Chapitre Vingt-Deux

272 12 0
                                    

- Bien. Ceci étant dit, parlons maintenant de votre cas, Aria...

Dommage, moi qui pensais que j'allais pouvoir m'esquiver après l'intervention de Bilbon... Je croisai le regard glacial de Thranduil, qui m'observait avec insistance et colère. Visiblement, notre dernière altercation lui restait encore en travers de la gorge. Je pris une bonne inspiration pour ne pas laisser la panique monter. Quoi qu'il dise, j'avais finalement fait ce qu'il voulait : tuer mon père. Il ne pouvait pas me remettre au cachot alors que j'avais accompli ma tâche ; même si je ne l'avais pas fait de gaieté de cœur.

- De quoi voulez-vous me parlez ? Demandais-je presque dans un murmure.

- Vous vous souvenez de notre dernière conversation je suppose ? Questionna-t-il en retour.

Ses yeux me transperçait littéralement, comme s'il me passait au scanner. Je serrai les dents, répondant avec impassibilité.

- Oui. Et j'ai fait ce que vous m'avez demandé.

- Effectivement, je m'en serais douté. Peu de gens peuvent affirmer avoir tuer un dragon à eux seuls.

Gandalf et Bilbon tournèrent vers moi un même regard de surprise. J'avais oublié que tout le monde n'était pas au courant, puisque chacun essayait de se sauver, dans le feu de l'action.

- C'est vous qui avez abattu Smaug ? S'exclama Bilbon.

- Oui. Soufflais-je, sentant la tristesse montée.

Thranduil resta silencieux, m'observant. Je me demandais ce qu'il avait derrière la tête. Maintenant que j'avais tué mon père, je ne lui servais plus à rien. Pouvais-je demandé à quitté les elfes ? Et est-ce que j'en avais vraiment envie ? Ma meilleure amie était là-bas, ainsi qu'une grande partie de ma vie. Pouvais-je tout abandonner pour recommencer ailleurs ? Est-ce que partir ferait remonter mes souvenirs oubliés ?

Prise d'une soudaine inspiration, je levai les yeux que j'avais posé sur le sol, en direction du Roi des elfes.

- Maintenant que j'ai fait ce que vous m'avez demandé, pouvez-vous répondre à ma question ?

- Laquelle ? Fit-il sur son ton habituel impassible.

- Que s'est-il passé, le jour où des elfes m'ont emmené jusqu'à vous ? Est-ce que vous aviez demandé à ces elfes de m'enlever à mon père ? Dis-je, la voix tremblante malgré moi.

Les souvenirs, le rêve étrange que j'avais fait tout à l'heure avant que Bilbon ne me réveille me revenait en mémoire. Ça ne pouvait pas être autre chose que la vérité. On m'avait enlevé. Mais pourquoi je ne m'en souvenais pas avant cette nuit ?

Thranduil esquissa un petit sourire, mais il n'avait rien de joyeux, et semblait plutôt ironique.

- Vous ne devinez pas ?

- Répondez-moi. Sifflais-je, perdant patience.

Il se fichait totalement de moi, c'était évident.

- Vous m'avez enlevé. Comment avez-vous fait pour que je ne me souvienne de rien ?

- J'ai mes sources. Mais oui, j'ai demandé à mes gardes personnels de vous enlever. La raison est simple, et est la même que le jour où je vous ai demandé de tuer le dragon. Je veux récupérer ce qui appartient à mon peuple. Les gemmes blanches de la Montagne. Quand j'ai appris votre existence, j'ai compris que vous seule pourrais tuer Smaug, alors je vous ai enlevé, oui. M'expliqua calmement Thranduil.

- Et maintenant ? Demandais-je, redoutant la réponse.

- Maintenant ? C'est-à-dire ?

- Maintenant que j'ai fait ce que vous attendez de moi depuis si longtemps, qu'est-ce que je deviens ? Vous me mettez à la porte ?

Thranduil haussa un sourcil, laissant un silence ironique entre nous.

- Vous pouvez rester dans mon palais à une condition : que vous ne me désobéissez plus jamais ; et ne croyez pas que je vous pardonne pour votre insolence de la dernière fois. Finit-il par lâcher.

Je soupirai malgré moi de soulagement. Même si je le détestais, j'avais toujours un toit où dormir.

- Bien. Ajouta Gandalf, en prenant la parole pour la première fois depuis tout à l'heure. Bilbon, nous allons vous trouvez un endroit pour vous reposez. Venez avec moi.

Il s'éloigna de la tente, suivit du petit hobbit, qui me fit un petit signe de la main avant de sortir de sous la tente. Je lui rendis un sourire, puis me retourna vers les deux autres.

- Je ferai mieux d'y aller moi aussi... Commençais-je.

Mais Thranduil me coupa la parole, et je me pinçai les lèvres pour ne rien répliquer.

- Je ne vous en ai pas donné l'autorisation.

À croire qu'il le faisait exprès pour tester mes limites.

- Vous avez côtoyé les nains pendant quelques temps, ajouta-t-il en retournant s'asseoir. Vous allez nous dire ce que vous avez observer. Il nous connaître l'ennemi en profondeur pour en finir rapidement demain. Je ne veux pas que le combat traîne en longueur.

Je retins un soupir. Je n'avais franchement pas envie de rester là à papoter avec lui ; j'aurai bien aimé revoir Indis, et lui raconté mes dernières aventures. Il fallait aussi que je lui parle de mon père, elle avait le droit de savoir après tout... Et je voulais aussi lui parler de Thorin. Parce que ce sujet épineux me cassait la tête, encore plus que de me taper la discut' avec Thranduil, c'est dire...

***

Pendant ce temps, après que Gandalf est quitté Bilbon, ce dernier attendit que les dernières lueurs des flammes s'éteignent enfin pour pouvoir quitté le camp sans se faire remarquer. Le magicien gris lui avait interdit de repartir pour Erebor, mais le petit hobbit ne l'entendait pas d cette manière. Il n'avait pas peur de Thorin, et se voyait mal rester au camp alors qu'il venait de trahir les nains. Il préférait encore retourner là-bas, et dire lui-même à Thorin ce qu'il avait fait ; il pourrait lui expliquer ses intentions, le nain réaliserait peut-être sa propre folie...

Bilbon traversa le camp sur la pointe des pieds, passant derrière les veilleurs, les femmes et les enfants endormis et quitta pour de bon les ruines de Dale. Il se hâta de rejoindre la Montagne Solitaire, la boule au ventre. Et les nains avaient remarqué son absence ? Le plan allait-il être compromis ? Bilbon se secoua la tête. Non, il fallait qu'il garde espoir. Il n'avait pas le droit à l'erreur.

La chance était avec lui cette nuit-là, car aucun des nain ne remarqua sa brève disparition. Mais le jour approchait maintenant à grands pas, et la guerre qui se profilait à l'horizon ne signifiait rien de bon... 

♦♦♦

Fille De Dragon ~ Nouveau chapitre tous les deux jours, à partir de dix heures

Fille De Dragon [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant