CHAPITRE XXII
- Daniel, tu sais... Je ne t'en voudrais pas si tu préférerais tenter ta chance avec Jessy.
Mes pas s'estompent tandis qu'elle en fait trois de plus. La main posée sur la clôture de la maison, Lily se retourne vers moi alors que je soupire.
- Lily...
- Non, je t'arrête tout de suite. Tu étais am... non tu es amoureux d'elle. Parce que les sentiments ça ne disparaît pas en un jour. Qu'est-ce qui me prouve que tu n'iras pas la prendre dans tes bras à la moindre occasion ? Que tu ne penseras pas à elle lorsque tu seras avec moi ?
- Être amoureux, ce sont de bien grands mots pour décrire mes sentiments pour elle. Et puis, je croyais qu'on mettrait tout ça de côté.
- Oui je le croyais aussi. J'ai beau faire la désinvolte et prétendre que ça ne m'effraie pas, mais ce n'est pas le cas. Je ne veux pas être une roue de secours, Daniel.
- Je n'ai jamais pensé ainsi.
- Je sais. Mais ton cœur, est-ce qu'il est d'accord ? Hum ? Est-ce qu'il le veut vraiment ?
Je la regarde si soucieuse et repense à ce qu'elle m'avait dit la dernière fois et un sourire se dessine sur mes lèvres.
- Je n'en sais rien, mais c'est pas si important, non ? Puisqu'on va le formater...
Elle sourit et je m'autorise à la prendre dans mes bras avant de lui susurrer :
- Tu n'as pas à t'inquiéter pour Jessy. À moins de ne pas avoir assez confiance en toi ?
Comme réponse, je me fais durement pincer. Et malgré la douleur, je souris encore une fois. Les mains sur ses joues je lui déclare :
- La seule chose dont je suis sûr dans cette histoire, c'est de ne pas vouloir te blesser.
- Tu as intérêt, me dit-elle simplement.
J'étais vraiment prêt à l'embrasser lorsque de la lumière a subitement surgit sur le palier de la maison principale, la porte s'ouvrant la seconde d'après.
- À croire que le monde est contre nous, râle la métisse en se détachant de moi, une fois une silhouette apparue devant la porte.
C'est son père. Un frisson me traverse le dos. Je me demande comment il va réagir. Il est tellement impassible que ça m'effraie. Je me demande d'ailleurs comment les choses se seraient déroulées si c'est lui qui avait été mon avocat. Mieux vaut ne pas y penser...
Mais M. Maake ne dit rien, s'avance et nous traverse sans répondre à la salutation de sa fille. Nous le suivons du regard jusqu'à ce qu'il traverse notre rue et là je m'autorise à respirer sous le regard moqueur de la Sud-africaine.- C'est déjà une bonne chose que mon père te fasse si peur.
- Très drôle, fais-je en entrant à sa suite.
Je me dirige vers ma chambre en attendant qu'elle aille en chercher les clés qu'elle a dû garder depuis mon arrestation. Moins de deux minutes après elle revient et ouvre la porte sous mon regard attentif. Dès que je suis sur le point d'entrer elle me bloque. Je l'interroge du regard.
- J'ai... disons... Je me suis permise de modifier quelques petits détails. J'espère que tu apprécieras.
Je me contente de hocher la tête et elle me cède le passage.
En entrant dans ma chambre autrefois banale, je ne la reconnais pas du tout. La première chose qui retient mon attention c'est le mot "WELCOME " formé par des ballons de couleur jaune accrochés au plafond. Je souris instinctivement et parcours la pièce d'un regard curieux et émerveillé. Elle a changé mes draps et mis des rideaux aux fenêtres qui jusque là étaient vides. J'ai l'impression que la chambre est devenue plus spacieuse, sûrement à cause du rangement qu'elle a fait. Il y a même un tapis par terre. Elle a fait attention à chaque détail, chose que moi je banalisais depuis mon aménagement. L'éclairage est meilleur qu'avant. Je remarque même une toile décorative à côté d'une nouvelle horloge murale, ce qui rend mon mur moins vide. Je souris encore une fois en voyant la transformation qu'elle a faite àma demeure. Je me retourne vers elle ne sachant pas quoi dire. Elle a les yeux fermés, comme craintive.

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Black and White
Ficção GeralC'est assez difficile de rester indifférent face au racisme lorsque ton coloc en est un adepte... Sera-t-il facile de vivre avec lui ? De le supporter ? Ou vas-tu finir par l'apprécier malgré tous ses coups-bas ??? On n'est jamais mieux que chez soi...