Moon Children (Namjoon)

Si tu veux toujours de moi

  La faible lumière de la Lune éclairait le lit partiellement. Tout l'appartement était silencieux. Seul, le bruit de sa respiration emplissait la pièce. Il était paisible et dormait déjà. Camille se glissa sous le drap de lin gris. Appuyée sur son coude droit, elle contemplait son beau visage. Elle n'osait pas le réveiller, mais sa main gauche ne résista pas. Elle caressa doucement du dos de la main la joue un peu rugueuse du dormeur quand il soupira et l'attira tout contre son torse nu et glabre sans ouvrir les yeux.

  — Jagiya, je t'attendais. souffla-t-il.

  Camille, l'oreille près de son coeur, se laissait bercer par ce bruit doux et familier à présent.

  — Tu vas rester ?
  — Oui, un peu...
  — Non, longtemps. protesta-t-il en roulant sur le côté et l'entraînant avec lui.

  Ses beaux yeux enfin ouverts la contemplait.  Il l'embrassa tendrement.

  — Tu es si belle... Redis-le moi.
  — Quoi ? demanda Camille.
— Redis-moi que tu m'aimes !
  — Je ne l'ai pas dit... pas vraiment... je...

  Elle paniquait ! Mais pourquoi ?

  — Jagiya...

  Elle planta son nez dans son cou. Elle le respira. C'était chez elle, là, dans ce tout petit coin. Il caressa ses cheveux tout en soupirant. Alors, tout doucement, prenant son courage à deux mains, elle lui glissa à l'oreille :

  — Joonie...
— Hummmm...
  — Je t'aime. avoua-t-elle enfin en Français.

  Il roula de nouveau, l'écrasa de tout son poids et la couvrit de baisers. Il la fit rire. Toutes les peurs s'envolèrent lors de cet instant magique à leur cœur.

  Assise en tailleur sur le drap gris, la robe un peu froissée, elle tendait sa main devant elle comme pour le repousser.

  — On doit parler !

  Il attrapa ce bras tendu et l'embrassa sauvagement. Le souffle court, elle bascula sur lui, l'embrassant à son tour.

— Joonie...

  Il commençait à descendre la fermeture éclair de sa robe.

  — Non, non, non... dit-elle en sautant du lit. Parlons, parlons pour de bon.
  — On n'y arrivera pas. professa le jeune homme tout juste vêtu de son caleçon noir bien trop moulant.

  Il descendit de son lit et s'avançait l'air félin vers Camille qui reculait. Elle fut arrêtée par une console où reposait un magnifique vase.
Celui-ci vacilla et Camille le retint de justesse. Nullement inquiet, Namjoon faisait maintenant glisser la petite robe noire le long de ses épaules.

  — Nous parlerons après....
— Tu sais bien que non ! Tu nous connais... parvint à peine à dire la jeune femme qui laissait maintenant ses mains courir le long du torse si bien dessiné. Elle se glissa alors sous son bras pour tenter d'échapper à la terrible tentation. Sa robe tomba sur ses chevilles. Peu importe ! Elle fuit vers la salle à manger. Il l'y poursuivit en riant.

  — Tu t'assois, là ! dit-elle impérieuse. Et moi, de ce côté-ci de la table. D'accord ?
    — Et tu penses vraiment que je vais pouvoir avoir une conversation sérieuse avec toi assise en sous-vêtements de dentelle noire juste en face de moi ?!
   — Oui !!!
    — Non, absolument pas !

  Il fit le tour de la table, l'attrapa, la souleva et l'emmena jusqu'au canapé du salon où il la déposa délicatement avant de fondre sur elle.

— Mais, « mon cœur »...
— Mon coeur ? répéta-t-il sans lever un instant la tête. Il posait ses lèvres suivant un parcours que lui seul connaissait, des clavicules au nombril de la jeune femme. Sa bouche se promenait déjà sur l'intérieur de ses cuisses...
C'est du Français ?
  — Oui. dit-elle en se relevant brutalement et reculant un peu plus loin sur le canapé.
C'est important pour moi ! Arrête, s'il te plaît.
  — Pour moi aussi, c'est important. concéda-t-il. D'accord, parlons. Ce disant, il attrapa un de ses bras pour la faire revenir tout près de lui. Il la recouvrit du plaid plié dans un angle du sofa en déposant un baiser sur son front.

  C'est peu dire que la nuit fut courte pour ces deux grands maladroits. Autant, en dehors de tout enjeu relationnel, ils maniaient les mots avec virtuosité, autant dans ce salon, cette nuit-là, avec la Lune pour seul témoin, ils butèrent, ils cherchèrent et se reprirent.
Il y eut des pleurs et aussi des cris. Tout fut abordé. Des ex aux rendez-vous arrangés, des exigences parentales à la carte de séjour de Camille, en passant par les contraintes de sa vie d'idol à laquelle il tenait.

  Leurs plaies mises à jour, les obstacles identifiés et leurs sentiments révélés, ils étaient épuisés.

  — Et maintenant ? demanda Camille, les yeux rougis.
  — Maintenant, faisons-nous confiance. dit-il d'une voix brisée.
  — Mais...
  — Mais, oublie cette histoire de papier pour un temps. Chaque problème a sa solution. Nous verrons... si tu veux toujours de moi.
— Plus que jamais !

  Elle envoya valser le plaid, et s'assit à califourchon sur celui qui avait un peu froid après cette longue nuit de mise à plat. Alors que le soleil se levait, ils firent l'amour pour la toute première fois.