Je travaillais tranquillement sur une réécriture de NBA (plus d'infos sur ça bientôt) lorsque j'ai réalisé que je n'avais jamais écrit la scène où Lucas apprends que Luc est amoureux de lui. Je ne sais pas comment j'ai fait pour louper ça. Vous avez dû être perdus, mes pauvres. Donc, eh bien, c'est l'heure du flashback.
Attention, ce chapitre peut être dérangeant pour les âmes les plus sensibles. Il est du point de vue de Luc peu après sa sortie d'hôpital ; nous abordons l'esprit d'un dépressif.
Ça devrait pas être gênant, de parler à son meilleur pote. C'est même vachement antithétique. C'est censé être la personne avec qui il n'y a pas de moment gênant.
Je ne sais pas comment notre relation a viré à 180° comme ça.
Je suppose que mon suicide raté y est pour un truc, mais j'voudrais pas m'avancer. Sauf si c'est du haut d'un immeuble. Ahah. Blague de dépressif. Trop drôle.
Bref.
J'ai vraiment cherché toutes les excuses possibles et inimaginables, mais j'ai quand même pas trouvé de bonnes raisons de ne pas sortir avec l'autre con. L'autre con étant Lucas, et sortir étant littéral. Malheureusement, diraient certains. Certains étant moi du passé.
Sans déconner, c'est une sensation super bizarre. Se dire, « wow, pendant des années tu voulais lui rouler une pelle, et maintenant t'as juste envie qu'un avion s'écrase soudainement sur toi (plus que d'habitude) dès que tu le vois ». Le gars qui me traitait au Vinatier a vu toute l'évolution de mes sentiments pour lui, il devait se sentir devant Plus belle la vie ou une connerie du genre.
C'est vrai en même temps. Au début, je pensais qu'à lui. Blabla, sortez les violons, j'ai l'air con quand je dis ça.
Mais c'est vrai.
C'est dur, sérieusement, d'être enfermé sans pouvoir voir personne de l'extérieur. C'était pas rare d'entendre les autres résidents pleurer leurs mères quand l'heure de se coucher arrivait. Un désespoir viscéral du « j'en peux plus ». J'en peux plus des entretiens, j'en peux plus des médicaments, j'en peux plus des murs blancs à en crever, j'en peux plus des questions sur mon état, j'en peux plus des mêmes rituels sans sens. Je reveux mon ancienne vie de gamin où tout allait bien et ma mère me bordait avant d'aller me coucher.
C'était le sentiment général, la nuit. Le jour, c'était une autre histoire. J'ai pas envie de parler des jours. Les jours étaient, à leur façon, pires que les nuits.
Donc ouais. J'ai pas pleuré, personnellement. De tout mon séjour. J'ai pas pleuré ma mère, j'ai certainement pas pleuré mon père, j'ai pas pleuré Lucas.
Mais je pensais qu'à lui. A me dire que bientôt, je serai dehors pour faire des conneries avec lui. Comme avant.
Et pis j'ai réalisé que j'allai pas sortir de sitôt.
Et pis j'ai réalisé qu'on me laisserait plus faire des conneries
Et pis j'ai réalisé que ce serait jamais comme avant avec lui.
Et pis j'ai réalisé que ça serait mieux si je l'oubliais juste. Le dégager de ma vie. Le laisser tranquille sans moi, et me sevrer d'un truc qui de toute façon ne m'était pas accessible.
Gagnant-gagnant. Un truc du genre.
Et qu'est-ce qu'on fait quand on veut oublier un truc et se vider la tête facilement ?
Bravo, on se masturbe.
Bon, ça me la mettait un peu mal de le faire là-bas, parce que ça faisait vraiment désespéré. Donc j'ai trouvé un gars lambda qui avait vaguement la même corpulence que l'autre con (l'autre con étant toujours Lucas), et dès qu'il avait le malheur de se détourner de moi, boum, j'appliquais un filtre incroyable grâce à mon cerveau et je l'imaginais à sa place. Et je m'entrainais à être normal avec lui.

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Notre Bordel d'Amour
RomanceJe ne dis pas que notre histoire d'amour était de base vouée à l'échec. Je dis juste que, si j'avais mis en marche trois neurones, j'aurais un minimum repéré le plan foireux à notre sujet. Je veux dire, vous en connaissez beaucoup, vous, des ados e...