Je ne voulais pas laisser mon frère.
Depuis la nouvelle, il avait du mal à refaire surface.
Kelly était la première femme qu'il avait vraiment aimé et qu'il avait chéri. Lui le cœur de pierre, lui l'âme difficile ; il était tombé pour elle. Max avait toujours été enfermé dans son univers, avide de vitesse et d'adrénaline. Jamais il n'avait laissé une place à l'amour dans sa vie avant la brésilienne, parce qu'il estimait que personne ne le méritait vraiment, ou parce qu'il estimait qu'il n'en avait pas réellement besoin. En laissant entrer Kelly dans sa vie, il avait aussi accepter de s'occuper de sa fille. Pendant ces quelques années il avait endossé un rôle de père, alors qu'il était lui-même encore un gamin.
Des aventures et des relations sans lendemain, il avait dû en avoir, beaucoup. Il n'en parlait jamais, mais je le savais. Je n'étais pas dupe de ces choses-là.
Est-ce que ça l'avait rendu heureux ? Non, sûrement pas. A ses débuts en Formule 1 et, par conséquent, au début de sa célébrité, il s'était laissé aller dans la luxure.
Il avait des dizaines de femmes et d'hommes à ses pieds.
Avec Kelly, j'avais eu tendance à croire que cette partie de son existence s'était effacée et qu'aujourd'hui elle allait réapparaître comme par magie.
Cette nuit, au même titre que la nuit précédente, j'avais dormi avec lui. Il avait fixé le plafond, longtemps, pendant que je lui parlais de mythologie grecque. Les récits des divinités nous avaient toujours fascinés, ces récits qui vous poussaient hors du temps juste pour un instant.
Hier, Max n'avait pas daigné décrocher un mot et s'était cloisonné dans sa chambre d'hôtel pendant plusieurs heures. Papa pensait qu'il avait attrapé un vilain coup de froid et qu'il voulait se reposer. Evidemment, il n'avait jamais conscience de la souffrance de ses enfants, de notre souffrance.
Quand je pénétrai dans le jet privé de l'écurie, j'avais la boule au ventre, une certaine envie de vomir au fond de l'estomac. Mon père n'était pas là, par chance il avait une urgence à régler à Amsterdam.
— Installe-toi là, m'indiqua Graham en me désignant un siège.
Je hochai la tête et pris place là où il me l'avait demandé.
— Bonjour Verstappen girl, me lança-t-on en français.
Pierre Gasly venait de s'asseoir à côté de moi. J'étais toujours particulièrement honteuse de l'événement de l'avant-veille, mais lui semblait l'avoir oublié. Lui aussi devait avoir passé une mauvaise nuit, ses cheveux en bataille et les immenses cernes qui contournaient ses yeux en témoignaient.
— Bonjour Gasly, répondis-je dans la même langue.
Il jeta un œil à son téléphone et fronça légèrement du nez.
— J'ai des pauvres rumeurs qui fusent dans mon fil d'actualité depuis ce matin, m'expliqua-t-il. T'as vu ?
Je secouai légèrement la tête. Pourquoi me parlait-il de ça ? Qui plus est, je n'avais pas accès aux réseaux sociaux. Mais ça, il ne le savait pas. Il me montra son écran, affichant une publication récente d'un média international.
Kelly Piquet a annoncé sa rupture avec Max Verstappen. Selon nos informations, il aurait été violent envers elle et-
J'interrompis ma lecture en fermant les yeux.
Elle avait balancé des conneries aux médias. Max n'aurait jamais fait ça. Il n'aurait pas pleuré pendant des heures hier soir en étant le fautif de l'histoire. Il n'aurait pas envisagé de se marier avec elle s'il ne la croyait pas digne de lui. On le connaissait pour ses accès de colère, mais le feu qui brûlait dans ses veines ne se serait jamais déversé sur celle qu'il aimait.
VOUS LISEZ
ANATHÈME ; Pierre Gasly
FanfictionDans le feu qui brûlait ses veines, elle n'avait qu'un mot : la liberté. - Amaryllis Verstappen, au nom de toutes ces femmes qui, dans le monde, ne sont pas libres de leurs choix.