Chapitre 10 (1/2)

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Pa'Auro. Principauté du Peuple Libre. Royaume d'Hériale.

— Surtout ne me lâche pas, Liam !

Pas de réponse.

Merde. Est-ce que son lié lui tenait toujours la main, là ? Elle avait besoin de lui et de leurs pouvoirs combinés – peu importe comment cela fonctionnait – pour tenir tête à son ancêtre et rendre le contrôle de leurs corps à ces personnes, sans sombrer dans la folie meurtrière et tout ravager autour d'elle.

N'empêche, elle était vachement soulagée d'avoir eu la confirmation qu'il ne s'agissait pas de vrais zombies. Elle aurait bien laissé échapper un rire nerveux genre « ha, ha, des zombies. Pfff, tu sais bien que ça n'existe pas, ma pauvre fille »,  mais elle était bien trop concentrée sur ce qu'elle faisait. Ah, et en colère aussi. On pouvait même dire qu'elle était très en colère. Cette espèce de vieux fou avait osé s'en prendre à ses amis en plus de lui avoir fait vivre un véritable cauchemar avec ses faux zombies bouffeurs de cerveaux ! Elle allait péter un plomb.

Bon... C'était déjà ce qu'elle était en train de faire – péter un plomb – mais la présence de Liam la canalisait. Enfin, elle l'espérait. Il lui tenait bien toujours la main, là, hein ? N'avait-elle pas déjà posé cette question, d'ailleurs ? Pourquoi est-ce qu'il ne lui répondait pas ? Parce qu'elle commençait à flipper quand elle voyait ce que ses pouvoirs déchaînés étaient en train de faire à la jolie petite forêt bucolique dans laquelle elle avait chassé et pêché quelques temps auparavant. Dilys et elle s'étaient d'ailleurs données beaucoup de mal et c'était vraiment triste de se dire qu'elles ne mangeraient jamais le fruit de leur dur labeur.

Sa colère redoubla d'intensité.

Les faux zombies n'arrivaient presque plus à tenir debout à cause du sol qui ondulait, tremblait et se craquelait sous leurs pieds. Leur démarche n'était déjà pas très gracieuse avant cela, mais là, c'était le pompon. Derrière eux, des dizaines d'arbres innocents s'étaient effondrés après avoir été foudroyés et quelques autres de leurs congénères étaient en train de subir le même sort. Leurs branches enflammées avaient déclenchés un véritable incendie qui se mélangeait aux fausses flammes générées par la magie d'Evan. Des mini-tornades attisaient tout ce merdier dans la joie et la bonne humeur. Enfin non, pas vraiment. La joie et la bonne humeur étaient clairement hors de propos. Heureusement que les pluies diluviennes déversées par les gros nuages noirs stagnants au-dessus d'eux, arrosaient un peu ce tableau cauchemardesque.

En tout cas, sa magie s'en donnait à cœur joie maintenant qu'elle était enfin libérée. Elle se fit un petit mémo mental pour se rappeler de ne plus la brider totalement à l'avenir. Ce n'était pas une bonne idée. Un peu comme celle d'attacher des gamins hyperactifs pendant plusieurs heures sur une chaise pour les balancer dans un magasin de jouets par la suite. Attendez...  Est-ce que sa comparaison avait un sens ?

Le point positif de tout cela était que, même si sa magie était plus ou moins hors de contrôle, elle ne s'était pas transformée en monstre sanguinaire dépourvu d'émotions pour autant. La rage et la haine n'obscurcissaient pas son jugement. Elle avait bien conscience du fait que ses amis étaient présents et avaient besoin de protection. Mais plus important encore : elle savait cela et en avait toujours quelque chose à faire. Ce qui n'était pas le cas d'habitude quand elle laissait ses pouvoirs partir en vrille.

Elle s'autorisa donc un grand sourire victorieux en fixant l'espèce d'hologramme d'Evan dans les yeux. Le problème, c'est que le rictus haineux de ce fou furieux était en train de se transformer en sourire ravi et qu'il ne la regardait pas directement. Ses yeux étaient fixés sur un point juste à côté d'elle.

ORCAM - Tome 3 : Printemps (version non-corrigée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant