ORCAM - Tome 3 : Printemps (version non-corrigée)

Chapitre 19 (1/2)

            Kobou, capitale de Pa'Auro, principauté du Peuple Libre, royaume d'Hériale.

            Veille de l'Équinoxe de Printemps.

            Liam scruta avec attention la femme qui lui faisait face. Elle lui semblait familière, mais il n'aurait su dire avec certitude s'il l'avait déjà rencontrée ou si cela n'était qu'une impression. De taille moyenne, elle portait un pantalon, un pull et un manteau, le tout dans des tons gris et bruns très neutres. C'était des habits simples et pratiques : une tenue faite pour voyager. Seul un foulard multicolore noué sur le haut de sa tête apportait la touche festive qui semblait de mise pour ces célébrations de l'Équinoxe. Il masquait une partie de sa chevelure blonde attachée dans une grande tresse qui lui battait les reins. Elle avait une quarantaine d'année, un visage avenant et des yeux bleus perçants qui semblaient pouvoir lire en vous comme dans un livre ouvert. Elle se tenait face à lui, les bras lever en signe d'apaisement, lui présentant les paumes de ses mains. Elles étaient tatouées : sur chacune d'elles, un œil ouvert semblait le fixer avec la même intensité que s'ils avaient été réels.

Le regard étrangement attiré par ces paumes, Liam chancela. Une douleur brève, mais intense, lui vrilla le crâne et un flash l'aveugla une fraction de seconde, semblant ouvrir la porte à un souvenir.

***

            Il se trouvait dans sa chambre d'enfant, dans la maison où il vivait avant que le clan Ruadhan ne prenne la gouvernance tournante de la Principauté de Guilaro. Il était assis sur son lit, les yeux fixés sur la femme agenouillée devant lui.

— N'aies pas peur, bonhomme, dit-elle avec un doux sourire. Tu ne te souviens sans doute pas de moi, mais je suis une amie de ta maman.

— Ma maman n'est pas là, répondit le petit garçon aux yeux gris métallique en retenant ses larmes. Elle est... partie pour un long voyage.

Un léger voile obscurcit pendant quelques secondes les beaux yeux bleus de la jolie dame.

— Je sais, mon grand. Mais je connais aussi ton papa et il m'a appelée pour que je vienne t'aider. Tu sais, avec ta magie...

Le petit garçon fronça les sourcils avant de prendre un air paniqué.

— C'est parce que j'ai détruit la grange du chef du clan Teyrnon ? demanda-t-il au bord des larmes. Papa dit que c'est un secret, que je ne dois pas parler de mes pouvoirs, mais... je n'ai vraiment pas fait exprès pour la tornade ! Est-ce que tu es là pour me punir ?

La gentille dame écarquilla les yeux et prit ses mains dans les siennes en les serrant avec bienveillance.

— Bien sûr que non, je ne suis pas là pour te punir, ne t'inquiète pas. Et je sais que tu n'as pas fait exprès. Tu es un petit mage très puissant, Liam, mais certains de tes pouvoirs sont trop dangereux pour un petit garçon. Tu comprends ?

L'enfant fit la moue, mais acquiesça.

— Je savais que tu étais intelligent. Ton papa et ta maman me l'ont toujours dit.

Le petit Liam se redressa, tout fier.

— Accepterais-tu que je t'aide à contrôler ces pouvoirs ? demanda alors la jolie dame. Pour qu'un accident comme celui avec la tornade ne se reproduise plus ?

Le petit garçon ne réfléchit pas longtemps, il hocha la tête avec enthousiasme.

— Oui, s'il te plaît. Papa dit que je dois cacher ma magie, que des vilaines personnes se montrerons méchantes avec moi si elles apprennent ce que je sais faire, mais... parfois, je n'y arrive pas et je fais de grosses bêtises qui rendent mon papa triste.