Chap 23

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CHAPITRE XXIII

Je partage l'un de mes plus beaux repas depuis mon arrivée aux USA. Au menu : Pap ( Porridge de riz ) et Bobotie. Il s’agit d’un mijoté de viande hachée avec des épices - du curry en général, herbes et fruits sec, le tout recouvert d’un mélange d’œufs et de lait. En effet c'est autour de ces délicieux plats traditionnels sud-africains faits par Mme Maake, que sa fille et moi discutons de tout et de rien.
Ça me rappelle mes moments avec Jessy. Lily est d'aussi bonne compagnie qu'elle, c'est fou. Mais bon, ce n'est pas le moment de penser à l'Afro-américaine.
Je ris de bon cœur à toutes les blagues et conneries qu'elle me sort. J'ai déjà dit à quel point elle est folle ? Il faut le vivre pour le croire.

- C'était délicieux, merci. Tu sais, je vais finir par m'habituer à me faire apporter des repas chaque fois, lui dis-je une fois que nos rires laissent place au silence.

- C'est pas bien ?

- Oui, ce serait une mauvaise habitude. Et tes parents ne doivent pas voir ça d'un bon œil.

- Parce que tu crois qu'ils se soucient d'un ou de deux morceaux de viande qui disparaissent ? Plaisante-t-elle en m'aidant à débarrasser. Ma mère n'y voit pas de problème, ne t'inquiètes pas.

- Tout de même, je peux me débrouiller. En plus, je sais cuisiner.

Elle étouffe un rire.

- Sérieux ?

- Ouais. Je te ferai goûter un de ces jours.

J'entends mon téléphone sonner sur la table et nos regards se croisent. Je souris en le récupérant. Cette fois ce n'est pas Jessy mais Boris qui m'appelle. Je me rappelle alors que j'avais laissé notre discussion en plan il y a plus d'une heure. J'étais tellement absorbé par Lily que je l'ai oublié.
Je ne décroche pas, mais lui envoie plutôt un message.

- << Yep Bro, je te reviens dans quelques minutes s'il te plaît. Je ne suis pas seul. >>

- << Le bonsoir à Lili de ma part. J'espère qu'elle est bien hein et que ce n'est pas le désespoir qui te pousse à faire n'importe quoi...>>

- << Elle est bien. >>

- << J'imagine qu'après trois jours en cellule, tu as besoin de déstresser un peu. Donc je ne vous dérange pas plus longtemps. >>

- << Mbarga tu es malade. >>

C'est en secouant la tête, un sourire aux lèvres, que je dépose le téléphone sur le lit avant d'y prendre place. Je m'adosse à la tête du lit et tend les pieds. Un soupir quitte mes poumons alors que je me perds dans mes pensées.

- Tout va bien ? Me demande la métisse.

- Ouais.

- On dirait pas, insiste-t-elle en prenant place près de moi ou plutôt contre moi de telle sorte que ma main entoure ses fines épaules tandis que la sienne passe sur mon torse.

- C'est juste que je suis un peu dépassé par les derniers événements, j'avoue après un soupir. En moins de six mois je ne compte pas le nombre de problèmes que j'ai eus. Pourtant tout était si simple dans mon pays...

- Tu regrettes ?

- Pardon ?

- Est-ce que tu regrettes d'avoir quitté le Cameroun pour venir ici ?

Je marque un temps de réflexion.

- Je sais pas... D'un côté ce n'était non plus très facile là-bas, mais j'avais une certaine paix et une famille sur qui me reposer. De l'autre, les études et les opportunités ici sont bien meilleures malgré tout.

Black and WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant