À l'instant où Wooyoung avait retrouvé San, le plus jeune se ruait chaque jour aux premières lueurs du matin dans la chambre de ce dernier. Les deux s'étaient manqués, c'était indéniable.
Ils ne faisaient que très peu une fois ensemble. Un adolescent dans un fauteuil roulant et un autre dans un lit d'hôpital, très peu confortable soit dit en passant, les deux jeunes hommes ne pouvaient pas aller bien loin.
Mais ils profitaient simplement de la présence de l'autre, parfois dans un silence réconfortant, et d'autres fois dans les rires et les mots doux.
Dieu, qu'ils s'étaient manqué.
Dès que Wooyoung passait le pas de la porte de San, tous deux s'offraient de beaux sourires à en faire tomber le ciel. Ils façonnaient un nouveau monde, recréaient l'ancien qui s'était fissuré par l'éloignement. Un univers plus fort, sûrement plus grandiose qu'il n'avait pu l'être dans le passé.
Il faisait chaud aujourd'hui, l'automne arrivait doucement, prenait la place des douces chaleurs de l'été. Et pourtant, il faisait un grand soleil, les rayons lumineux narguaient les brises fraîches. Wooyoung regardait par la fenêtre, avec un sourire, la vue était plus belle dans la chambre de San.
Puis le plus jeune posa son regard sur le corps de San, le regard concentré sur un carnet aux pages jaunies.
- Tu dessines quoi ?
- Je préfère ne pas te le dire, peu importe ce que je dessine ça n'y ressemblera pas.Un rire cristallin murmura à l'oreille du plus vieux, ce dernier releva la tête, émerveillé.
- Tu ne dessines pas si mal que ça.
- C'est vrai ?
- J'essaie d'être gentil.
San ferma son carnet et le posa sur la table de chevet de sa chambre. Il faillit la faire tomber d'ailleurs.
- Tu as encore le dessin que je t'ai donné ?
San pu voir le visage surpris de Wooyoung, sa stupeur se lisait dans son regard. San aurait dû s'en douter, il dessinait mal. Bien sûr que Wooyoung l'avait jeté.
- Ce n'est pas grave si tu ne l'as pas gardé, je comprends totalement.
Wooyoung ne l'avait pas laissé finir et avait préféré l'interrompe de suite :
- Tu ne l'as jamais vu ?
- Quoi ?
- Ton dessin, accroché au mur, au-dessus de ma commode.
Ce fut au tour de San de paraître surpris. On aurait presque cru qu'il allait fondre en larmes. Ici et maintenant.
- Wooyoung ?
- Oui ?
- Merci pour les marguerites.C'est vrai, Wooyoung aimait prendre l'habitude de San chaque matin où celui-ci rendait visite au plus vieux. Les deux marguerites qu'il avait apportées ce matin vantaient leur beauté près de la fenêtre dans un somptueux bocal : un verre d'eau.
- Pourquoi deux marguerites et pas une ?
- Une pour toi et une pour moi. Car l'une ne va pas sans l'autre.
San était heureux. Une question lui traversa l'esprit.
- Comment fais-tu pour aller chercher ces marguerites si tu ne peux pas sortir de l'hôpital ?
Le frêle corps de Wooyoung se crispa. Il n'allait tout de même pas dire que c'était Hongjoong qui les lui apportait sous sa demande chaque matin ?
- C'est un secret, souffla le plus jeune accompagnant son murmure par un clin d'œil.
Non, il n'allait pas le lui dire
- San, j'ai quelque chose pour toi.
San n'eut le temps de relever la tête qu'une boite à l'allure familière se retrouva dans son champ de vision. L'incompréhension possédait ses réflexions.
- Ouvre-la.
Et c'était ce que San avait fait. Il y avait eu de nouvelles larmes et un parfait sourire, car il n'y en avait jamais assez. Wooyoung était amusé, peut-être un peu fier aussi. Sa mère et Jennie avaient passé des jours à retrouver la bijouterie dans laquelle avait été San quelques semaines auparavant.
- Mais, pourquoi ? San renifla fortement en prenant de sa main le bracelet identique à celui de Wooyoung, cette fois il pleurait pour de bon. Il en avait presque honte, stupide fierté.
- Parce que l'un ne va pas sans l'autre.
Ça faisait longtemps que les deux garçons n'avaient pas pleuré de joie. C'était apaisant, délectable.
Il y avait eu des malheurs, et ces derniers étaient enfin pansés par de doux sourires.
Wooyoung pouffa entre deux sanglots.
- Nous en aurons bouffé des larmes ces derniers temps.
- Mais je pense que les cadavres des pleurs ne surpasseront jamais ces tas de sourires.
- Tu es sûrement un vrai poète San.
- Tu trouves ?
- Non, tu es un vrai poète.
- J'aime bien la poésie.
- Pourquoi ?
- Car c'est comme si les réponses aux questions du monde se cachaient derrière l'encre des vers. Les maux sont mis à nu. L'utopie devient pauvre et le réel se reflète...
Wooyoung pensait, accompagné par San profondément pris dans ses réflexions audibles. Ses mots sonnaient comme des mélodies, des notes que Wooyoung aurait pu comprendre dans n'importe quelle langue.
Wooyoung était heureux. Ici et maintenant.
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꒰❀꒱
A b y s s
Wooyoung est parfois agaçant mais il reste attachant. J'aime ce personnage à la fois si simple et si complexe.
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puis tout s'écroule |ʷᵒᵒˢᵃᶰ
Fanfiction⸻ il suffit parfois d'une fraction de seconde pour que tout s'écroule. Et prendre le temps qu'il faut pour comprendre les troubles qui en découlent, ne pas faire naufrage en cherchant trop vite. Wooyoung essaie de ne pas couler. ⸻ ...