Camille, 24 ans, fuit la France et Nicolas. Cinq ans d'une relation passionnée et destructrice pèsent sur l'image qu'elle se fait d'elle-même et de l'amour.
Et si, à l'autre bout du monde, une personne, également en quête d'elle-même, lui ouvrait un...
Camille entra à pas de velours dans leur chambre juste éclairée par la lampe de chevet. Il dormait déjà ! Elle se sentit désolée. Désolée d'avoir dû faire un choix et de le retrouver endormi.
Après sa douche prolongée, où elle évacua toutes les tensions de ces dernières heures, elle se faufila dans leur lit et se blottit tout contre son dos.
— Pardon, mon cœur.
Il se retourna doucement et enroula un bras autour de la taille de la jeune femme alors qu'il repliait l'autre sous son oreille. Les yeux à demi fermés, il murmura la voix pleine de sommeil.
— Je t'attendais, Jagiya.
— Je suis là, rendors-toi. Je t'ai trouvé magnifique sur scène...
Morphée les emporta tous les deux dans le même souffle.
*
La lumière crue du matin et les bruits de l'hôtel qui entrait doucement en activité réveillèrent Camille. Elle s'étira comme un chat sous les chauds rayons d'un soleil de printemps.
Il dormait toujours. Les traits de son visage détendu lui donnait un air enfantin. Elle sourit. Plongée dans sa contemplation, elle repensa à la veille, à l'anniversaire oublié et à leur soirée manquée.
Quand il ouvrit les yeux, deux prunelles vertes le fixait d'un air absent, des boucles châtains lui chatouillaient l'épaule, et un corps tout chaud était contre le sien.
— Bonjour, ma toute belle. dit-il en la serrant plus fort contre son torse.
Le sourire de la jeune femme s'agrandit.
— Bonjour, lui répondit-elle en Français.
— Alors, comme ça, j'ai été magnifique ?
— Hummm... affirma-t-elle en opinant de la tête. Un peu trop même !
— Comment est-ce possible ? demanda-t-il taquin.
— C'est possible parce que j'ai été jalouse chaque fois que ton nom a jailli d'une bouche inconnue !
— Jalouse ? rit-il.
Pour toute réponse, elle plongea entre ses bras pour respirer son odeur jusqu'à plus soif.
*
Assis face à face, sur ce grand lit blanc, dans leurs jeans et tee-shirts blancs, ses mains à elle dans ses grandes mains à lui, baignés dans la lumière dorée du matin, on aurait dit les sujets d'un portrait de Doisneau.
Ils avaient parlé de la soirée précédente, de l'irruption des parents dans leur toute jeune relation, du ressenti de Camille et du sien. Ils avaient évoqué leurs amis et leurs inquiétudes, avant de revenir, de manière joliment égoïste à eux.
— Jagiya, reste un peu plus longtemps. Tu te souviens de Waku ? Il peut nous recevoir dans son atelier, samedi, à Tokyo. Deux jours, rien que tous les deux. Je dois repartir un peu après midi, dimanche, et toi, tu arriverais à temps pour passer une bonne nuit avant de partir en voyage avec Sae Jin...
Elle acquiesça d'un sourire qui contenait tous les "oui" du monde.
— Ne bouge pas.
Il alla farfouiller dans un de ses sacs de voyage et revint sur leur refuge avec une petite boite bleue.
— Je sais bien que j'avais dit que nous irions les choisir ensemble. Mais quand je les ai vues, je n'ai pas su résister.
En murmurant ces mots, il ouvrit l'écrin où se logeaient deux anneaux d'argent tout simples, identiques. Et à l'intérieur, il y avait leurs prénoms, rien de plus. Pas de date. Comme si ces deux-là étaient hors du temps, avaient été toujours là, et le seraient toujours.
Camille, émue, le laissa faire.
— Comment as-tu su ? Elle est parfaitement à ma taille.
— J'ai emprunté la bague de ta grand-mère que tu oublies parfois à la maison. Tu ne t'en ai pas aperçu ?
Camille secoua sa tête de gauche à droite avant d'enrouler ses longs bras blancs autour de son cou, et de coller son front au sien.
— Je t'aime, Joonie... J'ai aussi quelque chose pour toi. Ne t'enflamme pas, je t'en prie. J'ai fait du mieux que j'ai pu. C'est trois fois rien. Je voulais faire autrement mais..
Plutôt que de continuer à se perdre en explications, elle se laissa tomber de tout son long, peu gracieusement, sur le lit pour attraper un livre sur sa table de chevet et en sortir un petit carton blanc.
— Cute ! pensa-t-il tout haut.
— Voilà, j'y travaille depuis longtemps. Je l'ai laissé en français, cette fois. Je te le lis ?
— Oui, s'il te plaît. lui répondit-il en l'attirant pour la faire asseoir entre ses jambes et ses bras.
Le souffle chaud de Namjoon dans son cou, elle lui lit les quelques mots qu'elle avait eu tant de mal à coucher sur le papier. Son cœur battait la chamade. C'était une grande déclaration pour elle.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
— Jagiya, ça sonne bien. Tu me le traduis à présent ? lui demanda-t-il avant de l'embrasser dans le cou.
Elle frissonna. Elle se lança. A présent, son cœur battait de manière erratique. Elle craignait que la traduction et les explications ne cassent la douceur du message. Mais elle avait aussi peur de sa réaction lorsqu'il comprendrait.
Il la serra plus fort pour commencer. Elle aurait presque pu sentir son cœur à lui battre contre son dos. Il lui embrassa les cheveux sans rien dire.
« J'y suis allée trop fort. Il panique ! » pensa-t-elle brusquement.
— Jagiya, emménage avec moi... finit-il par lui dire à l'oreille.
Ce fut son tour de laisser planer un long silence. Elle se tourna dans ses bras, posa la tête tout contre sa poitrine.