Chapitre 5

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J'avais hâte de commencer cette première journée d'essais hivernaux. Mon rêve se concrétisait, je n'arrivais pas vraiment à y croire. 

Max était retourné à Monaco une semaine après son arrivée à Milton. J'aurais voulu passer du temps avec lui, le rejoindre à la principauté et m'entraîner à ses côtés, mais papa me l'avait interdit. Par conséquent, j'étais retournée à Amsterdam, comme je l'avais pressenti. 

Accompagnée de Martina, je passai la sécurité du circuit de Montmeló. Il faisait plutôt frais ce matin, c'est pourquoi j'étais couverte d'un manteau à l'effigie de mon écurie. A peine eus-je posé un pied dans le paddock qu'un journaliste se pressa pour arriver à ma hauteur. 

— Mademoiselle Verstappen ! Vous avez une minute ? demanda-t-il en anglais. 

Je hochai la tête, attachant mon sac à dos au niveau de mon buste. Il me tendit son micro, je ne tardai pas à le prendre. 

— Comment se passe votre intégration chez AlphaTauri ? 

— Tout va bien, les équipes sont formidables avec moi, confirmai-je avec un sourire. 

— Qu'est-ce qu'on peut attendre d'une femme au volant d'une Formule 1 ? 

— Vous pouvez attendre de moi ce que vous attendriez d'un homme, racontai-je. Il n'y a pas de différence, je suis formée comme eux. 

— Et avec votre frère, comment voyez-vous les choses ? Pensez-vous le battre ? 

Un petit rire s'échappa de mes lèvres. 

— Je vais me battre, en tout cas. Max est dans une des écuries reines, il est champion du monde, c'est mieux pour moi de garder les pieds sur Terre de ce point de vue-là. 

— Merci Amaryllis, au plaisir de vous revoir, il reprit son micro. 

— Merci à vous. 

Il disparut à l'autre bout du paddock. 

— Premier journaliste, première référence à ton genre, constata Martina. 

— C'est pas fini malheureusement. 

Nous finîmes par rejoindre l'hospitalité AlphaTauri, là où nous devions aller depuis le début. Franz était à l'intérieur, en train de discuter avec un des ingénieurs. J'étais certaine que, même à sept heures du matin, il allait être sur le pied de guerre. 

Il me salua visiblement enjoué par cette première journée. Je me permis de lui offrir une accolade, surtout pour lui montrer que, moi aussi, j'étais particulièrement heureuse. 

— Prête ? me lança-t-il simplement. 

— Plus que jamais ! répondis-je, ce qui lui valut un large sourire. 

A ces mots, je me dirigeai vers la loge qui m'était désignée, abandonnant Martina avec le directeur. 

Je remarquai que ma combinaison était déposée sur un porte-manteau, prêt du canapé. Bien que je la connaisse parfaitement, je pris un instant pour l'admirer, et prendre conscience que le nom et le numéro qui y étaient inscrit m'appartenaient. 

A. VERSTAPPEN, 97. 

Le numéro 97 était symbolique parce qu'il représentait l'année de naissance de mon grand frère. Aussi loin que je puisse me souvenir, j'avais toujours porté ce numéro. Il était, en un sens, ma marque de fabrique.

En réalité, je me voyais difficilement revêtir le numéro 2, surtout parce que ma propre date de naissance n'avait rien d'emblématique si ce n'était rappeler à tous les coureurs que j'étais née en 2002. Certes, ce n'était pas réellement un secret, mais beaucoup pensaient que j'avais dépassé la vingtaine et c'était mieux comme ça. Cette année néanmoins, Lando Norris n'allait plus être le petit jeune des écuries. 

ANATHÈME ; Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant