans son dos et posa ses mains sur la table, encadrant la lycéenne de ses bras musclés. Lyanna observa la scène de sa place et sentit la colère montée en elle. Elle cassa le crayon qu’elle tenait, sans même s’en rende compte. Dans le silence environnant, le bruit de bois brisé résonna. Hugo tourna la tête vers Lyanna et la vit le fusiller du regard. Il se redressa rapidement et termina d’aider son élève, à bonne distance.
Lorsque la sonnerie retentit, Hugo laissa la classe sortir puis intercepta Lyanna, qui refusait de le regarder. Le jeune professeur, percevant des regards d’élèves commères s’immiscer dans sa salle, alla fermer la porte. La jeune fille n’avait pas bougé, comme pétrifiée. Elle était restée dos à la sortie. Hugo vint lui prendre les épaules, délicatement, puis libéra le cou de l’adolescente de ses longs cheveux pour venir y déposer de tendres baisers.
Lyanna sentit son corps frissonner, mais se dégagea malgré le plaisir grandissant de l’étreinte de son amant.
— Arrête, Hugo !
Ce dernier souffla. Il ne savait jamais sur quel pied danser avec la jeune fille.
— Qu’est-ce que tu veux, Lyanna ? demanda-t-il, sèchement. Que j’arrête d’enseigner ? Que je ne me consacre qu’à toi ? C’est impossible !
Lyanna ne l’avait jamais vu aussi mécontent. Elle arrivait toujours à l’adoucir mais là, elle ne savait plus quoi dire, ni quoi faire. Elle sentait bien qu’elle exagérait, mais c’était plus fort qu’elle.
— Désolée, dit-elle simplement, la tête basse, avant de quitter la salle, sans un geste d’affection envers Hugo, qui ne la retint pas.
En arrivant dans la cours, la mine renfrognée, elle s’assit sans un mot avec son groupe d’amis.
— Ça ne va pas ? s’inquiéta Carrie en s’asseyant près d’elle.
— Si, si, ça va. Je vais sortir avec vous ce soir finalement, lança-t-elle à l’intention de tout le groupe, affichant un faux sourire sur son visage, dont les yeux remplis de larmes la trahissaient.
Le soir venu, les amis se rejoignirent à leur bar habituel. Lyanna avait la ferme intention de montrer à Hugo que leur dispute ne l’empêchait pas d’avancer. Elle se prit en photo avec tous les garçons qu’elle croisait, elle bu plus que de nécessité et envoya chacune de ses photos à Hugo, sans jamais recevoir de réponse. Un cercle vicieux s’instaura alors : le manque de réponses de son amoureux la rendaient encore plus triste et amer. Elle prit plus de photos avec tous ces garçons qui lui tournaient autour, qu’elle continua d’envoyer à Hugo, et bu davantage d’alcool…
La soirée se termina la tête dans les cuvettes, et ses deux amies qui la trainèrent jusqu’à son lit.
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Soupçons [TERMINEE]
General FictionHugo, 30 ans, professeur au lycée. Lyanna, 17 ans, fille populaire, prête à tout pour avoir ce qu'elle désire. "- Savez-vous pourquoi vous êtes ici aujourd'hui ? - On m'accuse de harcèlement. Et de viol." Que s'est-il passé pour en arriver au procès...