Fille De Dragon [TERMINÉE]

Chapitre Vingt

- Où est Papa ? Demandais-je d'une voix plus fluette que d'ordinaire.

Un elfe se retourna vers moi, sans pour autant me répondre. Sa taille m'étonna. Il était très grand, ou c'était moi qui avait rapetissée. Nous étions entourés d'arbre, et je compris que nous étions dans la forêt noire.

- Avance, tu poseras des questions plus tard. Grommela quelqu'un dans mon dos.

Je me retournai à demi, toujours en marchant, et fut surprise de voir un autre elfe, de la même taille que l'autre, me suivre la mine sombre. Décidément, quelque chose clochait. Qu'est-ce que je fichais ici ? Et pourquoi je ne reconnaissais pas ces deux elfes, qui pourtant, portait les couleurs de l'armée des elfes sylvestres ?

- Qui êtes-vous ? Questionnais-je de nouveau.

Encore une fois, je remarquai que ma voix était plus aiguë qu'à l'ordinaire. C'était perturbant. Était-ce à cause de ma petite taille ?

Aucun des deux elfes ne me répondit. Je fronçai les sourcils. Quelque chose clochait, et je n'arrivais pas à savoir quoi.

- Où est mon père ? Insistais-je encore.

Ma bouche avait parlé toute seule. Papa était mort, pourquoi me posais-je cette question ?

- Il nous rejoindra plus tard, répondit l'elfe qui me précédait sans se retourner.

N'importe quoi, songeais-je. Il mentait. Mais d'où me venait cette certitude ? Mon esprit était embrouillé ; mon père était mort et pourtant une part de moi était certaine qu'il était bien vivant, et qu'il ne nous rejoindrait pourtant pas plus tard. Comme si deux moi à deux époques différentes se retrouvaient en cet instant, dans un même corps. Et vu que j'étais plus petite que d'habitude, il n'était pas difficile de déterminé le « quand ». Cela devait être à l'époque où je vivais encore avec Papa. Alors... J'étais en train de rêver ?

La moi plus jeune ne pensait pas à tout ça, et ma main se souleva toute seule, sans que je puisse intervenir. Deux secondes plus tard, ma magie affluait, moins puissante que d'habitude, mais certainement suffisante pour mettre chaos les deux elfes qui m'emmenait on ne sait où. Je sentis les sensations habituelles que provoquaient l'utilisation de mes pouvoirs, des picotements au bout de mes doigts et une chaleur surnaturelle se rependant dans tout mon corps. La mini moi allait attaquer.

Sauf que je ne fus pas assez rapide, et l'elfe derrière moi attrapa mon bras droit, en criant à l'autre de se tenir sur ses gardes. Je levai mon autre main, mais un grand coup derrière ma nuque m'empêchai de riposter, et je sentis ma magie quitter mon corps tandis que des étoiles dansaient devant mes yeux. Moitié assommée, je serrai les dents. La mini moi était déçue de ne pas avoir pu s'enfuir à l'aide de sa magie, et je me rendis compte à quel point j'avais progressé. Si j'avais eu toute mes capacités d'adulte, les deux elfes seraient déjà hors jeu.

- Aria !

Je clignai des yeux, reconnaissant la voix de Bilbon. Tiens ? Lui aussi faisait parti de mon rêve ? Étrange...

- Aria ! Répéta le hobbit.

Je fronçai les sourcils tandis que la mini moi avait de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts. Bon sang, mais qu'est-ce qui se passait ? Où était Bilbon ?

- Aria !

Cette fois-ci, je sursautai et ouvris les yeux pour de bon. J'étais assise sur le sol rocheux, et Bilbon était accroupis près de moi. Je clignai des paupières... J'avais donc bien rêvé. Sauf que ça paraissait très réel... Et que ça ressemblait à une tentative de m'enlever à mon père. Est-ce que la conversation que j'avais eu avec Bard m'avait chamboulée à ce point ?

- Vous allez bien ? Vous semblez perdue... S'inquiéta le hobbit en me sortant de mes pensées.

Je me tournai vers lui. Le soleil était couché, et mes souvenirs revenaient peu à peu. Après que Bard soit parti, j'avais décidé de dormir un peu pour me reposer avant la bataille qui allait survenir inévitablement. Je ne pensais pas sombrer aussi facilement dans un sommeil de plomb, cependant...

- Tout va bien. Le rassurais-je en m'étirant. Que faites-vous ici ? Vous n'êtes plus avec les nains ?

Bilbon fit la grimace, tout en se relevant et en époussetant ses vêtements. Je fis de même pendant qu'il répondait à ma question.

- Non. J'ai décidé qu'il était grand temps d'aller voir Bard et les autres. Et de leur donner... Ça. Pour éviter la guerre.

J'ouvris grand la bouche en le voyant sortir de sa poche intérieur l'Arkenstone, le joyau du Roi sous la Montagne. La seule chose que Thorin convoitait tant depuis que nous avions chassé mon père d'Erebor.

- Mais... Mais... Béguayais-je.

Depuis quand il avait ce truc ?

- J'ai réussi à le prendre quand Smaug tentait de me tuer, m'expliqua le petit hobbit. Je l'ai caché tout ce temps, parce que Thorin... Enfin, vous savez. Soupira-t-il.

Je voyais bien qu'il était inquiet, et j'hochai la tête.

- Je comprends. Vous avez bien fait de ne pas lui donner, répondis-je en repensant au Thorin cupide et égoïste que j'avais vu avant de quitter Erebor.

- Venez donc avec moi, offrit le hobbit en se tournant vers Dale. Vous n'allez tout de même pas rester ici, toute seule.

Je fis la grimace.

- Je ne veux pas que les elfes me voient. N'oubliez pas que la dernière fois, c'était dans un de leurs cachots que j'étais.

- Ah... Oui, j'avais oublié ! D'ailleurs, pourquoi y étiez-vous ?

- C'est une longue histoire... Soupirais-je.

Je restai silencieuse quelques instants. Maintenant que j'étais réveillée, je n'avais pas très envie de rester toute seule ici. J'allais m'ennuyer, et en plus, même si une bataille se préparait, il allait falloir que je me cache constamment pour éviter Aran Thranduil. Ça ne m'arrangeait clairement pas. Alors... Pouvais-je crever l'abcès maintenant, et suivre Bilbon ? En soit, j'avais fait ce que le Roi m'avait demandé, à savoir, tuer mon père... Est-ce que cela suffirait-il pour que je ne sois pas immédiatement renvoyer dans un cachot ? Bonne question...

- Aria ?

- Mmh ? Ah oui, pardon, je réfléchissais ! Je viens, finalement, décidais-je.

Bilbon me fit un sourire.

- Bien, allons-y alors.

Tandis que je le suivis en silence, mes pensées divaguèrent, revenant vers mon rêve. Ou plutôt, mon souvenir, me corrigeais-je en fronçant les sourcils. Parce que je ne pouvais pas croire que cela était un simple rêve ; pas en sachant que je n'avais justement aucun souvenir de mon ralliement auprès des elfes, de l'abandon de mon père... Je ne me souvenais même pas lui avoir dit au revoir. Et ça, c'était vraiment très étrange ; de plus, le comportement de Papa, qui pensait que je l'avais trahit, allait dans ce sens. Et si les elfes m'avaient vraiment enlevé ? La question qui demeurait, c'était comment ils avaient réussi à me faire oublié tout ça pendant toutes ces années. Le comment n'était pas très compliqué : Thranduil avait dû avoir vent de mes dons de sorcière, et m'avait enlevé pour tuer mon père quand je serais devenue adulte. Je serrai les dents. Quel manipulateur, celui-là ! 

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