Chapitre 17

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TW : Ce chapitre peut être compliqué à lire, les paroles difficiles à encaisser. Si vous y êtes sensibles, je vous invite à faire attention lors de votre lecture. <3

— Tu vas crever. 

Dans le circuit, le silence régnait. Au bas du podium, une bouteille de Champagne vidée avait éclaté près des barrières de sécurité. Christian avait tenté de me protéger des débris, en m'attirant contre lui. Je l'avais senti se crisper, face à cette atmosphère qui ne faisait que s'alourdir. 

— Qu'est-ce qu'il lui prend ? maugréa-t-il. 

Max se tenait là, la combinaison trempée par l'alcool. Il était debout devant mon père, une rage indescriptible calquée sur le visage. 

Jamais je n'aurais pensé qu'il aurait osé. 

Mais j'aurais dû comprendre à l'instant où je l'avais vu descendre à grandes gorgées la moitié du vin mousseux destiné à asperger ses camarades. 

Il n'était certainement pas dans son état normal, bouffé par la haine, les effluves d'alcool et les anxiolytiques. Il ne regardait pas autour de lui, parce qu'il n'y avait sûrement plus personne autour de lui, seulement mon père et ses atrocités commises ; il n'y avait plus que cet enfant qui cherchait la justice. Aujourd'hui, Max n'avait pas trouvé d'autre moyen que de faire justice lui-même. Et bien qu'il courait le risque d'être renié par la Terre entière, il ne s'arrêterait pas. 

Les battements de mon cœur s'accéléraient à la vue de l'expression de son visage, reflet arbitraire du dégoût qu'il éprouvait pour son père. 

Il empoigna violemment le haut de la barrière et les tremblements de celle-ci déstabilisèrent les membres des écuries qui s'y étaient accoudés. Pourtant, personne n'osait bouger. 

— Si t'as les couilles de le faire, tu passes cette barrière, rugit-il. 

— Mon fils, qu'est-ce qu'il te- 

Il lui assena un coup de poing. 

Je remontai mes mains au niveau de mon visage, avec cette impression de vivre le plus libérateur des cauchemars. Max n'était pas comme lui, Max n'était pas une personne violente, mais Max avait cette haine en lui qu'il devait déverser, et s'il frappait papa c'était pour se venger de toutes les fois où lui m'avait frappé, pas pour le plaisir de le voir souffrir. 

Max n'était pas un tyran. 

Max était l'enfant du tyran. 

— Passe cette putain de barrière. 

Je tentai de m'accrocher à Christian. Les larmes roulaient le long de mes joues, sans que je ne puisse les contrôler. Je voulais lui expliquer, mais j'étais paralysée. En réalité, il n'essayait pas de comprendre, juste de me protéger. 

Les caméras étaient braquées sur cette altercation à laquelle personne n'osait réagir, pas même la sécurité. J'en venais à penser que Max avait préparé son coup pendant ces quelques jours suivants mes révélations. 

Jos finit par escalader la barrière, à la merci de la demande de son fils. Il se tenait la joue, sonné par le coup qui venait de lui être donné. Le blond attrapa son poignet, le forçant à retirer la main de sa joue, comme pour l'empêcher de contrôler la douleur. Lui aussi devait supporter ; il n'existait aucun traitement de faveur. 

— Maintenant tu avoues. 

— De quoi tu parles ? marmonna-t-il. 

— Je veux que tu avoues tout ce que tu m'as fait et tout ce que tu lui as fait, dit-il, le discours haché et les dents serrées. 

ANATHÈME ; Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant