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it's pride month bitches

(ok on est le deux juillet mais j'ai retrouvé ce vieil épilogue en rangeant mes doc word donc faisons comme si

attention, cringe)


Lucas

« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » est une fin horrible, je trouve.

Je ne dis pas ça pour les personnages concernés- grand bien leur fasse s'ils sont effectivement heureux et si les susdits enfants étaient désirés. Je parle de l'effet sur le lecteur.

Quand je lisais des scénarios destinés à de jeunes prépubères ne connaissant encore rien du monde, je rencontrais souvent les mêmes motifs. Et à force de les voir revenir, j'en déduisais qu'il s'agissait de vérités générales. Le parfait mode d'emploi pour atteindre l'ataraxie, pour surpasser les épreuves, atteindre son ou ses objectifs.

Si j'avais dû le résumer, ce mode d'emploi mensonger, j'aurais sûrement obtenu quelque chose dans les lignes de :

- Trouver une jolie fille solitaire que personne n'aime parce qu'elle porte des lunettes

- Découvrir qu'elle peut enlever ses lunettes

- Tomber amoureux

- La courtiser au cinéma ou au restaurant

- « Je t'aime », « moi aussi »

- Bisou (souvent avec la langue)

- Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfant.

C'était trop bien, pour Lucas du passé. Se dire que si on arrivait à ne pas trop s'éloigner de la to-do-list universelle, alors le bonheur nous était assuré jusqu'à notre tombe. Qu'on n'aurait plus aucun souci après.

J'ai à présent vingt ans, et je suis plutôt loin d'avoir réussi à faire tout ça.

Enfin, j'ai réussi quelques étapes. Trois, en fait. Mais pas dans le bon sens. Donc ça ne compte pas. Et, vue comme c'est parti, il y a des risques pour que la conclusion ne soit juste pas biologiquement réalisable.

Ahah. Blague de fesses. Des barres.

En raison de ce déroulement chaotique donc, de tout ce bordel de romance inutilement compliqué et résultant sûrement d'un rêve fiévreux non assumé d'un écrivain raté, mon petit cerveau avait eu la certitude suivante : ça allait être galère.

Vraiment galère.

Je me voyais déjà avoir des longues discussions compliquées entre partenaires pour définir notre relation, qui se résumerait finalement à des sex-friends, ou même à devoir changer du jour au lendemain de personnalité pour sortir des déclarations sortant de La Princesse de Clèves et tomber dans le piège capitaliste de la Saint-Valentin.

Et étonnement, rien de tout cela n'est arrivé.

Non pas que nous vivions dans un Disney où le malheur n'existait pas, mais, ma foi, je trouvais qu'on avait, pour prendre les mots de la bouche de ma moitié, « assez géré ».

Si nous avions tous deux une façon différente d'exprimer nos ressentis, nous avions surtout réussit à nous en accommoder sans la reprocher à l'autre. Le résultat était parfois chaotique, avec une relation assez déroutante pour le regard extérieur par son manque de logique ; mais depuis quand nos rapports étaient-ils régis par la cohérence ?

Ce fut donc dans cet état d'esprit et suivant cette logique que, alors que je fermais la porte de l'appart de Luc derrière moi, je ne fus nullement dérangé du manque de réaction du concerné. Je ne voyais que ses pieds dépasser d'un côté du canapé et ses bras pendants de l'autre, mais je savais (par expérience) qu'il était impossible de dormir à l'aise dessus. Il devait simplement être happé par le film jouant sur la TV en face.

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