CHAPITRE 18J'ai une vie de merde...
C'est exactement ce que je me dis lorsque mon bras se heurte à la porte d'entrée de ma chambre. Je me retiens de crier même si j'ai mal, sinon la mère poule risque de rappliquer.
Non, pas ma mère. Je parle de Lily.C'est assez ingrat de ma part de parler d'elle ainsi après toute l'assistance et le soutien dont elle a fait preuve envers moi ces derniers jours. C'est vrai qu'elle a passé presque tout son temps à mon chevet mais j'ai toujours l'impression qu'elle en fait un peu trop. Pour le moindre éternuement, le petit faux pas, elle s'inquiète, comme si j'allais mourir à l'instant. Pourtant je vais bien. Enfin, je vais mieux qu'il y a une semaine lorsqu'il y a eu cette dispute qui a failli me coûter la vie. Mon séjour à l'hôpital a été plutôt reposant et bénéfique pour moi. Entre les visites de mes amis et collègues, l'histoire de travaux à la fac qui a été réglée et le soutien de Lily, il y a bien de quoi aller mieux non ? Sauf que là, j'ai besoin de mon espace à moi tout seul, raison pour laquelle j'ai directement aménagé dans ma chambre de Manhattan. Ouais, en même temps c'est à deux pas de chez elle, donc facile de me contrôler, mais quand-même... Mais quand-même...
- Tu veux manger quelque chose en particulier ? Me demande-t-elle en déposant mon sac. Je vais faire la cuisine à la maison.
- Je n'ai pas faim, merci.
- Non Daniel... Tu sais bien que tu dois manger pour prendre tes médicaments, rétorque la métisse en venant vers moi. Tu n'es pas encore totalem...
- Je vais commander quelque chose plus tard, ne te dérange pas pour moi.
- Mais...
- C'est bon, je te dis. Vas-y avant que ton père ne débarque ici.
Elle soupire mais obéit. Tant mieux, parce que depuis que M. Maake a appris que je suis le prétendu copain de sa fille, il me regarde d'un mauvais oeil. Je ne sais pas pourquoi aucun des deux parents ne me croit quand je dis que c'est juste une blague de la part de leur fille ; entre-temps c'est moi qui écope. De plus nous les Noirs on exagère un peu tout, contrairement à sa mère la blanche qui est sympa. En fait c'est ça la famille Maake ! Je m'y habitue...
Pendant qu'elle quitte la pièce, je m'installe sur mon lit afin de souffler. Puis je prends mon téléphone posé près de moi afin de me connecter. Je m'arrête sur le numéro de ma sœur, un peu hésitant. Vous n'allez pas me croire si je vous dis qu'elle me boude depuis une semaine, cette enfant ! Après mon agression, je n'ai pas eu beaucoup temps à consacrer à ses caprices, mais j'espérais qu'elle revienne à de meilleurs sentiments et m'écrive en retour, mais rien. Si je pouvais, je l'aurais déjà giflée depuis belle lurette... Elle me fatigue.
Je me décide tout de même à l'appeler. Elle décroche au bout de la troisième sonnerie.- Ah aujourd'hui tu décroches ! Fais-je avec ironie. Tu as fini tes caprices ?
- Non Big... Ce n'est pas Miranda, j'entends à l'autre bout du fil.
Rien que sa voix m'énerve. Elle me donne presque des envies de meurtre. Je reconnais l'horrible base du prétendu copain de ma sœur et je ne peux m'empêcher de ruminer en pensant qu'elle est encore avec lui... C'est n'importe quoi, cette relation. Je le sais, parce que ce gars je le connais. Je l'ai connu bien avant ma sœur. Est-ce que vous saviez qu'on a fait le lycée ensemble ? Du moins, il était dans ma classe de seconde jusqu'en Terminale où il a lamentablement échoué son baccalauréat. C'était l'un des troubleurs du "Chaba" (le fond de la classe). J'ai fini par comprendre que ma sœur lui a tapé dans l'oeil lors des nombreuses visites qu'elle me rendait dans ma salle. Mais je ne savais pas que cette histoire durerait aussi longtemps. Peut-être que c'est sérieux ? Mais non... C'est n'importe quoi je dis !
Et puis, maintenant il m'appelle "Big" alors qu'on a pratiquement le même âge. Il pense pouvoir m'amadouer, mais c'est raté.

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Black and White
Aktuelle LiteraturC'est assez difficile de rester indifférent face au racisme lorsque ton coloc en est un adepte... Sera-t-il facile de vivre avec lui ? De le supporter ? Ou vas-tu finir par l'apprécier malgré tous ses coups-bas ??? On n'est jamais mieux que chez soi...