Fille De Dragon [TERMINÉE]

Chapitre Seize

Papa semblait enfin désarçonné, perdu et apeuré. Mais je n'arrivais pas à le prendre en pitié. Plus maintenant. Pas après ce qu'il avait tenté de faire sous mes yeux, sans une pointe de compassion. Déverser sa colère sur moi, pourquoi pas. Mais prendre une nouvelle fois la vie de centaines d'innocents, il n'en était pas question. Je ne pouvais tolérer ça.

- J'aurais dû laisser Bard te tuer tout à l'heure ! Regrettais-je tandis qu'un autre éclair vrilla le ciel.

Mon père gronda, mais sa belle assurance semblait volatilisé. Alors ça y est, il me voyait maintenant ? Il redevenait gentil de peur que je ne le tue ?

- Du calme Aria. Lâcha-t-il en jetant un coup d'œil au ciel. Tu surréagis.

- Je surréagis ?! MOI ? Répétais-je encore plus furieuse. Qui a faillit tuer...

- Ce ne sont que des insectes ! Ils sont égoïstes, lâches... Cracha Papa en direction des humains.

- Tu viens de te décrire parfaitement bien, rétorquais-je, hors de moi.

D'un geste de la main, un éclair tomba du ciel. Papa l'esquiva de justesse, et je le fis disparaître avant qu'il ne touche la terre. Je retentai l'expérience. Une nouvelle fois, mon père se décala de côté, sans trop de mal. Voir que je ne le touchais pas raviva son assurance, et au bout de la quatrième fois, il se mit même à rire ironiquement. Je ne dis rien, toujours autant furieuse, et lançai encore éclairs sur éclairs, jusqu'à ce que nous ne soyons plus au-dessus de la ville.

- Bien, commentais-je satisfaite. Passons aux choses sérieuses.

Papa observa d'un coup d'œil les alentours, et gronda en comprenant que j'avais fait exprès de le louper pour qu'on s'éloigne petit à petit de Lacville. Ici, j'allais pouvoir y mettre toute ma force sans blesser personne d'autre que celui qui le méritait : Smaug.

- Sale petite... Pesta-t-il entre ses dents.

Sa colère semblait revenue.

- Tu penses pouvoir me tuer ?! Ne m'en as-tu pas déjà assez fait ?!

- ASSEZ ! Hurlais-je en le coupant, ne pouvant pas entendre un mot de plus sans perdre tout le peu de contrôle qu'il me restait sur ma magie.

Un autre éclair, plus puissant que tous les précédents s'abattit sur lui. Il ne put l'esquiver, et une de ses ailes fut touchée. Il me lança un regard lourd de reproches, que je lui rendis et laissa tomber de nouveau un autre éclair furieux. Cette-fois, il répliqua avant que l'éclair ne le touche, et j'esquivai la gerbe de flamme tandis qu'il esquivait la décharge d'électricité.

Sans prendre le temps de reprendre mon souffle, je lançai de nouveau un éclair. Il le toucha en plein sur le dos, le laissant meurtri et hurlant de douleur.

- Ce n'est pas comme ça que tu me tueras ! Cracha-t-il avec hargne.

Il lança une nouvelle gerbe de flammes. Cette-fois, j'abandonnai les éclairs et le ciel, utilisant les flammes à mon avantage. D'un revers de la main, je les fis changer de direction, droit vers mon père. Il se mit à rire.

- Et pas comme ça non plus !

- Tu crois ça ? Répliquais-je froidement.

La flambée passa sous son ventre et il allait répondre sans esquiver quand ses yeux s'ouvrirent de stupeur. J'éteignis la gerbe de flammes, laissant apparaître la flèche noire, plantée dans le ventre de Smaug, que j'avais dissimulé dans le feu.

Son corps fut secoué de spasmes, puis il s'écroula sur le sol, le souffle rauque et court. Il n'en avait que pour quelques minutes, désormais. Je me posai à côté de lui, tandis que le ciel reprenait un bleu nuit calme et que ma colère retombait peu à peu. L'adrénaline qui m'avait fait tenir jusque là s'envola, et me laissa fatiguée, engourdie, et complètement vidée. Je tombai à genoux.

- ... Ria... Aria... Murmura Papa, la respiration sifflante.

Je m'approchai en rappant, incapable de me remettre debout. Lui aussi semblait plus calme. Sa colère était partie. Un sentiment de tristesse m'envahit quand nos regards se rencontrèrent pour la dernière fois.

- Papa... Je...

J'éclatai en sanglots.

- Je suis désolé ! Soufflais-je entre mes larmes.

- J'ai... Peu importe... Ce n'est pas ta faute.

- Mais c'est moi... C'est moi qui...

C'est moi qui t'ait tué.

- Tu es resté fidèle à toi même, souffla-t-il. Je te pardonne, petite.

- Me... Pardonner de quoi ? Sanglotais-je.

- De m'avoir trahi.

- Mais je ne t'es pas trahi ! Rétorquais-je en reniflant. De quoi tu parles ?!

Papa cligna plusieurs fois des paupières, luttant certainement pour les garder ouverts.

- Quand tu es parti avec les elfes... Sans me dire au revoir... Murmura-t-il faiblement.

- Qu... Quoi ? Mais... Je...

Je fronçai les sourcils, forçant à me rappeler. Que c'était-il vraiment passé ce jour-là ? Je ne m'en souvenais pas... Avais-je vraiment laissé mon père tout seul sans au revoir ? Comment aurais-je pu...

Les souvenirs que j'essayais vainement d'évoquer ne revenais pas. Pourquoi ?

- Ne te tracasses pas, souffla de nouveau mon père.

- Je t'aime Papa, je ne t'ai jamais oublié ! Je... Je ne me souviens plus de ce jour-là, mais quoi qu'il se fut passé, je ne t'ai jamais détesté. Murmurais-je en reniflant.

- Sauf ce soir, se moqua Papa en riant.

Son corps se souleva dans un rire, mais il fut vite étouffé par une quinte de toux. Je me pinçai les lèvres.

- Tu as bien fait, dit-il encore. Je n'aurais jamais arrêté. J'étais... Aveuglé...

- Papa...

- Tu m'as tant manqué, Aria... Quand j'ai... Cru que tu m'avais abandonné, trahi... Je suis devenu fou de rage... Mes instincts ont repris leurs droits sur moi. J'ai tué, massacré pour de l'or... Et plus rien... Plus rien ne comptait vraiment...

- J'aurais aimé que ça se termine autrement, lui confiais-je en pleurnichant.

- C'est comme ça... Et c'est peut-être mieux ainsi.

Une nouvelle quinte de toux le coupa. Mes larmes coulèrent encore, et je posai une main chaude sur sa joue.

- Papa...

- Ma petite Aria... Tu as bien grandi. Tes pouvoirs sont magnifiques...

- Qu'est-ce que je vais faire maintenant... ? Murmurais-je.

- Vivre...

Sa voix s'éteignit dans un souffle, et toute la chaleur qui restait quitta son corps, me laissant seule, larmoyante, dans le ciel qui s'éclaircissait d'un jour nouveau. 

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Fille De Dragon ~ Nouveau chapitre tous les deux jours, à partir de dix heures ♦