Chapitre 10

1.8K 110 82
                                    

Profitant de l'inattention du blond, je me mis à détailler sa tenue. Il était habillé tout en blanc et se chemise était déboutonnée sur les trois premiers rangs, laissant découvrir les prémices de son torse. Soudainement, je ne pensai plus qu'à ce contact qu'il avait créé entre nous. 

— Je vais danser moi ! s'exclama le monégasque en se levant. 

Charles s'était éloigné de la table, éméché. Je ne pensais pas qu'il avait bu autant, et je me demandais même s'il s'amusait, ou si simplement il usait de l'alcool pour oublier sa peine comme je le faisais. La souffrance peut amener à se rattacher à quelque chose, une substance, un travail, une personne, parfois de manière nocive, mais je ne pouvais pas culpabiliser Charles d'éponger sa détresse. 

Il était extrêmement courageux. 

J'espérais avoir la possibilité de parler avec lui, un jour, dans un contexte différent. 

Pierre avait sorti son téléphone et s'était mis à pianoter dessus, l'air concentré. J'avais mes yeux fixés sur lui, sans retenue aucune. Lorsqu'il releva ses pupilles, je ne pris même pas la peine de faire semblant.  

J'humectai mes lèvres. Son regard était toujours le même, irrésistible. Mais ce soir, avec l'alcool qui s'était infiltré dans mes veines, il l'était encore plus. 

— Danse avec moi, mimai-je.

J'avais parlé doucement, à dessein. Il se leva et s'installa à la place initiale de Charles, frôlant ma cuisse avec la sienne. 

— Qu'est-ce que tu disais ?

— Danse avec moi, dis-je une nouvelle fois.

Il me regardait, ses yeux légèrement baissés sur mes lèvres. 

— Je ne sais pas si-

Il sembla réfléchir à la situation, se demander si c'était une bonne chose, peut-être, ou alors il n'y avait rien derrière ce regard, si ce n'était le vide et la douceur de l'ivresse.

J'avais le cœur qui battait, l'envie impossible de me jeter sur ses lèvres.

— Avec plaisir, souffla-t-il.

Il m'entraîna avec lui au milieu du cercle. Je souris, alors que la musique semblait battre toujours plus fort dans la pièce. Nous commençâmes à danser, d'abord éloignés, cependant nos corps ne mirent pas longtemps à se rapprocher et à se coller complètement.

Je ne savais pas bien ce que je faisais et je m'en fichais. 

Corps à corps avec Gasly, le feu brûlait à l'intérieur. Mais aujourd'hui, le feu ne faisait pas mal, il était terriblement agréable. La poitrine écrasée contre son torse, je peinai à contrôler ce désir qui, malgré moi, s'élevait à une vitesse incommensurable. Je m'enivrais de son parfum, et du goût mentholé qui s'échappait de ses lèvres.

Je sentis les mains du blond glisser sur mes hanches, comme s'il n'y avait personne dans la salle, comme si mon frère ne pouvait pas nous voir.

Comme si mon frère ne pouvait pas nous voir.

— Pierre, murmurai-je.

— C'est moi, répondit-il d'une voix lascive.

Et puis merde.

Je me jetai sur ses lèvres.

Nos bouches entrèrent en contact et le jeune français me tira directement hors de l'assemblée, loin de tous les regards indiscrets. J'avais cette crainte immense qu'il me repousse, et d'avoir l'air d'une conne, mais il m'embrassa à son tour, beaucoup plus intensément que je ne l'avais fait. Je m'abandonnai à sa bouche, les mains perdues sous sa chemise en toile blanche. 

ANATHÈME ; Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant