CHAPITRE 3C'est en riant à gorges déployées que Jessy et moi longeons les rues de Manhattan. Ouais Manhattan... J'y suis ! J'y crois pas !
Sérieux, même dans mes rêves les plus fous, je n'aurais jamais imaginé fouler les rues de ce quartier chic dont on entend tout le temps parler à la télé... Nooon je suis pas en train de rêver ! Tous ces grands immeubles de je-ne-sais-combien d'étages sont bien réels. En fait ce sont pas des immeubles, ce sont carrément des gratte-ciel.
Ici tout le monde est pressé apparemment ; pas le temps d'un bonjour... Ils avancent tels des robots, je vous jure. C'est normal, en matinée, chacun se rend au boulot pour gagner son pain quotidien. D'ailleurs, il faut que je pense à me trouver un job, j'en aurai grave besoin.En effet, ma nouvelle amie a proposé qu'on marche un peu dans le quartier histoire de connaître les alentours avant d'entrer au campus. Avec tous ces détours, je crois qu'on n'y entrera peut-être pas aujourd'hui...
Mais j'avoue que cette balade est l'une des plus plaisantes que j'aie jamais faite. Je me sens tellement bien avec elle, j'adore discuter avec elle et j'ai l'impression que c'est réciproque. Elle se lâche tellement avec moi qu'on dirait pas qu'on s'est rencontré hier. Elle ne se retient pas de rire quand je lui raconte mes anecdotes d'enfance qui sont certainement très différentes des siennes.- Et toi ? Comment elle était, ton enfance ? Tes parents ?
Je n'aurais peut-être pas du demander, parce que ma question a aussitôt effacé le beau sourire, qui jusque là illuminait son visage.
- Ça va ? Je demande.
- Oui... Oui, ça va. Me rassure-t-elle.
- Ma question était mal placée je suppose ?
- Non, t'inquiètes. Malgré les interruptions, je peux dire que j'ai eu une belle enfance jusqu'ici.
- Les interruptions ?
- Oui. Mes parents biologiques sont décédés quand j'avais cinq ans.
- Je suis...
- T'as pas à être désolé, me coupe-t-elle. Ils sont morts dans un incendie un soir de Noël. Tout l'immeuble dans le quartier de Noirs où nous vivions a pris feu. Peu de personnes ont survécu ce soir là. Ça c'était une interruption à mon bonheur. Mais bon, j'ai grandi chez une tante où j'étais maltraitée, puis dans un orphelinat. J'ai été adoptée par un veuf quand j'avais 11 ans...
- Lui aussi, il t'a maltraitée ? M'enquis-je dépassé par son histoire.
- Nooon ! S'exclame-t-elle cette fois ci en essuyant ses larmes, un sourire nostalgique aux lèvres. Mon père est un amour. C'est grâce à lui que j'ai pu côtoyer les Davis d'ailleurs. Il avait de l'amour à revendre après la mort de sa femme, et donc il m'en a donné beaucoup, tu vois.
Bon là au moins, elle recommence à sourire, c'est déjà ça. Ça se voit que cette nouvelle famille a été pour elle une porte ouverte au bonheur. Je n'imagine pas ce que je serais devenu sans ses anges que sont mes parents. Ça n'a pas toujours été facile de joindre les deux bouts, mais ils ne nous ont pas abandonnés. Ils ont toujours été là, à s'assurer que tout allait bien pour ma sœur et moi. Je leur dois tellement, et même si je sais que je ne pourrai jamais leur rembourser tout ce qu'ils ont fait pour moi, je ferai toujours de mon mieux pour les honorer.
Je pense que la famille doit être le socle premier de l'épanouissement d'un enfant. L'atmosphère familiale se reflétera toujours dans son quotidien. Si elle est calme et paisible, l'enfant sera épanoui, mais s'il n'y a que discorde et maltraitance, il sera frustré. Mais je vois que Jessy a su dépasser ce stade.
-Tu vis toujours avec ton père ?
- Depuis deux ans déjà, il essaie d'assouvir ses envies d'explorateur, et voyage un peu partout. Mais il m'appelle tout le temps, vu que j'ai pas voulu le suivre dans ses escapades.
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Black and White
General FictionC'est assez difficile de rester indifférent face au racisme lorsque ton coloc en est un adepte... Sera-t-il facile de vivre avec lui ? De le supporter ? Ou vas-tu finir par l'apprécier malgré tous ses coups-bas ??? On n'est jamais mieux que chez soi...