Chapitre 21

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Je dors sur des roses qui signent ma croix, la douleur s'impose, mais je n'ose pas manquer de toi. - Mikelangelo Loconte 


TW : enterrement.

Le cercueil disparut, parmi la terre, parmi la pierre, emportant avec lui ces souvenirs amers. 

La nuit tombait sur le cimetière de Zorgvlied. C'était une habitude que la communauté avait, enterrer ses membres au lever de la lune. 

A l'écart, je regardais ces visages connus pleurer le départ de mon père. Moi, je ne savais pas pourquoi les larmes dévalaient mes joues comme le plus infâme des pêchés. 

Il y avait cette culpabilité qui me rongeait, de pleurer pour le monstre de mon existence. Il y avait cette culpabilité qui me répétait que j'avais promis, mainte fois, que je ne pleurerais pas pour lui. Mais j'avais si mal, sans savoir pourquoi, comme si mon cœur et ses artères avaient été arrachées à vif, sans pudeur. 

Même du fond de son tombeau, il parvenait à entretenir mes maux. 

La rose rouge laissée par ma génitrice me fit l'effet d'un coup de poignard. Le rouge est la couleur de l'amour, et je ne comprendrais jamais l'obstination de ma mère à croire qu'un jour il avait eu l'audace de l'aimer. Je m'assis sur les cailloux, derrière ce muret qui m'empêchait presque de voir la scène. 

Son absence était lourde à supporter, autant que sa présence.

Je restai un moment à tenter d'encaisser ce qu'il venait de se passer. Pierre m'attendait à l'extérieur, et je ne voulais pas défaillir à nouveau devant lui. 

Je m'échappai ensuite par la seconde sortie du cimetière. Je poussai un lourd soupir de soulagement, avant de rejoindre la voiture de Pierre qui était garée un peu plus loin. Adossé au véhicule, il discutait avec un homme caché sous une capuche. Je me stoppais immédiatement lorsque ce dernier se retourna vers moi. 

Fin du TW : enterrement.

Max était venu. 

J'étais certaine qu'il m'en voulait. Néanmoins, quand il m'ouvrit ses bras, je compris que ce n'était pas le cas. Je m'y réfugiai et inspirai profondément en sentant son étreinte se resserrer. Il frottait mon dos d'une manière rassurante.

— Je suis désolée Emilian, exprimai-je en néerlandais. Je sais que je devrais pas être là, reconnus-je. 

— Tout ce que tu ressens est légitime Ama, même si t'as l'impression que ça ne l'est pas, me réconforta-t-il. Ce qui te différencie de lui, c'est ton humanité. 

Il déposa ses lèvres sur ma tempe. 

— Je pense que je le dis pas assez Max, mais je t'aime. 

— Moi aussi je t'aime chouchou, pour toujours. 

Je me détachai de ses bras et serrai quelques instants ses mains dans les miennes. Je finis par me concentrer sur Pierre, qui était ému par la conversation, malgré le fait qu'il n'en ait compris que peu de mots. Je glissai mes mains sur ses joues et lui offris un baiser. 

ANATHÈME ; Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant