ORCAM - Tome 3 : Printemps (version non-corrigée)

Chapitre 7 (3/3)

— Non mais, tu te moques de moi ?!

Iain tressaillit. L'exclamation incrédule – et plutôt aigüe – raisonnant douloureusement dans les brumes de son cerveau.

— Mais pas du tout ! Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

Le ton de cette seconde voix – à l'intonation tout aussi perplexe – était nettement plus bourru et guttural que la première. Mais les aiguilles qui avaient élu domicile sous son crâne n'en avaient strictement rien à faire. Elles l'attaquèrent vicieusement.

— Pourquoi ?! s'écria une nouvelle fois « aigu » – et Iain crut un instant qu'il allait à nouveau s'évanouir tant la douleur dans son cerveau s'accentua. Tu es sérieux, là ?

Cette question eut pour effet – outre de lui filer la migraine – de déclencher le ricanement d'une troisième voix. Féminine cette-fois.

Les yeux toujours clos – car dans l'incapacité de les ouvrir pour le moment – Iain devina que les deux types utilisaient également des gestes pour communiquer, car « bourru » finit par s'exclamer :

— Ah ça ! Oui, oui, désolé ! En fait, je ne voulais pas l'assommer au départ. Mais en m'approchant un peu plus, je n'étais plus si sûr que ce soit lui. Tu ne trouves pas qu'il est beaucoup plus mal rasé et que ses cheveux sont un peu plus longs que ceux du prince ? En tout cas, il fait beaucoup plus négligé que le Iain que nous avons déjà croisé...

Qu... quoi !? Hé !

S'il en avait été capable, Iain lui aurait bien rétorqué qu'il avait eu autre chose à foutre ces derniers temps que de s'occuper de son apparence ! Non mais franchement !  Et puis... il fallait bien avouer qu'il n'était pas du tout d'accord avec « bourru ». Il trouvait même que cette petite barbe lui donnait l'air plus... mature. Enfin... plus vieux que ses dix-sept ans, quoi. Et... bref.

En tout cas, les deux autres ne répondirent pas tout de suite et le silence s'installa pendant quelques secondes. Puis la fille éclata de rire et « aigu » laissa échapper un étrange gargouillis désespéré.

— Bah quoi ? J'ai pas voulu prendre de risque moi, marmonna « bourru » qui avait l'air vexé.

Le rire de la fille continua de raisonner, mais son crâne ne semblait pas incommodé par ce son, pourtant pas franchement mélodieux.

— Oh allez, Doran ! s'exclama-t-elle soudain entre deux fous rires. Ne fais pas cette tête ! Tu as demandé à Kaïs de récupérer Iain, tu n'as pas précisé dans quel état. Tu as encore beaucoup de progrès à faire en tant que chef...

S'il avait pu, Iain aurait sursauter parce que...

Doran ?!?!  Genre... Doran, le lié d'Erin ? Qu'est-ce qu'il foutait là ? Et surtout... que lui voulait-il ?

— Que... Mais je ne suis pas votre foutu chef, bordel ! Combien de fois vais-je devoir le répéter ?!

La vache... Pourquoi ce type – peu importe qui il était au final – était-il incapable de parler sans crier ?

— Kaïs pense que si, répliqua la fille, alors moi aussi. Arrête de faire l'enfant, Dor.

Iain se surprit à penser que sa voix à elle, il l'aimait plutôt bien. Et puis, c'était bien envoyé. Le ton était sans appel.

— Kaïs vient de défoncer le crâne de l'un des triplés, Kiera. Tu penses vraiment qu'on peut avoir confiance en son jugement ?

Bon ouais... C'était pas faux.

Là, il marquait un point... Et Iain en fut étrangement déçu pour la fille qu'il ne connaissait pas.

— Hé ! s'exclama le principal intéressé. Tu sais que je t'entends, Dor ? Et j'ai peut-être frappé un peu fort, mais faut pas exagérer ! Je ne lui ai pas vraiment défoncé le crâne...