Chapitre Vingt-Cinq

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Décidée, je me mis à courir vers Erebor, invoqua ma magie, et vola au-dessus des immenses pierres qui formait la porte pour entrer dans la Montagne. Puis, je me laissai retomber souplement de l'autre côté, au milieu des nains à la mine sombre et inquiète. En me voyant, ils furent surpris, mais une lueur d'espoir anima leurs visages.

- Aria ! S'exclama Balin. Que faites-vous ici ?

- Je vais chercher Thorin pour que vous nous rejoignez dans les combats. Vos alliés commencent à perdre espoir ! Il faut absolument que vous veniez motivé les troupes sinon on va tous perdre ! Annonçais-je de but en blanc en marchant vers l'intérieur de la Montagne.

Pas la peine de me retourner, pour voir le visage de Balin s'assombrir de nouveau.

- Aria, je ne crois pas que...

- Peu importe. C'est votre Roi, pas le mien. Que je lui manque de respect ou que je lui fiche une ou deux claques, ça ne changera rien pour moi.

Et la claque, il la méritait. Notre dernière discussion me restait encore en travers de la gorge, et je me sentais encore en colère contre lui. Je me sentais humiliée, vu comment il m'avait laissé tomber, même si je savais qu'il n'était pas dans son état normal. C'était plus fort que moi, je n'arrivais pas à oublier mes sentiments ou à passer outre.

Thorin n'était pas dans la salle du trône, où j'étais pourtant persuadée qu'il y serait. Aucun nain à l'horizon, et je n'avais pas le temps de jouer à cache-cache.

- THORIN ! Beuglais-je en tournant autour de moi, le cherchant du regard.

Ma voix résonna dans les pièces vides et sans vies, et aucune réponse ne me parvint, à ma plus grande frustration. Je serrai les dents, contrôlant à grande peine la colère qui bouillonnait dans mes veines. On avait aucune minute à perdre !

J'ouvris la bouche, bien décidée à hurler jusqu'à ce que Écu-De-Chêne pointe le bout de son nez, quand un raclement de sol résonna derrière moi. Je me retournai, le regard furibond. Thorin me faisait face, avançant prudemment, comme si j'allais lui sauter à la gorge à tout instant. Et il n'avait pas tout à fait tort. Je remarquai à peine qu'il n'avait plus sa couronne et le manteau richement décoré.

- Te voilà, lançais-je de but en blanc en m'avançant vers lui. On va devoir avoir une petite discussion, que ça te plaise ou non, fulminais-je.

Un mètre seulement nous séparait encore quand il leva les mains en signe d'apaisement.

- Aria... Commença-t-il avec calme, mais je ne le laissai pas terminer.

- TON peuple se bats dehors pour TON trône ! Clamais-je, furieuse. Alors tu vas sortir de ton trou, et allez leur donner un coup de main !

- C'est ce que...

- J'ai autre chose à faire que de jouer les baby-sitter, figures-toi ! Alors BOUGE !

Mon dernier mot résonna avec colère dans toutes les salles, pendant que je reprenais mon souffle. Ma colère retombait un peu, crier m'avait fait du bien.

- Aria, relança doucement mon interlocuteur, c'est moi, Thorin.

Ma colère me remonta de suite au visage.

- Ah bon, sans blague ? Tu pensais que je parlais à qui ? Au tapis ou à la colonne de pierre ? Cinglais-je, cette fois sans crier.

- Non, je veux dire, c'est moi, j'ai repris mes esprits. Précisa Thorin pendant que je commençais à comprendre où il voulait en venir. Et je suis désolé pour ce que je t'ai dit.

J'allais ouvrir la bouche pour relancer une pique acerbe, mais quand l'information parvint à mon cerveau, je n'eus plus aucune réplique à sortir. Thorin me sourit, et croisa les bras.

- Tu pourras me frapper autant que tu voudras après, mais comme tu l'as si justement fait remarquer tout à l'heure, nous avons plus urgent à faire.

- Je... Oui. Soufflais-je, encore surprise. Mais... Comment... ?

Comment avait-il fait pour redevenir lui-même ?

Thorin s'avança vers moi, et le mètre qui nous séparait disparu, laissant seulement quelques centimètres.

- Je n'ai pas de réponse claire. Mais finalement, j'ai réussi à ouvrir les yeux.

- Et...

Je ne savais pas comment tourner ma phrase. Et pour notre baiser ? C'était rien ou... ? Maintenant que ma colère était retombée, je me sentais surtout fatiguée. Utiliser ma magie sur deux personnes, plus les combats de tout à l'heure m'avait exténués, même si je n'avais pas remarqué avec l'adrénaline. Mais dans ce calme, loin de la bataille, je ressentais tout mes muscles courbaturés et la fatigue me tomber dessus.

- Nous parlerons après les combats, d'abord, nous avons plus urgent. Répéta Thorin, sans pour autant bouger. Je... Enfin, pour le moment...

Il s'avança un peu plus près, hésitant quelques secondes, mais finit par poser un léger baiser sur ma joue, avant de partir vers la porte d'Erebor. Je restai muette et statique, clignant des paupières, surprise de sa réaction et encore plus de la mienne. Je n'avais pas bougé d'un pouce, comme si c'est ce qu'inconsciemment j'attendais qu'il fasse. Pourquoi ? Pourquoi me sentais-je si attiré par lui alors qu'on se connaissait à peine ? Quoi qu'il se passe, j'avais toujours des sentiments forts envers lui, que ce soit de la joie, de l'attirance, de la haine ou de la colère. Pourquoi ?

Indis et ses papillonnements de cils dansèrent devant mes yeux, répétant avec passion « C'est l'amour Aria ! » ; je me secouai.

- Bon sang, je fais quoi, moi ? Me parlais-je toute seule, les joues en feu.

Il fallait que je bouge, on avait une guerre à gagner.

***

Mille ans plus tôt – Quelque part sur Terre

- Une Mi-elfe Mi-sorcière ? Une hybride ? Murmura Thranduil Vertefeuille, surpris.

Ce Thranduil était plus jeune que celui que nous connaissons, et se tenait debout, dans une grande pièce semblable à une salle de trône. Devant lui, une femme à la peau couleur de nuit lui faisait face. Elle avait le regard d'un gris perçant, et ses cheveux bouclés formait une couronne dorée autour de sa tête.

- Effectivement, acquiesça-t-elle avec calme. Ce bébé a été recueilli par Smaug, le doré. Je ne sais pas encore pourquoi, mais il semblerait qu'il soit décidé à ne pas la tuer.

Thranduil fronça les sourcils, pensif.

- Un hybride, recueilli par un dragon, ne peut que devenir dangereuse... Songea-t-il à haute voix. En savez-vous plus sur ce bébé ? Questionna-t-il en relevant son regard vers la femme.

Cette dernière fronça à son tour les sourcils.

- Un hybride est un être très rare ; il n'en existe que quelques uns sur des millénaires. Il y a eu beaucoup de théories sur eux, et leur existence. De ce que je sais de source sûre, c'est qu'un hybride naît lorsque deux personnes se promettent et désir ardemment, par-dessus tout, se retrouver dans une autre vie lorsque la leur touche à sa fin.

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Fille De Dragon ~ Nouveau chapitre tous les deux jours, à partir de dix heures

Fille De Dragon [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant