Black and White

Chap 19

CHAPITRE 19

Durant tout le trajet dans la voiture de police je ne cesse de réfléchir à ma situation. Qu'est-ce qui n'a pas marché ?
Selon les dernières nouvelles que j'ai eues ces jours ci, l'enquête avançait bien avec la confession de Chris qui était en garde à vue et ils n'étaient pas loin de retrouver Tyson. Alors d'où sort encore cette histoire de drogue ? Je n'y ai jamais touché pourtant. Si je ne me fiais pas aux films, jamais je ne saurais à quoi ressemble ces trucs. C'est clair que c'est un piège. Qui l'aurait donc placé dans mes affaires ? C'est complètement ridicule...

Quelques minutes plus tard, la voiture se gare devant le poste de police et je commence à faire mes prières intérieurement.
Seigneur aide-moi ! J'espère que tout ne se passera pas si mal...

Nous entrons et après quelques vérifications à l'entrée, l'on me fait attendre dans une salle assez sombre, identique à celles des films policiers qu'on voit à la télévision. La seule fenêtre de la pièce filtre à peine la lumière de l'extérieur, lui donnant ainsi une ambiance assez morne et lugubre. Il n'y a pour seuls meubles qu'une table au centre de et trois chaises qui l'entourent. Je m'attends à voir passer des inspecteurs de police pour m'interroger. Je crois que je vis vraiment un film... Mais sérieux, est-ce que j'ai vraiment la tête d'un dileur de drogue ?

- Monsieur Mbami...

Pas besoin de vous décrire encore une fois la fureur de mes ancêtres en entendant leur nom ainsi. Je crois d'ailleurs que cet accent m'effraie encore plus que cette pièce. Je sursaute lorsqu'un homme traverse la porte pour me rejoindre. Une grosse frayeur me traverse le dos et je me redresse automatiquement sur ma chaise. Anxiété, peur, drame, colère, inquisition, doute... Je pense que presque tous les éléments sont réunis pour me faire péter les plombs, même si je suis innocent.
J'expire longuement pour me détendre mais ça ne m'avance en rien, absolument rien. L'homme de la quarantaine qui est assis en face de moi ne m'inspire pas du tout confiance. Je suis d'autant plus intimidé lorsqu'il se décide à parler. Après m'avoir lancé un énième regard par dessus ses lunettes, il se concentre sur les documents qu'il tient dans les mains.

- Alors... À peine cinq mois ici et vous vous créez déjà tant de problèmes. C'est à croire qu'il n'y a pas que vos études de physique qui vous ont amené dans notre pays. Vous dealiez déjà avant d'arriver ici ?

- Non... Je... je n'ai jamais vu de drogue de ma vie, balbutie-je. Je ne...

- Et pourtant c'est bien dissimulé dans vos affaires que nous avons trouvé... ceci, fait-il en me montrant une photo où je reconnais l'une de mes valises avec une sorte de poudre blanche dans le fond intérieur.

- Je n..

- Et nous avons des témoins... Alors l'idéal serait de parler et de dénoncer tous vos collègues. Sont-ils de la même université que vous ?

- Mais... c'est n'importe qu...

Je sens la pression monter de plus belle et je crois que l'anxiété est à son comble. Il ne me laisse pas placer un mot et aligne les accusations sans me laisser le temps de digérer chacune des nouvelles informations qui me parviennent. Je ne sais vraiment pas quoi faire et j'ai peur d'aggraver mon cas.

- Mon avocat, fais-je de but en blanc alors qu'il s'étonne. Je veux parler à mon avocat.

Pour être honnête, ça m'est venu juste comme ça. Sûrement est-ce dû aux multiples films et séries que j'ai vus ? Oui, ils disent toujours ça lorsque le méchant flic les accule de questions. Mais je ne pensais pas faire pareil un jour. En plus, je n'ai pas d'avocat moi... J'essaie juste de gagner du temps. Pourquoi ? Je ne sais pas. J'attends peut-être un signe qui m'aiderait à sortir de cette impasse dans laquelle je me trouve, quoique le mot "impasse" soit un euphémisme.