Chapitre Dix

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Entre colère et déception, je restai assise sur les marches en pierre, la tête entre les mains. Pourquoi les nains avaient-ils abandonné si vite ?! Qu'est-ce qui nous avaient échappé ? J'avais beau me creuser les méninges, je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi nous n'avions pas trouvé la porte. Si près du but, et me revoilà à la case départ... C'était tellement frustrant !

J'en étais là dans mes réflexions quand la voix de Bilbon me parvint, pleine d'espoir.

- Revenez ! J'ai trouvé ! Revenez, je sais comment ouvrir la porte ! Hurlait-il à tue-tête au-dessus de moi.

Je relevai la tête, surprise. Comment cela ?! Ni une ni deux, je me relevai d'un bond, gravissant les quelques marches qui me séparaient du petit hobbit.

- Bilbon ! M'écriais-je en me précipitant vers lui. Qu'est-ce que vous avez dit ?!

Toujours aussi excité, il tournait sur lui-même, tout en m'expliquant.

- Où est la clé ?! J'ai compris Aria, comment ouvrir la porte ! Regardez le mur !

Pendant qu'il cherchait encore la clé, je portai mon regard vers le mur de pierre grise... Où la serrure se reflétait à la lumière de la lune...

- La dernière lumière du jour de Durin... Murmurais-je en levant les yeux vers le cercle blanc. Bien sûr, la lumière de la lune...

C'était évident en fait.

- Bien joué, Bilb... Attention ! M'écriais-je en le voyant tourner encore sur lui-même.

La clé était à ses pieds, tout près, et quand il bougea, je n'eus pas le temps de la rattraper ; il l'envoya valser d'un coup de pied involontaire, vers le vide.

Je retins ma respiration, et par je ne sais quel miracle, Thorin surgit sous mes yeux, rattrapant la clé au vol, un pied encore sur la dernière marche de l'escalier en pierre. Nous nous regardâmes quelques secondes en silence, soupirant de soulagement. On avait failli à la catastrophe.

Thorin s'approcha de la serrure lumineuse, à côté de moi, tandis que les autres nains arrivaient, en fil indienne. Leurs yeux s'agrandissaient de stupeur en voyant la serrure, comme moi quelques instants plus tôt. Tout le monde retint son souffle quand Thorin tourna la clé, poussant ensuite la lourde porte en pierre. Un silence long et presque religieux suivit l'ouverture de la porte, et nous observâmes l'entrée d'Erebor. Ça y est, nous y étions enfin...

Thorin entra doucement, et quand il murmura, on ressentait toute son émotion. Il caressait la paroi, regardait les murs, et d'autres nains le suivirent en faisant les mêmes gestes. J'imaginais leur joie et leur tristesse de redécouvrir leur maison, qu'ils avaient dû abandonner aux mains d'un dragon... Smaug, mon père. Ma nervosité revint ; était-il à l'intérieur de la Montagne ? J'avais hâte de le savoir...

Ne pouvant attendre plus longtemps, je profitai que les nains ne me remarque pas pour filer en douce dans les couloirs sombres d'Erebor. Ils retournaient tous à l'extérieur, et pendant qu'ils avaient le dos tourné, je me glissai dans les profondeurs de la montagne, aussi silencieusement que possible. J'étais presque descendu au premier tournant qui me ferait disparaître de la vue de la petite troupe quand Thorin me retint par le bras. J'étouffai un juron, et me tournai en gardant une expression innocente.

- Où alliez-vous ? M'interrogea Thorin l'air suspicieux.

- Quoi ? Vous n'êtes pas curieux de voir ce qu'il y a en bas ? Répliquais-je avec légèreté.

- Aria...

Il jeta un coup d'œil derrière son épaule, faisant signe à Balin de suivre les autres dehors. Ensuite, il se tourna de nouveau vers moi, en baissant la voix.

- Il y a un dragon en bas. C'est dangereux.

- Je sais. Murmurais-je à mon tour, un peu surprise qu'il baisse d'un ton. Mais... Ne vous inquiétez pas, je ne risque rien.

Il secoua la tête.

- Savez-vous pourquoi Mr Sacquet nous accompagne ?

Je secoua à mon tour négativement de la tête. Je ne m'étais jamais posé la question...

- C'est notre cambrioleur.

- Hein ?

- Il va récupérer le Joyaux du Roi, pendant que Smaug dort.

- Quoi ?! Sifflais-je en comprenant ce que cela impliquait. Mais vous voulez le tuer ?!

J'étais complètement abasourdie. Il voulait reprendre un misérable cailloux en mettant en jeu la vie de l'un de ses camarades ? Et ça ne lui faisait ni chaud ni froid ? Je reniflai avec mépris. Je m'étais bien trompé sur son compte.

- Ne vous inquiétez pas, me rassura-t-il, j'ai confiance en Bilbon.

- Parce qu'il ne vous trahira pas ? Raillais-je, dégoûtée.

Il fronça les sourcils, se rapprochant un peu de moi. Je ne me laissai pas impressionner, et plissai des yeux, tous mes sens en alerte.

- Ne vous méprenez pas, je ne veux pas sa mort ; je sais qu'il est capable de récupérer le Joyaux, parce qu'il m'a prouvé plus d'une fois qu'il était tout à fait capable de le faire !

- Alors pourquoi vous parlez tout bas ? Puisque vous semblez si fier de lui, allez donc le dire tout haut ! Pourquoi sinon me le dire en privé, en étant certain que personne ne nous entende ?

Quelque chose clochait, et j'avais un mauvais pressentiment. Je me pinçai les lèvres, attendant sa réponse. Il soupira, regarda une nouvelle fois derrière son épaule, puis m'entraîna dehors. Je le suivis sans trop protester, mais une fois à l'extérieur, je tirai violemment mon bras pour qu'il me lâche.

- Alors ? Insistais-je en croisant les bras.

- Allez-y, ordonna Thorin en direction de Balin et Bilbon.

Le nain à la barbe blanche hocha gravement la tête, et entraîna le hobbit avec lui dans les entrailles de la Montagne Solitaire. Mon mauvais pressentiment ne me lâchait pas, et je commençais à m'impatienter.

- Thorin... Menaçais-je en grondant.

- Bilbon n'était pas au courant, pour le dragon. Lâcha mon interlocuteur en scrutant l'horizon, évitant ainsi mon regard.

- Je... Pardon ? Vous lui demandez de récupérer votre fichue pierre, sans le prévenir qu'un dragon peut le tuer à tout moment ?! Glapis-je, hors de moi.

C'était vraiment le pire de tous les crétins !

- Balin va l'informer, avant qu'il n'y aille. Ajouta Thorin d'une voix calme.

- Oh mais bien sûr, ça fait toute la différence maintenant ! Éclatais-je. Puisque maintenant, il n'a plus le choix !

Je me tournai vers les autres, et tous évitèrent de me regarder. J'étais dégoûtée. Aucun d'eux n'avaient pris la peine de penser à leur soit-disant compagnon. Les nains étaient vraiment abjectes.

Ne pouvant plus rester sans rien faire, je me ruai dans les escaliers sombres d'Erebor. Personne ne m'en empêcha, ce qui m'arrangeait bien. Je descendis quatre à quatre les marches, jurant entre mes dents à chaque pas. Je n'arrivais toujours pas à y croire. Dire que le petit hobbit m'avait aidé à sortir des cachots ! J'avais une dette envers lui, et c'était bien le moment de m'en acquittée !

En chemin, je croisai Balin, qui fut surpris de me trouver là, rouge de colère, descendant comme une furie les marches.

- Aria ! S'écria-t-il à voix basse. Que faites-vous ici, c'est...

Je n'entendis pas la fin de sa phrase, tournant encore à l'angle droit, descendant les dernières marches menant à la Salle du Roi.  

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Fille De Dragon ~ Nouveau chapitre tous les deux jours, à partir de dix heures

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