Chapitre 7 (2/3)

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— Bien le bonjour, bande de vermines vertes !

Alors qu'il était en train de cracher ses poumons et qu'il apercevait enfin ce qui aurait pu être un merveilleux point de ravitaillement après sa stupide course – où il n'avait pas fait grand cas d'une gestion rationnelle de l'effort – Iain se figea. Il avait autant envie de gerber que d'avaler une vache et il crevait de soif. Il savait que des merveilles culinaires étaient à sa portée – rapport à l'odeur de ragoût qui flottait vicieusement jusqu'à lui – mais le mépris clairement perceptible dans le ton que venait d'employer l'un des six cavaliers qu'il apercevait, le dissuada de faire un pas de plus dans la petite clairière. Il fit donc marche arrière pour se mettre à l'abri des regards dans le sous-bois.

— Bien le bonsoir, bande de raclures de Sorciers Sang-Purs...

La réponse toute aussi méprisante venait du groupe d'hommes et de femmes qui s'étaient installés pour camper à cet endroit. C'était eux qui préparaient la nourriture dont la délicieuse odeur l'avait attiré jusque-là. Il s'apprêtait d'ailleurs à aller les rejoindre quand les hommes à cheval avaient fait leur apparition.

Il avait presque envie de tuer ces types...

Il avait toujours des réactions extrêmes quand quelque chose – ou quelqu'un – se mettait entre lui et la nourriture.

Bien sûr, cette réaction était peut-être due au fait qu'il s'agissait apparemment de Sang-Purs.

Quoique... Non... En y réfléchissant, c'était quand même plus à cause de la bouffe et de l'eau bien fraîche dont il se retrouvait momentanément privé par leur faute.

Euh... Ouais... Il avait sans doute perdu quelques neurones suite à sa course pathétique et effrénée pour fuir ses problèmes.

Mais cela ne l'avait pas rendu complètement stupide non plus. C'est pourquoi, il hésitait sur la marche à suivre. Car l'atmosphère entre les deux groupes était clairement tendue. Il ne fallait pas être un génie – avec tous ses neurones en état de marche – pour le deviner.

En effet, il savait que depuis les événements du port, les Hérialiens étaient de plus en plus divisés. D'après ce que Duncan leur avait dit, les échauffourées entre Peuples rivaux devenaient récurrentes ces derniers temps. Comme si ce qui s'était passé dans la capitale avait donné aux camps antagonistes une sorte de feu vert pour lancer les hostilités. Ainsi, les vieilles rancunes se réglaient de plus en plus dans la violence et ce, dans des proportions alarmantes.

En tant que commandant dans la Garde, Duncan avait dernièrement assisté à des atrocités qui l'avaient sacrément secoué. Iain n'avait eu aucun mal à le remarquer. Les raisons étaient même plutôt simples à deviner : le royaume d'Hériale vivait dans la paix depuis tant d'années que même les membres de la Garde les mieux formés ne semblaient pas prêts pour assister à un tel déchaînement de violence entre leurs compatriotes.

Et c'était effectivement le cas de Duncan. En les rejoignant au campement de Guilaro, l'aîné des Ruadhan était ainsi tombé sur un spectacle macabre qui lui avait fait gerber tripes et boyaux : quatre Sorciers pendus à un arbre, leurs corps s'agitant au gré des souffles du vent. Les cordes qui leur enserraient le cou étaient les propres branches du saule pleureur sur lequel les cadavres se balançaient...

En tant que Fils de la Terre, Duncan avait tout de suite senti que la magie de son Peuple était à l'œuvre. Les meurtriers des Sorciers avaient également gravé au couteau le symbole de leur élément dominant sur le front des suppliciés. Toujours d'après son ami, les Sorciers – trois hommes et une femme – étaient des Sang-Purs modérés. L'hypothèse d'une vengeance de Fils de la Terre était donc privilégiée.

ORCAM - Tome 3 : Printemps (version non-corrigée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant