CHAPITRE XX
Tu es tombé bien bas mon cher Mbami...
C'est vraiment la cata...
Je n'ose pas imaginer la tête de mes parents s'ils apprennent que leur fils est en cellule à cause d'une histoire de filles.
J'imagine ma mère me grondant :
<< Donc tu partais aux USA faire le beau ? Il fallait nous dire que tu allais là-bas pour chercher les femmes, on allait pas se gêner ! Avec la grosse tête comme son père !>>Je ne peux m'empêcher de rire en y pensant. Ma mère est tellement douce que lorsqu'elle s'énerve et nous réprimande, cela prête toujours aux rires. Surtout quand elle vire à la langue maternelle où elle semble plus à l'aise lorsqu'il faut t'insulter. Et elle a toujours de ces injures bizarres, cette femme !
Mon père par contre n'est pas du genre à plaisanter, ah non ! En général il est plutôt silencieux ; il n'a pas besoin de trop s'agiter. Son simple regard a le don de nous redresser. Et lorsqu'il en arrive aux réprimandes, c'est que la situation doit être grave.
Un peu comme maintenant. C'est sûr que j'aurais droit à un de ces longs discours ou une de ces histoires semblables qu'il dit avoir vécues. Mais tout ça, après qu'il m'aurait sorti de là, comme il a toujours su le faire.Mais bon, là tu es seul Daniel. Il n'y a ni Papa, ni Maman pour te gronder ou t'aider. Et encore moins un ami sur qui compter. Alors il va falloir être tenace.
Il faut être résistant, je me répète en m'asseyant sur l'un des deux bancs qui meublent la cellule. Sur l'autre est couché un homme dont j'arrive à peine à voir le visage, l'endroit étant sombre. Il dort, visiblement, puisqu'il n'a pas bougé depuis environ dix minutes que je suis là. Dix minutes qui me semblent être une éternité. Reste à savoir si je parviendrai à supporter les longues heures qu'il reste avant l'aube. Je me demande d'ailleurs comment il fait pour trouver un sommeil aussi paisible dans cet endroit effrayant et crasseux. Pas tellement crasseux oui, mais ce n'est pas le luxe non plus. Il n'y a pas de lumière et seuls les reflets des autres ampoules du commissariat qui nous parviennent légèrement, m'ont empêché de m'asseoir sur cet homme quelques minutes plus tôt. Cet endroit fait carrément flipper.
J'espère que cette nuit est la première et dernière. Je ne suis pas fait pour ce genre d'endroit, sans compter ma plaie au ventre qui n'est pas encore totalement cicatrisée. C'est sûr que je mourrais si je venais à être incarcéré dans un pénitentiaire. Mais bon... Je n'ai pas à m'inquiéter ; il y a une justice divine là haut. J'ai confiance en elle.
Je croise les doigts et frotte de mes deux mains mes bras couverts chaire de poule avant de ramener mes jambes sur le banc pour y enfouir ma tête en espérant trouver le sommeil.
✷
LILY MAAKE
C'est la deuxième nuit que je ne trouve pas le sommeil. Daniel est toujours en cellule. Maman est allée le voir hier mais elle refuse de me dire quoique ce soit, juste que je dois lui faire confiance. Bien-sûr que je lui fais confiance ; elle est douée dans son domaine. Mais je ne peux m'empêcher de me faire du souci pour mon petit ami.
Bon oui, je vais un peu vite en besogne, mais c'est ma façon de faire. Daniel me plaît beaucoup et je n'ai pas tardé à le lui faire savoir. Je ne sais pas tourner autour du pot. Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis amoureuse, mais j'aimerais vraiment que ça marche entre nous. Et comme il l'a dit, ça ne sera pas le cas s'il est incarcéré définitivement.
Le pire c'est que je ne peux rien y faire. C'est ça le plus difficile en fait; voir quelq'un à qui on tient souffrir sans pouvoir faire quoique soit pour tout arranger. C'est cette impuissance là qui me dévore et me fait imaginer les pires scénarios, m'empêchant ainsi de trouver le sommeil, comme hier.
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Black and White
General FictionC'est assez difficile de rester indifférent face au racisme lorsque ton coloc en est un adepte... Sera-t-il facile de vivre avec lui ? De le supporter ? Ou vas-tu finir par l'apprécier malgré tous ses coups-bas ??? On n'est jamais mieux que chez soi...