Chapitre sous le point de vue de Charles
La victoire avait été bien arrosée chez Ferrari. A vrai dire, je ne savais pas si j'étais bien remis de mes émotions et des effluves d'alcool qui me faisaient tourner la tête, c'est pourquoi je passai la porte de l'appartement avec une difficulté certaine.
Je ne saurais exprimer cette antithèse amère que je ressentais dans le fond de mon cœur. D'un côté, j'étais profondément soulagé d'avoir remporté Monaco face à tous ces gens qui avaient cessé de croire en moi quelques minutes avant. Je l'avais remporté pour ces trois hommes qui avaient comblé ma vie, mais j'étais à nouveau accablé par les souvenirs.
La fatalité m'avait poussé à m'oublier.
A partir du moment où mes lèvres étaient entrées en contact avec le goulot de la bouteille de vin mousseux, je n'avais cessé de boire pour la soirée. L'alcool a cette magie de mélanger vos pensées, de vous donner l'illusion que vous allez bien. Vos pieds touchent le sol, la musique est forte. Vous allez bien, mais votre cœur s'émiette.
J'avais appelé Max mainte fois dans la soirée. Je lui avais laissé des messages vocaux, puis la lucidité m'avait abandonné.
La tête dans la poussière, je n'écoutais que cette mélodie à l'allure funéraire. Le liquide qui brûlait ma gorge me donnait envie de tout foutre en l'air. Je n'étais pas champion du monde, mais j'étais champion de Monaco. Dans les yeux de ceux qui me regardaient depuis les cieux, il n'y avait rien de plus beau.
Monaco est splendide.
J'aime les hommes, alors mon destin peut-être semble sordide.
Qu'est-ce être monégasque lorsque le Prince ne fait autre chose, si ce n'est vous haïr ?
Je me contre-fous de ces gens qui me détestent à cause de ma sexualité, néanmoins ma patrie était aussi celle qui me donnait la rage de vivre.
L'intérieur de l'appartement était silencieux, abandonné, je pensais, de toute présence humaine.
Mais quand j'avançai vers la chambre, je pus apercevoir de la lumière et me rendre compte que, finalement, je n'étais pas seul.
Et qu'il avait toujours été là.
Je défaillis.
Il y avait du papier étalé sur toute la largeur de la chambre, des insultes par centaines qui le menaçaient, et des photos que je ne distinguais plus.
Il était là, la flamme du briquet faisant briller ses yeux d'une lueur lugubre, une lueur que je n'avais jamais vu.
Il y avait les médicaments qui s'écrasaient dans sa main. Les battements de mon cœur s'accéléraient à la seule pensée qu'il avait pu les avaler.
Je m'écroulai à genou, près de lui. En un temps record, mon alcoolémie avait passé la barre des négatifs. Je lui pris le briquet des mains et retirai mon sweat en constatant qu'il tremblait, même si moi aussi. Je collai maladroitement mes mains sur ses joues et les larmes, de plus bel, s'étaient remises à dévaler sur mon visage.
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ANATHÈME ; Pierre Gasly
FanfictionDans le feu qui brûlait ses veines, elle n'avait qu'un mot : la liberté. - Amaryllis Verstappen, au nom de toutes ces femmes qui, dans le monde, ne sont pas libres de leurs choix.