La demeure de mon frère ne m'avait jamais paru aussi paisible. Elle donnait sur l'un des ports de la principauté, Fontvieille, offrant une vue imprenable sur la mer. Il faisait beau et la température était plutôt agréable. J'avais revêtu une petite robe blanche ; mes mocassins étaient toujours les mêmes.
Accrochée à ma petite valise, je regardais le paysage qui se tenait devant moi.
— Tu vois pourquoi j'aime Monaco, intervint mon frère, me sortant de mes pensées.
Je laissai ma valise dans un coin et vins m'asseoir à ses côtés, sur le canapé. Je levai un sourcil, croisant les bras au niveau de ma poitrine.
— Je suis pas certaine que tu sois là uniquement pour la beauté du paysage. A d'autres Max, répondis-je.
Il pouffa légèrement et secoua la tête, avant de se décaler. Mon frère passa son bras autour de mes épaules. A son tour, il se mit à observer la grandeur qui s'étendait sur la Méditerranée.
— J'ai un rêve depuis si longtemps Max, lâchai-je. Mais ce rêve a un peu changé, en fait.
Je pris une grande inspiration.
— Je rêve depuis si longtemps de me baigner dans la mer.
— Et pourquoi est-ce qu'il a changé ? demanda-t-il.
— Aujourd'hui, j'ai envie de le faire avec Pierre.
Je tournai mon attention vers lui. Il avait un petit sourire en coin, sa cheville gauche installée sur sa cuisse droite.
— Il m'a dit qu'il m'aimait à Barcelone, avouai-je.
— Et toi mon cœur, est-ce que tu l'aimes ?
— J'ai peur de pas savoir comment l'aimer Max.
Il marqua une pause et sembla réfléchir un instant.
— Avec Charles, on a mis des années à s'aimer correctement tu sais. Au début, on était des gamins, alors on savait pas comment gérer. Ensuite, on a grandi et on a commencé à coucher ensemble et à en abuser un peu trop. Quelques fois on a tenté de s'éloigner, et je me mettais à coucher avec d'autres personnes, en recherchant ce que lui me faisait ressentir. Je me suis rendu compte, un peu tard, que je n'y arriverais jamais parce qu'avec lui, c'était différent, narra-t-il. Est-ce qu'avec Pierre, c'est différent ?
Un blanc s'installa, alors que les pensées fusaient dans ma tête.
— Tu as déjà eu quelqu'un avant lui ?
Je déglutis et passai ma main sur mon visage.
— Oui, Clément Novalak.
Une bombe à la mer.
Clément Novalak, peut-être avais-je un problème avec les Français. Néanmoins, je ne pensais pas avoir entretenu une histoire d'amour avec lui. Il me détestait, parce que j'étais toujours en haut de la grille et lui, tout en bas. Il me détestait, moi aussi. Mais éternellement je tombais dans ses bras, et lui aussi.
Je ne voulais en aucun cas d'une relation amoureuse. Je ne voulais pas m'engager avec un homme, alors que mon père était là, à mes trousses. Je ne voulais pas de Clément, c'était un garçon arrogant, aigri par ses difficultés sur la piste. Cependant, dès qu'il s'éloignait, il me manquait. J'aurais tout donné pour ses yeux. Lui et moi avions une connexion réelle, mais des cœurs incompatibles ; fatalité risible.
Avec Pierre, tout était différent. Il n'y avait dans son regard aucune once de jalousie, et dans ses baisers pas l'ombre d'une rivalité viscérale et partagée.
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ANATHÈME ; Pierre Gasly
FanfictionDans le feu qui brûlait ses veines, elle n'avait qu'un mot : la liberté. - Amaryllis Verstappen, au nom de toutes ces femmes qui, dans le monde, ne sont pas libres de leurs choix.