— Respire normalement, vas-y.
Je positionnai correctement le masque sur mon nez et ma bouche avant de me mettre à respirer. Je levai un pouce en l'air à ma coach, puis j'actionnai le tapis roulant. Je me mis à trottiner, les yeux rivés sur les données qui commençaient à s'afficher sur l'écran, d'inombrables chiffres qui ne paraissaient avoir aucun sens.
— Regarde devant toi ma belle, m'indiqua-t-elle.
Face à moi, je me concentrai sur un point. Le tapis de course était positionné devant une grande fenêtre, me permettant de m'entraîner et d'observer le village en même temps. Le soleil du matin s'était évadé, laissant place à d'épais nuages et à un fort vent venu du Sud.
La vitesse de la machine s'accéléra progressivement, mais je suivais le rythme sans grande difficulté.
Le sport était une thérapie à lui seul. Transpirer me permettait de m'évader, avec des effets similaires à ceux d'une drogue, avec laquelle je ne pouvais néanmoins pas me détruire la santé.
Au bout de quelques minutes et après être allée au maximum de mes capacités, Martina me demanda de ralentir.
— Parfait ! Je pense qu'on a tout, affirma-t-elle.
Je retirai l'appareillage et m'appuyai sur les deux côtés de la machine afin de reprendre correctement mon souffle. Martina me tendit une gourde et je me laissai aller à quelques gorgées bien méritées.
Martina était une femme magnifique. Ses cheveux bruns lui arrivaient jusqu'au milieu du dos, même avec sa queue de cheval. Grâce à sa brassière, je pouvais voir ses abdominaux se dessiner jusqu'en dessous de sa poitrine, ainsi que la musculature sculptée de ses bras.
Elle était le modèle parfait.
— C'est bien, je n'en attendais pas moins de toi.
Elle prit quelques notes sur son carnet. Je n'y comprenais pas grand chose, mais puisqu'elle disait que c'était bien, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.
Deux coups retentirent contre la porte. Je me retournai, m'attendant à voir Pyry, le coach de Pierre, apparaître dans l'encadrement. Je déglutis en rencontrant le visage aigri de mon père à la place.
Je l'avais déjà oublié.
— Oh, bonjour Jos, s'étonna Martina.
— Bonjour papa, la suivis-je.
Il inspecta ma tenue de haut en bas, et fut sûrement plutôt satisfait de remarquer que je portais un jogging et un t-shirt aux manches trois quarts, tous deux de couleur noir. Il vint me faire un bisou sur la joue, un prétexte pour pouvoir glisser ses doigts sur ma main et s'assurer que l'alliance s'y tenait toujours.
— Qu'est-ce que vous faites ? demanda-t-il.
— On allait changer de salle pour tester ses réflexes.
— Ça ne vous dérange pas si je reste, j'imagine ?
— Non, bien sûr que non ! se dédouana Martina.
Il sourit, d'un sourire victorieux. Il avait continuellement soif de pouvoir, et il le savourait quand il avait l'opportunité de l'asseoir sur les autres.
— Je peux te parler deux minutes, ma fille ?
— Bien sûr, me forçai-je à accepter.
Son regard se posa une nouvelle fois sur Martina, qui se sentit obligée de quitter la pièce. Une fois seule avec mon père, je descendis du tapis roulant, prête à entendre ce qu'il allait me dire.
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ANATHÈME ; Pierre Gasly
FanfictionDans le feu qui brûlait ses veines, elle n'avait qu'un mot : la liberté. - Amaryllis Verstappen, au nom de toutes ces femmes qui, dans le monde, ne sont pas libres de leurs choix.