Chap 11

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CHAPITRE 11

- Allô ?!

La voix de M. Davis à l'autre bout du fil semblait fatiguée. J'ai aussitôt regretté d'avoir appelé si tôt. Mais j'ai une bonne raison, je croyais que ce devait être urgent et important, alors j'ai appelé dès 8 heures.

- Bonjour Monsieur. C'est Daniel, je marmonne. Daniel, le colo...

- Je sais, je sais.

Oh ! Donc il se souvient même de mon prénom...

- J'espère que je ne vous dérange pas. Chris m'a dit que vous vouliez me parler.

- Ah oui, c'est vrai. Je suis passé à votre appartement hier et j'ai trouvé Jessy qui rangeait. Nous avons un peu discuté et j'ai appris que tu travaillais comme serveur dans un Fast-food ?

Il ne l'a pas dit avec dédain, mais le simple fait qu'il me le demande, me donnait l'impression que c'était mal ou méprisable.

- Heu... Oui. Oui je suis serveur, Monsieur, aquiesçai-je. Y a-t-il un souci ?

- Non. Non, bien au contraire. J'apprécie l'initiative. Ça montre que tu es un garçon sérieux et travailleur, pas comme Chris.

J'ai lâché de manière imperceptible un léger soupir de soulagement qui trahissait mon désir d'en savoir plus.

- Vu que tu te bats pour avoir un revenu stable, j'ai pensé à quelque chose de mieux. À moins que tu ne me dises qu'être serveur est ton job de rêve, j'ai du boulot pour toi.

Nous avons tous les deux émis un petit rire suite à sa dernière phrase. Qui pourrait rêver d'être serveur, sans blague ? Non, mon père, sauve-moi ! Dès cet instant, je me suis imaginé avoir la solution à tous mes problèmes actuels. Un meilleur job, donc un meilleur salaire, plus d'argent... C'est comme si c'était un ange ! Mais bon, ne nous emballons pas trop vite...

- Ce serait super Monsieur. Vraiment... Je suis à votre disposition. En quoi consiste le job ?

- Content que tu sois déjà emballé, dit-il en riant. Je suis encore à New-York. Je t'enverrai une adresse à laquelle tu devras me rejoindre pour plus d'informations. Midi, ça te va ?

- Bien-sûr. À midi dans ce cas.

- Ok.

J'ai raccroché avec un grand sourire, large jusqu'aux oreilles. Dire que je suis content est un euphémisme. Je ne sais pas encore en quoi consistera ce fameux job, mais je m'en réjouis d'avance.
Je n'ai pas pu profiter longtemps de cette nouvelle, que déjà j'en recevais une autre, pas tout à fait bonne. J'apprends que nous avons une évaluation dans moins de trente minutes. Une évaluation qui n'avait pas été prévue dans mon programme d'aujourd'hui. Je me change rapidement et ramasse mes affaires de classe avant de sortir en trombe de l'appartement.

Une évaluation non préparée suite à trois jours de négligence, pas étonnant que ce soit si difficile. Je n'ai pas eu la tête dans les cahiers ces derniers temps, du coup je ne m'en suis pas sorti à merveille. Mais je me suis promis que ça ne se répétera plus jamais. Je suis là pour mes études et les négliger au détriment de quelques problèmes de maison, c'est faire preuve d'irresponsabilité. Je devrais mieux me concentrer...

Il était déjà midi quinze lorsque je suis sorti de la salle. Je me empressé de trouver un taxi qui m'a conduit jusqu'à l'adresse indiquée. Je cours après avoir payé le chauffeur pour traverser la route.
Il était là devant un hangar, le téléphone collé à l'oreille, discutant et regardant autour de lui. Il doit me prendre pour un irresponsable, moi qui déteste le retard. Je me précipite vers lui en me confondant en excuses. Il me fait signe de la main de me taire, normal, il est au téléphone. La minute d'après il raccroche et me sourit.

- Je suis désolé de vous avoir fait attendre...

- Ce n'est pas grave, ne t'inquiètes pas. Je n'ai pas attendu longtemps, de toutes façons. Viens avec moi !

Nous nous sommes avancés vers un homme qui a soulevé un rideau de fer qui donnait sur une porte qu'il a ouvert avec les clés qu'il tenait. J'étais impatient de savoir ce qu'il attendait de moi et gardais les yeux fixés sur chacune des mouvements de cet homme qui nous accompagnait.
À peine la deuxième porte ouverte, l'odeur de la peinture fraîche emplissait mes narines. C'était une très grande pièce toute neuve et éclatante à cause de la peinture jaune et des carreaux neufs sur le sol. La pièce était vide. Il n'y avait qu'un petit bureau et une grande armoire dans un coin.

- Je compte ouvrir un magasin de vêtements pour hommes dans cet endroit, explique-t-il. Il n'y a encore rien comme tu vois. Si tu t'en sens capable, j'aimerais que le gère en temps partiel bien-sûr. Tu ne seras pas seul, c'est clair. Il y aura deux ou trois autres employés comme toi. Juste que tu seras comme le chef de service, tout le temps que je serai à Washington.

Je l'écoute religieusement expliquer le concept et les tâches qui seront miennes dans ce magasin.

- J'aurais bien aimé que Chris le fasse, mais bon, tu sais que ce n'est pas possible. Tu penses y arriver ?

- Bien-sûr. Je n'ai pas vraiment d'expérience dans ce domaine, mais je pense qu'avec l'aide des autres, je pourrais m'adapter. Merci pour votre confiance.

Il y avait de petites pièces à l'arrière, qu'il m'a montrées. Les explications claires faites, nous sortons. Il propose de me déposer, mais je décline son invitation. Il allait monter dans sa voiture avant que je ne le retienne. J'ai trouvé impératif de le prévenir que j'allais quitter l'appartement de son fils pour des raisons que j'ai préféré cacher. C'était inutile apparemment vu qu'il a compris.

- Je suis même étonné de voir que tu as pu supporter Chris pendant aussi longtemps, a déclaré M. Davis. Ne t'inquiètes pas je comprends.

Il m'a demandé si j'avais déjà trouvé un logement. Je lui ai tout expliqué et à ma grande surprise il a tendu la main dans sa voiture et en a sorti plusieurs gros billets. Je les ai poliment refusés mais il a insisté.

- Ce n'est pas grand-chose. Ça pourra t'aider pour ton loyer pendant deux ou trois mois. Tiens !


*

Cette dernière semaine a été assez mouvementée pour moi. J'ai un nouveau boulot, c'est normal ! Le magasin de M. Davis à ouvert ses portes il y a une semaine. Vu qu'il n'y avait pas beaucoup de clients pour un début, je continuais mon job de serveur que j'avais prévu laisser à la fin de ce mois, c'est-à-dire cette semaine. Je m'entendais déjà bien avec les deux autres employés de M. Davis qui étaient d'une grande aide. Daisy et Jason. De bons partenaires avec qui le travail paraissait plus simple.

Ce lundi, j'ai décidé d'aller à Manhattan pour ma chambre. La dame m'a bien accueilli, comme la dernière fois et m'a assuré que la chambre était toujours libre. J'ai par la même occasion rencontré son mari et son fils de 10 ans. J'ai réglé le loyer des cinq mois à venir et c'est toute contente qu'elle m'a remis les clés de la chambre.

- J'espère que tu te sentiras à ton aise. N'hésite pas à passer si tu as besoin de quoique ce soit, me dit Mme Maake. Ma fille passera t'aider à épousseter. Bienvenue !

- Merci Madame.

J'avais apporté une petite valise que j'avais prévu laisser. Je compte m'installer la semaine prochaine. Je dépose la valise et m'assois sur une chaise. Je souffle un peu et tape un message sur mon téléphone avant de le déposer sur la table. Je me lève et vais ouvrir la fenêtre afin d'aérer la pièce.
J'entends la porte s'ouvrir d'entrée s'ouvrir et me retourne.

Je tombe nez à nez avec... Lily ?!

- Ma mère m'a demandé de...

Dans quoi je me suis fourré ?

Black and WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant