Chapitre 11 (1/2)

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Kobou, capitale de la principauté de Pa'Auro. Royaume d'Hériale.

— Elle se réveille !

Lihanna ouvrit brusquement les yeux. Elle les referma aussitôt. Cette situation commençait à devenir une habitude qu'elle n'appréciait pas particulièrement. Ouvrir les paupières puis les fermer parce qu'une douleur fulgurante lui vrillait immédiatement le crâne était une chose qu'elle aurait préférée ne jamais expérimenter.

Malheureusement, elle était d'une curiosité maladive concernant sa petite personne. Savoir ce qui lui était arrivé, où elle se trouvait et ce qu'elle foutait-là, étaient des questions primordiales pour comprendre qu'elle était le sens de son existence. Enfin, peut-être pas à ce point-là, mais c'était tout de même un bon point de départ. Un peu comme les questions où, quand, qui, quoi, d'une bonne introduction.

Pour introduire ce nouveau chapitre de sa vie – quelle trouvait de plus en plus merdique, même si elle ne voulait pas se montrer ingrate – il fallait dans tous les cas qu'elle commence par ouvrir les yeux. Et qu'elle souffre, poignardée par une luminosité vicieuse.

Dans la pièce où elle se trouvait, la lumière devait d'ailleurs s'en donner à cœur joie. Elle le sentait, même au travers de ses paupières closes.

Elle poussa un profond soupir. Il valait peut-être mieux qu'elle vérifie d'abord si elle n'était pas blessée. La douleur dans son crâne était une évidence. Elle parviendrait certainement mieux à la gérer si elle savait qu'elle n'avait pas mal ailleurs.

Elle leva son bras droit. Rien. Son bras gauche. Légère courbature, mais rien d'alarmant. Jambe droite.Ok. Jambe gauche...

— Tu es réveillée ou tu es en train de faire un rêve vraiment étrange ?

Surprise, elle se redressa, ouvrit brusquement les yeux et son mal de tête explosa. Elle poussa un cri de douleur aigu et se laissa retomber sur... un lit vraiment douillet. Cela ne l'empêcha pas de grogner.

Note pour plus tard : vérifier que je suis seule la prochaine fois que je fais mon état des lieux personnel.

— Bordel ! Ruadhan, tu...

Elle n'eut pas le temps d'insulter son lieutenant adoré. Alerté par les cris, quelqu'un ouvrit la porte à la volée.

— Liha ! Qu'est-ce qui se passe ?

Lihanna ouvrit prudemment un œil pour voir une Dilys paniquée pénétrer dans la pièce où elle se trouvait.

Elle ne s'était pas trompée concernant la luminosité. La chambre qu'elle partageait avec Liam – mais dans des lits séparés – était inondée de lumière. Entièrement en bois clair et décorée de touches de blanc, elle disposait en outre d'une énorme baie vitrée qui donnait sur une clairière écrasée de soleil. Bon, hivernal le soleil, mais quand même. C'était magnifique. Et douloureusement éblouissant.

— Tiens ! Tu avais raison, Dilys. Notre Belle au bois dormant et son prince charmant sont enfin réveillés. Attends... Liam n'était pas censé te donner un baiser ? Où va-t-on si la princesse ne respecte plus le protocole, franchement ?

Si elle en avait été capable, Lihanna l'aurait foudroyé du regard. Mais Connor ne se trouvait pas directement dans son champ de vision et tourner la tête lui demandait trop d'efforts.

— Les princesses n'ont jamais eu besoin de princes charmants. Elles se débrouillent très bien toutes seules, en réalité. Ces histoires ont été écrites par des mecs qui... D'ailleurs, comment connais-tu la « Belle au bois dormant » ?

Connor avança vers elle et s'arrêta près de la tête de lit. Il se pencha et lui fit un bisou dans les cheveux.

— J'ai pris « contes et littérature terrienne » en option l'année passée, ma Lily jolie. C'était plutôt cool.

Il se laissa choir sur le fauteuil à côté de son lit.

— Remarque, c'est vrai que mon grand méchant frangin ne ressemble pas vraiment à un prince charmant, chuchota-t-il à son intention. Je le vois plutôt dans le rôle du dragon.

Elle étouffa un petit rire. Cela lui fit un mal de chien et son gloussement se changea en gémissement.

— Arrête d'être drôle, Connor. Ou...

— Arrête de dire des conneries, surtout, la coupa Liam en bougonnant. Où sommes nous et où sont les autres ? Tout le monde va bien ? Comment sommes-nous arrivés ici ?

Tiens.Liam avait également sa propre version du « où, quand, qui, quoi, comment »qu'elle chérissait tant. Mais le sien était plutôt axé sur les questions que se posait un lieutenant. Moins égocentriques, plus percutantes.

Dilys était sur le point de répondre, mais quelqu'un la devança.

— Vous êtes chez moi.

Lihanna sursauta une nouvelle fois et tourna laborieusement la tête vers la femme qui venait de pénétrer dans la chambre.

Elle était très belle, avec un visage doux et souriant, de longs cheveux châtains et des yeux gris-vert que Liha connaissait bien. Ils avaient la teinte exacte de ceux de Iain.

— Tante Elena ?

Le sourire de la femme s'élargit et elle s'avança vers elle, les mains tendues.

— Bonjour, Lihanna. Je suis vraiment heureuse de te revoir.

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ORCAM - Tome 3 : Printemps (version non-corrigée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant