Chapitre Vingt-Sept

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Pendant que Thorin et trois autres nains chevauchaient des montures que je ne saurai nommé, je courais à grande vitesse, juste derrière eux. Ma magie fonctionnait à plein régime, parcourant mes veines, boostant mes capacités à son maximum. Peu d'ennemis nous pourchassèrent, trop occupés à combattre les autres, restés à terre ; pourtant, vu notre équipe de choc, ils auraient mieux valu nous arrêter. Tous les cinq, nous étions déterminés à en finir, et tuer l'orque qui menait à bien les opérations, là-haut sur la tourelle vers laquelle nous nous dirigions.

Au fur et à mesure que nous gravissions la pente menant à la tourelle, il y avait de moins en moins d'ennemis. Bientôt, le silence prit place lorsque nous nous stoppâmes face à la tour, dominant la bataille qui se déroulait encore dans Dale et devant Erebor. Je levai la tête vers le sommet de la tourelle, où plus tôt, étaient installés les orques et leur chef. Personne, sans grande surprise.

- Ils sont sûrement cachés dans la tourelle, murmurais-je à Thorin en me rapprochant de lui.

Il hocha la tête, les yeux rivés sur les murs de pierres qui nous faisaient face.

- On va aller voir, décida un des deux neveux de Thorin, suivit de son frère qui hochait la tête.

- Soyez prudents, leur recommanda leur oncle en fronçant les sourcils.

Les jumeaux partirent discrètement en direction de la tourelle, et au même instant, un cri déchira l'air et le calme. Nous sursautâmes tous les trois, et brandirent nos armes au moment où des gobelins sortaient de leur trou en se jetant sur nous.

- Génial, maugréais-je en fendant l'air de mon poignard, comme si on avait besoin de ça !

- Et ta magie ? Me lança Thorin, dos à moi.

Je fronçai les sourcils, tentant d'invoquer ma magie, mais sans grand succès. Mes doigts picotèrent, et quelques maigres étincelles jaillirent de mes paumes. Je soupirai de frustration.

- Je commence à atteindre mes limites, répondis-je, je ne vais bientôt plus pouvoir l'utiliser, il faut que j'économise. Désolée.

Je m'en voulais, même s'il était évident que mes capacités avaient leurs limites. Je n'avais jamais utilisé ma magie aussi longtemps. Et j'en avais beaucoup dépensé contre mon père.

- Ça ne fait rien ! Répliqua le nain resté avec nous. On s'en passera contre cette vermine !

Et il décapita un gobelin, envoyant valser tout un groupe de son autre main libre dans laquelle il tenait une énorme hache. Je souris. Il avait raison, même si les gobelins nous retardaient un peu, nous pouvions encore les vaincre sans recourir à la magie.

- Allez-y tout les deux ! Lança-t-il de nouveau. Je m'occupe des gobelins !

J'hésitai, mais voyant Thorin hocher la tête, je suivis sans discuter. S'il faisait confiance au nain, c'est qu'il devait être capable de s'occuper de ceux-là tout seul. Je rejoignis Thorin qui courait déjà vers la tour, quand un nouveau cri, d'un orque sans aucun doute, nous stoppa net. Derrière nous, le dernier gobelin se faisait tuer, et le comparse de Thorin nous rejoignit.

Tous les trois les yeux fixés sur la tour devant nous, un mauvais pressentiment commun nous envahîmes. Je me pinçai les lèvres, tandis que le chef des orques apparaissait au-dessus de nos têtes. Mes yeux s'ouvrirent comme deux soucoupes et mon cœur manqua un battement. À côté de moi, Thorin attrapa ma main, sans doute sans même s'en rendre compte.

- Non... Murmura le nain à côté de nous, horrifié.

Et pourtant, au vu du sourire de l'orque, ce que nous voyions n'était pas une hallucination mais bien la réalité. Debout, nous faisant face, un sourire carnassier peint sur le visage, il tenait dans sa main valide la tête d'un nain. Un des neveux de Thorin, Fili. Décapité. Mort.

Dans la tourelle, la voix de son frère jumeau résonna, brûlante de colère et de tristesse. Ce cri nous réveilla tous les trois, nous sortant de notre torpeur.

- Kili ! Non, reviens ! Hurla Thorin.

L'orque disparut de nouveau dans l'ombre, pendant que d'autres gobelins arrivaient derrière nous.

- Je m'occupe d'eux ! Déclara la voix furieuse du nain.

Thorin ne se le fit pas dire deux fois, et partit en courant vers la tour, cherchant Azog, l'orque pâle, le meurtrier de son neveux. Je brandis mon poignard, fauchant quelques gobelins pour faire passer ma propre colère. Cet orque, au-delà d'être sans pitié, était cruel. Que devais-je faire ? Aider Thorin, ou le laisser seul avec son ennemi juré ? M'en voudrait-il si je m'interposais entre eux ?

Ce fut le nain qui répondit à mes interrogations muettes. Il semblait encore sous le coup de l'émotion, mais ses yeux exprimaient de la détermination et de la colère.

- Va aider Thorin ! Me cria-t-il sans se retourner, sa voix trahissant une certaine inquiétude.

J'acquiesçai et partis dans la direction que Thorin avait prise sans me poser plus de questions ; j'aviserai en temps voulu.

Dévalant la pente, esquivant les pierres et les ruines de Dale, je cherchais des yeux Thorin, tandis que je devais me battre contre les orques qui se mettaient sur ma route. Heureusement, ils n'étaient pas très difficiles à battre, je n'avais même pas besoin de magie ! Seulement, au bout d'un moment, je commençai à être nerveuse ; où était Thorin bon sang ? J'avais fait trois fois le tour du bâtiment de pierre grise, sans le voir. Où pouvait-il se battre...

Un hurlement déchira l'air, me stoppant net. J'arrêtai de respirer, et je n'entendais plus que les battements furieux de mon cœur qui cognaient contre ma poitrine. Ce hurlement. C'était Thorin.

***

Quelques minutes plus tôt, Thorin avait en effet rejoint Azog, le Profanateur, celui qui avait anéanti son peuple. Leur combat était sans pitié, ne pouvant annoncer qu'une seule certitude : à l'issue de ce duel, il y aurait un vainqueur et un vaincu. En d'autres termes, un mort et un survivant.

Les lames s'entrechoquèrent, coupant la chair à plusieurs endroits ; les cris de rage, la fatigue, la colère... Tout se jouait dans ce combat, c'était la dernière ligne droite.

La glace sur laquelle ils combattaient férocement fut l'allié de Thorin, qui put emprisonner son ennemi sous la glace, dans l'eau gelée. Courbaturé et épuisé, le nain observa l'orque glisser sous la surface de l'eau.

Il pensait avoir gagné, quand Azog trancha la glace et le pied de Thorin d'un geste vif, arrachant à Thorin un hurlement de douleur.

***

J'arrivai trop tard. C'était ma seule certitude. Le reste était flou. Mes souvenirs aussi. Au loin, j'avais aperçus Thorin, hurlant de douleur pendant qu'Azog revenait à la surface de la glace. Il y eut quelques coups d'épées pendant que je courais, tentant de les rattraper à temps. Thorin transperça enfin le corps de l'orque pâle, et l'espoir revint un peu. Avant qu'Azog ne fasse de même, le tuant juste avant de perdre connaissance. Mon cœur se déchira, tandis que je me mis à courir encore plus vite, tentant d'invoquer ma magie pour aider. Mais j'avais atteint mes limites. Je ne pouvais plus rien faire. 

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