Chapitre 13

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TW. Le chapitre qui va suivre peut heurter la sensibilité. Il y a dans ce chapitre une atmosphère qui peut être compliquée à gérer, liée à l'histoire d'Amaryllis et à la mention implicite de la mort. 

Faites-attention à vous. 

Adossée à la voiture, je fixais l'immense bâtiment qui s'élevait devant moi. Milan, maintenant était plongée dans une douceur infinie, un cadre apaisant qui s'imisçait dans la grandeur de la nuit. 

Mes larmes avaient séché sur mes joues. Je ne ressentais plus rien, si ce n'était l'abîme qui avait pris place parmi mes organes. J'avais mal, sans réellement comprendre d'où la douleur pouvait émaner. 

Je ne voulais voir que cet homme au cœur angélique. Si cette révolution avait eu lieu, c'était peut-être parce que lui en avait fait le vœu. Parfois, je me demandais si je délirais, si penser à ses yeux n'était qu'un autre de mes déséquilibres. Je repensais à la nuit dernière, à sa bouche contre mes lèvres et à son parfum sur ma chair. Je frissonnais, avec l'intime certitude que je n'avais jamais connu, de toute ma vie, une sensation similaire. 

Mais depuis, le soleil s'était levé ; les nuages d'amour dissipés. 

J'en venais à penser que rien ne pourrait être pareil. 

La main de Charles attrapa la mienne et je portai mon attention sur lui. Il me fit un signe discret de la tête, afin que je le suive jusqu'à la porte d'entrée. Je sentais les battements de mon cœur s'accélérer, mais le monégasque à mes côtés semblait m'apaiser. 

Il avait une aura semblable à celle de mon frère. 

Quelques étages plus haut, le Français nous attendait au seuil de son appartement, les bras croisés contre son torse et les cheveux emmêlés. Nous l'avions réveillé, peut-être, pourtant il n'était pas si tard. 

Je vis son regard détailler mes épaules brûlées, égratignées, à travers cette robe qui n'était plus en mesure de les cacher. Il relâchait ses bras, à mesure que je m'avançais. 

Les deux pilotes s'accordèrent une accolade amicale. Moi, je restais muette. 

Charles finit par me faire à nouveau face, un petit sourire sincère ayant pris place sur ses lèvres, malgré les paroles désespérées que je lui avais débitées tout au long de la soirée. Il prit mes mains entre les siennes et les approcha de son cœur. 

— Amaryllis, fais-moi une promesse. 

Je hochai doucement la tête, sans comprendre réellement l'intention de son geste. 

Mais, pendant quelques secondes, j'eus le sentiment de sauter d'un avion. 

— Sois libre, s'il te plaît. 

Je n'eus pas le temps de réagir. Il adressa un signe à son meilleur ami, et disparut dans l'ombre de l'ascenseur. 

Je pris une grande inspiration, les yeux papillonnant et peinant à s'ouvrir entièrement pendant un instant. 

Charles venait de me dire la phrase que j'avais attendu toute ma vie. 

Je relevai le regard vers Pierre, qui m'invita à entrer. Son dos heurta contre la porte lorsque celle-ci se referma, et je le vis incapable de tenir plus longtemps sur ses jambes. Il se laissa glisser, jusqu'à retomber assis sur le sol. 

Sans attendre, je m'agenouillai face à lui. Ses yeux témoignaient d'une détresse que je n'avais jamais connu. 

— C'est ton père, conclut-il, d'une voix murmurée et enrouée. J'aurais dû le comprendre avant, j'aurais dû... 

ANATHÈME ; Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant