CHAPITRE XXXI
3h10
En ouvrant les yeux au milieu de la nuit, je sursaute lorsque mon regard croise celui de la métisse allongée face à moi dans le lit. Il n'y a pour seul éclairage dans la pièce que ma veilleuse qui est allumée. Pourtant j'arrive à voir ses yeux briller, vu la façon dont elle me fixe. Elle m'a même fait peur sur le moment. Je ne sais pas à quel moment elle est entrée dans ma chambre, ni comment elle a fait pour que je ne l'entende pas, moi qui ai un sommeil léger d'habitude.
Certainement avec les inquiétudes qui me hantaient, j'ai dû oublier de pousser la tagette de la porte lorsque je la fermais à clés. Et comme elle en a le double...
Mais ça n'explique rien.- T'es là depuis combien de temps ? Je lui demande d'une voix encore un peu endormie.
- Je ne sais pas, chuchote-t-elle. Je ne voulais pas te réveiller, désolée.
- Il est trois heures du matin, dis-je en regardant mon téléphone.
- Je n'arrivais pas à dormir en te sachant fâché contre moi. Je suis désolée.
Je soupire et repousse la couverture de mes pieds avant de descendre du lit.
- Et... pourquoi tu es... désolée au juste ? Tu te sens coupable de quelque chose ? Je m'enquiers en appuyant sur l'interrupteur pour éclairer la pièce. Il y a des choses que je dois savoir ?
Elle se redresse et s'assoit dans le lit sans dire mot. Rien que le léger soupir qu'elle pousse fait office de réponse pour moi.
- C'est bien ce que je pensais. Il est tard, endors-toi. On en parlera le matin, si tu veux bien.
- J'ai pas sommeil.
- Moi non plus, figure-toi. Mais c'est pas une heure pour discuter, conclue-je en me levant.
Je vais faire un tour aux toilettes et reviens me coucher. Toujours assise, elle me regarde m'allonger de telle sorte à lui tourner le dos. Puis je l'entends se coucher à son tour. La main sur mon torse, elle m'embrasse sur la joue avant de se coller à moi. Je m'allonge sur le dos et la laisse poser sa tête sur ma poitrine alors que ma main passe sur sa hanche.
- Bonne nuit bébé, me chuchote-t-elle.
Ça ne veut pas dire que tout est oublié...
*
8h46
- Oui, je t'écoute Boris.
- Arrête ce que tu fais, Daniel, me dit mon ami au téléphone. C'est sérieux.
Je m'arrête aussitôt de courir lorsque mon ami prend ce ton solennel. Déjà, il ne m'appelle par mon prénom que lorsque le sujet est vraiment sérieux. C'est toujours "Mbami", ou "bro" ou "petit", et là je prends peur. Qu'est-ce qui a bien pu se passer chez nous ? Ici déjà ça ne va pas super bien avec mes examens qui approchent et la discussion en suspens avec ma copine. D'ailleurs elle devait être avec moi ce matin, comme chaque dimanche pour notre jogging, mais j'ai préféré ne pas la réveiller. En plus j'avais besoin d'être un peu seul.
Et maintenant un autre problème va certainement me tomber sur la tête depuis le Cameroun !
J'espère juste que personne n'est mort. Je ne pense pas que je le supporterais.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Je demande en ajustant mes airpods aux oreilles.
- C'est ta sœur.
Mon cœur rate un battement.
- Il y a quel problème avec Miranda ? Elle est malade ? Alexa va bien ?
- Non rien de tout ça, calme-toi. C'est son gars qui...
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Black and White
General FictionC'est assez difficile de rester indifférent face au racisme lorsque ton coloc en est un adepte... Sera-t-il facile de vivre avec lui ? De le supporter ? Ou vas-tu finir par l'apprécier malgré tous ses coups-bas ??? On n'est jamais mieux que chez soi...