La femme murmura avec dépit :
« J'aurai besoin de colle à postiche.
- Voulez-vous que j'aille vous chercher quelque chose dans votre appartement ? Ça et quelques vêtements. Mes chemises sont trop grandes pour vous.
- Ce serait gentil, merci monsieur le maire.
- A votre service, inspecteur, » conclut M. Madeleine, doucement.
L'inspecteur leva les yeux au ciel. C'était exactement ce que redoutait la femme étendue sur le lit. Qu'on la traite différemment parce qu'elle était une femme. Et c'était ce qui se passait. On était plus doux, plus obséquieux, plus attentionné. Elle eut envie de cracher par terre.
Le maire fouilla dans les poches de l'uniforme de Javert, puis les clés de l'appartement de Javert à la main, il fila chez ce dernier.
Javert vivait dans un quartier modeste de la ville, un immeuble assez vétuste dans lequel il louait un petit meublé. Une chambre et une petite pièce attenante. Spartiate, simple à l'extrême, pauvre.
Pour la première fois, monsieur le maire se demanda combien gagnait l'inspecteur de police. Une somme dérisoire sans nul doute vue la misère dans laquelle il vivait.
Même les ouvriers de M. Madeleine vivaient dans de meilleures conditions. Valjean visita les réserves de nourriture, il y avait un peu de pain et du fromage, quelques œufs. Javert mangeait frugalement. Pas étonnant qu'il soit si mince.
Valjean fut effaré.
La réserve de charbon pour le poêle était petite. L'inspecteur ne devait pas chauffer souvent.
Enhardi, Valjean fouilla la seule armoire présente dans la pièce, quelques vêtements étaient pliés bien proprement. Propres mais rapiécés, usés au maximum. Dans le fond du meuble, le maire trouva un sac dans lequel il put glisser des habits. Et tout au fond, il découvrit une petite trousse de toilette. Le nécessaire à maquillage avec un deuxième jeu de postiches. Valjean le prit.
Le maire referma soigneusement l'appartement, encore effaré par la pauvreté et la modestie de l'inspecteur...et se cogna contre la logeuse du policier.
Elle l'arrêta, tout sourire, furieusement curieuse.
« L'inspecteur est blessé, m'a-t-on dit ?
- Oui, une blessure à l'épaule.
- Il est chez vous ?
- Oui, madame. Le temps de quelques jours.
- Vous pourrez lui rappeler son foyer ? Si l'inspecteur ne revient pas demain, il risque d'être en retard.
- L'inspecteur est souvent en retard ?
- Jamais, monsieur le maire. C'est un homme sérieux. Il ne fait jamais de dettes. Si tous les locataires pouvaient être comme notre inspecteur...
- Je ne sais pas quand il pourra revenir donc je vais vous avancer l'argent. Il me remboursera.
- C'est une idée charitable, monsieur le maire, fit la femme, adoucie et devenue souriante. Même si je doute que l'inspecteur l'apprécie. C'est un homme fier !
- Je ne lui laisse pas le choix ! Au revoir, madame.
- Au revoir, monsieur le maire. Transmettez mon bon souvenir à monsieur l'inspecteur ! »
Avant de partir, Valjean donna la somme désirée à la logeuse. Il ajouta même une deuxième semaine pour que Javert soit tranquille.
Puis le maire rentra chez lui. Heureusement, personne n'était venu pour l'inspecteur. M. Madeleine le rejoignit dans la chambre d'ami.
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Le secret de l'inspecteur Javert
RomanceL'inspecteur Javert a un terrible secret. Un jour, M. Madeleine le découvre. Quel est-il à votre avis ? La couverture est un adorable cadeau de Kuromame (Blackbeane). A suivre sur Tumblr !